Les vacances se terminent pour moi, et aussi pour le blog. Aujourd'hui, nous allons parler du moyen-métrage Fantasme, réalisé par Eléonore Costes avec - entre autres - Audrey Pirault, Sébastien Chassagne et Adrien Ménielle. J'ai en effet décidé de faire la part belle aux courts-métrages sur ce blog, qui sont trop souvent des oubliés dans le monde du cinéma. Fantasme est un film d'amour situé quelque part entre la trilogie Before de Linklater et A Ghost Story de Lowery, deux références dont la réalisatrice ne se cache pas. Etant donné que ces deux œuvres figurent dans mon top 50, c'est évidemment avec plaisir et émotion que j'ai découvert ce film de 53 minutes.
Je ne vais pas trop en révéler afin de vous laisser les surprises intactes pour découvrir ce film par vous-mêmes (vidéo plus bas), mais je peux dire que j'ai adoré cette romance dramatique d'Eléonore Costes, qui n'a pas beaucoup à rougir des œuvres dont elle s'inspire. La réalisatrice m'a emporté dans son histoire en me prenant délicatement par les sentiments. Je me suis senti comme dans un cocon de nostalgie, d'autant que le film ne fait pas l'erreur de trop en dire trop vite. Grâce à un montage quasi parfait, on découvre petit à petit le personnage de Vic ainsi que sa psychologie, et les raisons de sa mélancolie amoureuse sont dévoilées au compte-goutte. Fantasme alterne les séquences de nuit, qui servent de flashbacks que j'ai tous trouvés sublimes, et les scènes de présent qui montrent la tentative de reconstruction de Vic.
Les scènes de nuit, lors desquelles les deux personnages principaux se rencontrent et discutent au fil des ruelles, font clairement écho à Before Sunrise dans la manière de suivre les personnages en plans-séquences de face. Comme chez Linklater, les personnages déambulent côte-à-côte et on assiste à leurs réactions sans besoin de couper le plan. Sébastien Chassagne est exceptionnel comme d'habitude et je découvre Audrey Pirault en tant qu'actrice, elle est fabuleuse. En fait, non, elle n'est pas fabuleuse, le mot est bien trop faible. Elle est tout simplement époustouflante de talent et brille dans la totalité des scènes du film, notamment celle du restaurant à la fin, aussi dure que réaliste. Si Eléonore Costes voulait recréer l'ambiance des Before avec de belles promenades sur fond de coup de foudre, son pari est entièrement réussi : j'ai été bercé par les douces atmosphères nocturnes et la romance fait complètement son effet. Mais elle va encore plus loin en explorant un monde où cette rencontre n'aurait pas abouti. "Et si...".
A côté de ça, nous avons des scènes de jour, dans lesquelles la jeune femme ne parvient pas à avancer, bloquée dans sa vie par ces souvenirs qui la hantent. Comme dans A Ghost Story de Lowery, ce deuil d'un amour est symbolisé par un fantôme, ici remplacé par une combinaison de cosmonaute, habile choix de costume pour montrer que Vic a oublié le visage de cet homme fantasmé. Encore une fois, tout fonctionne, j'ai été particulièrement ému par cette figure fantomatique qui suit Vic et, parfois, s'en tient écarté.
Les acteurs sont tous parfaits, j'ai beaucoup aimé le jeu d'Adrien Ménielle même si j'ai été un peu moins convaincu par la relation qu'entretient son personnage avec Vic, mais l'ensemble tient la route avec un humour toujours efficace. Je finirai, enfin, en validant le choix des musiques pour accompagner les personnages ; elles soulignent habilement leurs émotions. J'ai été particulièrement touché par By the River de Pi Ja Ma, que ce soit pendant le générique de début de film comme lors du dénouement. La chanson apporte une incroyable vibe nostalgique, elle fait désormais partie de ces chansons qui vont me poursuivre, en rejoignant le dossier des musiques qui vont m'obséder quelques temps.
Bref, je vous encourage à découvrir ce film, ci-dessous, car ce fut un très joli moment. Je pense que je vais le revoir prochainement ; il y a des chances que Fantasme intègre mon top 500.
Mise à jour 3 mois plus tard
J'ai revu Fantasme et il va dans le top 500.