Réalisateur au style très reconnaissable pour son côté extrême, ses montages frénétiques, ses thématiques qui dérangent, Darren Aronofsky est fascinant. Même si l'ensemble de sa filmographie est assez inégal, j'ai toujours adoré son travail et je suis le premier à me diriger vers les salles obscures lorsqu'il décide de sortir un nouveau film, ce qui n'est pas si fréquent. En effet, il n'a réalisé que 8 films en plus de 25 ans et la plupart sont reconnus et appréciés de la plupart des cinéphiles.
Il faut dire que Darren Aronofsky a su, en deux films seulement (Pi en 1998 puis Requiem for a dream en 2000), imposer son style unique et marquer toute une génération. Aujourd'hui encore, le visionnage de Requiem for a dream est considéré comme une sorte d'étape à franchir. Le cinéma d'Aronofsky fait mal, car son thème de prédilection est l'addiction et qu'il la filme généralement sans douceur. Certains diront même que le cinéma de l'auteur est lourd et parfois grossier (cf les critiques lors de la sortie de The Whale), mais c'est à mon goût ce côté extrême et évident qui en fait un cinéaste intéressant. Il ne faut pas compter sur le réalisateur pour nous ménager, en effet, car voir un film d'Aronofsky est souvent synonyme de moment désagréable, mais étonnamment génial.
Son style est viscéral, agressif, capable de rendre malade un spectateur non averti à l'aide d'un montage exécuté à la perfection (enchaînements et répétitions d'images qui traduisent la folie ou l'addiction, split-screens...). Aronofsky aime s'attarder sur des blessures ou des plaies en gros plans extrêmes, celles-ci sont généralement triturées, amochées, ce qui donne des scènes angoissantes et profondément incommodantes à regarder. Il n'est pas rare d'avoir envie de détourner les yeux car Aronofsky ne nous épargne pas, il nous force la main, comme lorsque Natalie Portman sort un bout de verre de son ventre (Black Swan), que Jared Leto pénètre de grosses aiguilles dans un bras pourrissant (Requiem for a dream), ou que divers objets sont enfoncés pendant de longues secondes dans un cerveau à vif (Pi). Ce sont de véritables expériences qui s'oublient difficilement.
J'ai choisi de dresser un petit top de ses films afin de revenir sur la carrière de Darren Aronofsky, et je commence cette fois-ci par la dernière place.
9 - Fortune Cookie
Ce court-métrage de mauvaise qualité, premier film d'Aronofsky sorti en 1991, n'est qu'un coup d'essai assez amateur devant lequel on s'ennuie ferme. Les acteurs surjouent de manière insupportable, mais Fortune Cookie montrait déjà un peu ce qu'allait devenir le cinéma du réalisateur. On retrouve quelques gimmicks, comme le montage parfois rapide ou le thème de l'addiction (ici, le personnage est accro à des messages de fortune cookies). Le film traîne sur Youtube mais il n'est pas indispensable de le voir...
8 - Noé
Je n'ai pas bien compris le délire de ce film ni le projet d'Aronofsky. J'ai vu Noé en salles en 2014 et le film m'a beaucoup déçu. Certes, le cinéaste ne cache pas de forts symbolismes religieux dans son cinéma (Mother! en est un exemple frappant), mais Noé peine à convaincre et à passionner. A l'aide de lourds effets spéciaux auxquels il ne nous avait pas habitués, mais aussi de très belles images (on ne va pas cracher non plus sur cette photographie magnifique), le film s'en sort surtout grâce à son casting. Russell Crowe est convaincant, tout comme Jennifer Connelly (qui lui vole à mon goût la vedette) et Emma Watson. A part ça, le scénario est relativement banal et j'aurais pu me passer aisément de ce film.
7 - Pi
Certains vouent un véritable culte à ce film, pour ma part je le trouve extrêmement mineur dans sa filmographie. Alors oui, Aronofsky explore la folie de manière expérimentale, il fait mumuse en triturant des cerveaux, mais le grain de l'image (volontairement dégueulasse), et les contrastes, en font un objet assez laborieux sur la forme. Le traitement de l'image torturée permet tout de même de rentrer facilement dans le cerveau taré du personnage, et le côté un peu paranoïaque est plutôt amusant à suivre, mais le déroulement des événements est très flou et obscur, si bien qu'on ne sait pas très bien ce que ça veut raconter ni où ça veut aller. J'étais pourtant passionné par les dialogues intéressants, liés de près ou de loin au monde mathématique, intrigué par les personnages admirablement interprétés, et le sourire aux lèvres devant les scènes de migraines et de prises de médocs qui ont inspiré Requiem for a Dream, mais le scénario et l'évolution des événements (pas toujours très claire) m'ont déçu. Aronofsky veut nous embarquer dans le labyrinthe du cerveau de son personnage mais nous y perd avec lui.
6 - The fountain
The Fountain fait partie de ces films que j'ai vus il y a très longtemps et pour lesquels j'aurais envie de donner une nouvelle chance. J'avais adoré ce côté extrêmement ambitieux qui en met plein les yeux : cette fresque qui suit trois personnages sur plusieurs siècles est impressionnante. Je me souviens pourtant avoir tiqué sur l'image du film, que j'avais trouvée extrêmement lisse et lourde en lumières. The Fountain cherche parfois à être trop tape-à-l'œil dans son visuel et en fait un peu trop, ce qui m'a gêné. Deuxièmement, le film souffre d'une absence d'intensité dans la musique : le ton est toujours le même, ce qui est regrettable. Néanmoins, Hugh Jackman est parfait dans les trois rôles, tout comme Rachel Weisz (rien d'étonnant là-dedans). The Fountain offre tout de même des plans magnifiques (regards caméra) ainsi qu'un scénario absolument passionnant.
5 - The Wrestler
N'ayant malheureusement aucun souvenir du film (vu il y a des années), je place temporairement The Wrestler ici en attendant de le revoir. Je me souviens d'un Mickey Rourke magistral et de scènes qui figurent parmi les plus déchirantes du cinéma d'Aronofsky.
4 - The Whale
Difficile de décider d'un podium tant je trouve ce top 4 exceptionnel. The Whale échoue à la 4e place à cause d'un côté provocateur trop présent. Aronofsky aime exagérer le moche, le sale, et il s'aventure peut-être dans le mauvais goût avec la représentation extrême de ce personnage. Ceci dit, ça ne m'a pas du tout empêché de considérer The Whale comme le plus grand film que j'ai vu en 2023, car j'ai pleuré toutes mes larmes. C'est dire à quel point je porte le top 3 dans mon estime...! Vous pouvez lire mon article complet sur The Whale pour plus de détails.
3 - Mother!
Mother! est assez mal-aimé, ce qui peut se comprendre car ce film est clairement le plus allégorique de Darren Aronofsky. Pour ma part, Mother! est une merveille d'intensité, de propos, de métaphore. Ce film est une perfection dans l'ambiance et l'acting. Mon article complet.
2 - Requiem for a dream
Qu'il fut compliqué d'attribuer une première place à ce top ! Requiem for a dream écope de la seconde position car, si je ne devais garder qu'un seul film d'Aronofsky, ce serait un crève-cœur mais il ne s'agirait pas de celui-ci. Pourtant, il n'y a rien à dire, Requiem for a dream possède tout : un côté trash, un montage unique en son genre et inoubliable, des séquences d'extrême douleur comme d'extrême poésie (la scène de rêve sur le pont), une musique de Clint Mansell diabolique et devenue culte, mais surtout des acteurs hallucinants (mention à Ellen Burstyn et Jennifer Connelly, que j'aime toutes les deux de tout mon cœur). La seule chose qu'on peut lui reprocher, c'est d'aller un peu trop loin dans une séquence finale abusive en terme de longueur... et en même temps... c'est ce qui la rend particulièrement géniale et marquante. Donc non, Requiem for a dream est définitivement un film parfait, de ceux qu'il est impossible d'effacer de sa mémoire traumatique.
1 - Black Swan
Je n'ai pas le choix. Parce que Natalie Portman. Parce que Mila Kunis. Parce que Winona Ryder. Parce qu'Aronofsky se concentre sur la psychologie de son personnage et nous immerge dans sa tête, dans sa descente aux enfers, à tel point qu'on finit nous-mêmes par ne plus savoir démêler le vrai du faux. Presque un film d'horreur, qui tient en haleine, qui passionne, et possède à mon goût l'une des plus belles conclusions du cinéma de ces 15 dernières années. Mon article de l'époque (je ne garantis pas la qualité de celui-ci, il a 13 ans...).
Voilà tout pour Darren Aronofsky. J'ai hâte de découvrir ces prochains films, afin de voir de quelle manière il peut encore surprendre et choquer. Quel est votre film préféré du cinéaste ?
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