The Nice Guys - de Shane Black - Critique

      The Nice Guys est une comédie très efficace sortie en 2016 que je vous conseille de voir pour passer une agréable soirée. Sans mauvais goût, le film est parfaitement bien écrit et tient la route pendant (presque) deux heures assez folles. Ce n'est pas étonnant lorsqu'on regarde la carrière de Shane Black, davantage scénariste que réalisateur à la base. En effet, Black a écrit les scénarios de plusieurs buddy movies devenus cultes, tels que L'arme fatale, Le Dernier Samaritain ou Last Action Hero. Chacun de ces films utilise la même recette : un duo de personnages radicalement différents qui se complètent à merveille. En général, l'un est sérieux voire premier degré, et l'autre est plus fou, ce qui crée un décalage assez savoureux.

      Avec The Nice Guys, qu'il scénarise et réalise, Shane Black reprend donc cette recette miracle et nous sort une comédie loufoque qui n'est pas sans rappeler l'univers des frères Coen. Difficile, en effet, de ne pas repenser à la manière donc Ethan et Joel Coen avaient utilisé Brad Pitt à contre-emploi dans Burn After Reading lorsqu'on regarde le personnage campé par Ryan Gosling dans The Nice Guys. Le parallèle est assez flagrant si on s'intéresse à la carrière de Brad Pitt : si on occulte la saga des Ocean's qui a commencé à le montrer sous un angle plus léger et humoristique, il faudra attendre 2008 et le film des Coen pour que le potentiel comique de l'acteur soit enfin assimilé par tout le monde. Dans The Nice Guys, il se produit le même phénomène avec Ryan Gosling. Si on pouvait déjà constater sa fibre comique lors d'interviews ou de shows télévisés, il n'a pas eu beaucoup d'occasions de la révéler sur grand écran avant ce film de Shane Black en 2016, dans lequel il se lâche complètement. Il est toujours jouissif de voir un acteur briller et montrer des talents qu'on ignorait jusqu'alors, comme lorsque Bruce Willis s'est révélé exceptionnel dans les drames psychologiques de Shyamalan, ou encore George Clooney dans des comédies loufoques telles que O'Brother (encore les frères Coen).

     Bref, tout ça pour dire que The Nice Guys révèle un côté décalé et loufoque de Ryan Gosling, qui prouve alors que son jeu d'acteur parcourt un large éventail. Il n'est pas seulement capable de jouer des types au sang-froid inaltérable. Ici, il s'avère délirant, toujours juste dans l'absurde et la connerie. Pour lui donner la réplique tout en conservant ce décalage qui fait la réussite des scénarios de Shane Black, Russell Crowe s'amuse un peu moins mais il fait exactement ce qu'il faut pour que la magie de la comédie opère. Le film, s'il tombe souvent dans des choses déjà vues en terme de dialogues et de situations, est plutôt solide en terme d'intrigue.

     Il serait exagéré de dire que The Nice Guys est révolutionnaire et subversif car ce n'est absolument pas le cas. On est vraiment dans un buddy movie tout ce qu'il y a de plus classique, avec des situations étranges ou des personnages timbrés, des détectives ou des tueurs à gages incompétents et un peu cons sur les bords, mais il est diablement efficace. Il se démarque des comédies du genre par son intrigue qui nous emmène souvent là où on ne l'attend pas, avec quelques séquences ou révélations qu'il est difficile de voir venir. Sans trop spoiler, je dois bien dire que certaines scènes m'ont décroché la mâchoire par leur soudaineté : Shane Black ose des retournements scénaristiques qui nous maintiennent constamment dans la surprise.

     Je vous conseille donc The Nice Guys si vous souhaitez rire un peu tout en découvrant une histoire parfaitement tenue de A à Z. Vous avez peu de chance d'être déçus.