Lorsqu'un film comme La La Land figure dans la programmation d'un cinéma du coin, en séance unique, il ne faut pas hésiter trop longtemps. Je n'avais, il me semble, pas revu le film de Damien Chazelle depuis sa sortie en 2016. Pourtant, mes souvenirs étaient précis : je n'ai pas compté le nombre de fois où j'ai revisionné les scènes les plus fortes de cette merveilleuse comédie musicale, ou écouté en boucle des morceaux tels que Another day of sun ou Someone in the crowd de Justin Hurwitz. Ainsi, lorsque je me suis installé dans la salle vers 20h30, la scène d'ouverture avec les klaxons m'a fait lâcher mon plus grand sourire. Puis, les premières notes d'Another day of sun ont confirmé mon plaisir et mon émotion : je suis amoureux du thème musical de La La Land depuis 8 ans.
J'ai retrouvé toutes les sensations qui m'avaient parcouru lors de mon premier visionnage, d'autant plus admiratif de l'œuvre réalisée par Chazelle que j'en avais oublié de nombreux détails. Comment, pourtant, peut-on oublier tous ces sublimes plans-séquences qui permettent au film de prendre son temps, tout en enchaînant d'autres séquences avec un sens du rythme incroyablement maîtrisé ? Comment peut-on oublier la finesse d'exécution de ce montage malin, parfois excitant, comme en témoigne le premier acte du film lorsqu'on revient sur l'embouteillage pour présenter les points de vue des deux personnages à tour de rôle ?
La La Land est brillamment écrit et mis en scène, avec un florilège de couleurs éclatantes et de danses envoûtantes. Il y a une telle vie dans ce film ! Comme pour Whiplash avant lui, La La Land est une déclaration d'amour de Chazelle à la musique et au jazz, et quel meilleur moyen de rendre hommage à la musique qu'en offrant à son film un rythme parfait ? Les personnages sont des notes dont la vie est la portée, les scènes sont des partitions tantôt douces et mélancoliques, tantôt dynamiques et bourrées de joie. On vit avec Mia et Sebastian, on rit aussi beaucoup (j'avais totalement oublié le côté comique / loser du personnage de Ryan Gosling en début de film, avec J.K. Simmons en guest).
Quant aux lumières, bon sang, que c'est magnifique ! La La Land est éclairé à la perfection, avec des changements de tons ou de lumières / ombres au beau milieu des scènes pour appuyer des émotions ou isoler des personnages, pour leur donner de l'importance. Tout est fait avec intelligence et délicatesse, des intérieurs tamisés des clubs de jazz aux décors grandioses de cinéma, en passant par les paysages d'un Los Angeles pourpre au soleil couchant, c'est à tomber par terre de beauté.
Et si La La Land ne parlait que de musique et d'amour, ce serait déjà fabuleux. Mais en plus, Chazelle nous parle de projets de vie, d'ambitions, de choix épineux, de la difficulté de trouver sa voie et sa place dans la société, de réaliser ses rêves en respectant ses valeurs, ou au contraire les abandonner. Si Mia et Sebastian nous bouleversent à ce point (particulièrement Mia, personnage auquel Emma Stone apporte toute l'émotion nécessaire), c'est parce qu'ils ne semblent pouvoir réaliser leurs rêves respectifs que sur des chemins séparés. Une histoire d'amour impossible, en somme, puisque l'amour ne peut pas exister s'il détruit également nos rêves. La La Land est tragique et poétique à la fois, j'ai ressenti des milliers d'émotions dans la salle de cinéma et je n'ai pas eu d'autre choix que de rester cloué à mon siège jusqu'à la dernière seconde du générique final, afin de profiter de ces musiques somptueuses. Indéniablement, La La Land mérite son statut de film marquant, il restera pour toujours dans ma mémoire émotionnelle.
Voilà, je suis donc ravi d'avoir revu La La Land sur grand écran, ce fut encore une expérience magique. Je reviendrai demain sur le blog pour Moonlight, et vendredi pour JSA (enfin) !