Jusqu'au bout du monde - de Viggo Mortensen - Critique

Jusqu'au bout du monde - de Viggo Mortensen - Critique

     Quelques années après son premier film derrière la caméra, Viggo Mortensen revient avec un western très classique qui lorgne sur les récents films de Clint Eastwood. Si j'avais plutôt apprécié Falling, j'ai eu bien du mal à trouver Jusqu'au bout du monde convaincant. L'acteur-réalisateur ne fait ni dans l'originalité, ni vraiment dans l'authentique. Pire même : je suis ressorti du film en me demandant ce qu'il racontait, au fond. S'il s'agit de romance, on peine à y croire tant c'est lisse... S'il s'agit de western et de quête vengeresse, c'est terriblement cliché et mou. Je vous déconseille de vous infliger ces 2 heures que vous aurez l'impression d'avoir déjà vues cent fois ailleurs.

 

Jusqu'au bout du monde - de Viggo Mortensen - Critique

      Les décors, comme le scénario, ou même les personnages, sont mous et lisses. Le pire réside sans doute dans la musique qui n'a aucune âme et qu'on a l'impression d'avoir déjà entendue dans n'importe quel autre western romantique. Elle ne sert à rien du tout. Les clichés s'accumulent puisque l'histoire se passe dans une ville gérée par un maire corrompu ; c'est une famille exécrable qui en tient véritablement les rênes. On connait la chanson... On a affaire au grand salaud classique, violent et violeur, ce qui rend l'intrigue extrêmement lassante puisqu'on comprend un peu tout à l'avance. Bien évidemment, Viggo Mortensen s'attribue le joli rôle (comme dans son précédent film Falling), ce que je trouve assez enfantin et bête. Son personnage est un homme charmant, aimant, calme et honnête, fier de ses idées... On lui pardonnerait presque d'abandonner la femme qu'il vient de rencontrer puisque c'est son sens de l'honneur, son dévouement pour un pays qui n'est pas vraiment le sien (à quoi sert le fait qu'il soit d'origine danoise ? A rien...), qui le fait partir. 

 

     Le problème, c'est que Viggo Mortensen n'a rien à raconter et rien à filmer, il le montre même explicitement à plusieurs moments. Je pense, à titre d'exemple, à une scène lors de laquelle Vivienne lit la lettre d'Olsen qu'elle vient de recevoir : la caméra s'éloigne de Vicky Krieps pour la placer hors champ, puis s'approche d'une fenêtre. J'ai cru que ce mouvement de caméra serait justifié par un événement à l'extérieur de la maison, mais non. Le plan se coupe et on passe à autre chose. En un seul plan, on nous montre donc qu'on se fout de la réaction et l'émotion de Vivienne (puisqu'on met le personnage hors champ), et que la caméra se détourne pour filmer... rien. Car il n'y a rien à filmer. C'est désastreux.

 

Jusqu'au bout du monde - de Viggo Mortensen - Critique

     Et puis, n'allez pas voir Jusqu'au bout du monde en espérant rire un peu car le film est totalement dépourvu d'humour en plus d'être manichéen : vous suivrez juste les déboires d'une jeune femme irréprochable dans un monde impitoyable. Les méchants sont très méchants, les gentils sont très gentils, il n'y aura aucune nuance. Le seul point véritablement intéressant du film (outre le montage qui nous présente trois timelines différentes) est de faire du personnage principal une femme forte et indépendante, qui souhaite vivre comme elle l'a décidé. Malheureusement, ce ne sera qu'un peu de poudre aux yeux pour le spectateur puisque Vivienne cède très rapidement à la condition qu'Olsen lui impose égoïstement. Vivienne est donc globalement un personnage sans réel intérêt, dont la mort survient comme un cheveu sur la soupe (ce n'est pas un spoil : on nous l'annonce dès la première scène). Tout ceci n'est qu'un prétexte pour que Viggo puisse avoir le beau rôle et sauver l'honneur de sa dulcinée et bla bla bla. Que c'est rasoir !

 

     En plus, je n'ai jamais cru à cette histoire d'amour puisque les deux protagonistes ont peu de scènes ensemble, et celles-ci ne justifient pas vraiment tout ce romantisme déballé pendant plus de deux heures. D'ailleurs, aucune des relations présentées dans le film n'est développée : ni celle du père et du fils Jeffries, ni le lien que Vivienne et Olsen ont avec leur gamin mutique, qui aurait pourtant pu amener des scènes touchantes. Bref, Jusqu'au bout du monde m'a énormément déçu, je ne m'attendais pas à m'ennuyer à ce point devant ce que j'espérais être un western original et puissant. 

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article