La femme défendue - de Philippe Harel - Critique

La femme défendue - de Philippe Harel - Critique

       Ce film de 1997 au concept intrigant est méconnu, mais mérite le coup d'œil. Entièrement tourné en caméra subjective, La femme défendue place Isabelle Carré au centre de l'image en permanence. Si ça n'avait été elle, il est probable que le film aurait été raté, mais l'actrice crève l'écran à chaque instant.

 

La femme défendue - de Philippe Harel - Critique

       Bien que j'aie trouvé la trame assez moyenne sur le fond, le film est une jolie expérience à vous conseiller. La femme défendue, c'est l'histoire d'un homme marié, à l'approche de la quarantaine, qui fait la rencontre d'une jeune femme qu'il souhaite à tout prix charmer, davantage pour assouvir son appétit sexuel que par amour. Celle-ci se laisse séduire, mais elle reste sur ses gardes : la situation familiale de l'homme pose problème dans leur relation. 

 

       L'approche de Philippe Harel, qui joue également le rôle titre, ou disons la "voix titre", est fascinante, puisque la femme est au centre de toutes les attentions du cinéaste (à part deux scènes très courtes qui nous permettent de voir le protagoniste via un miroir). Isabelle Carré est parfaite du début à la fin, on a réellement l'impression qu'elle nous transperce de son regard et de ses sourires, alors que les plans généralement fixes empêchent un peu l'immersion. On la voit même bouger ses yeux de gauche à droite comme si elle scrutait les yeux de son interlocuteur, et non l'objectif de la caméra. Le spectateur est aussi acteur puisqu'il est également soumis au charme de la jeune femme, allant jusqu'à se retrouver au cœur de nombreux moments d'intimité. 

 

La femme défendue - de Philippe Harel - Critique

       J'ai beaucoup aimé ces discussions qui rappellent un peu le cinéma de la Nouvelle Vague, il y a beaucoup de Rohmer (Ma nuit chez Maud) ou même de Jean Eustache (La maman et la putain) dans ces rendez-vous sur la terrasse d'un café ou dans ces conversations douces au bord d'un lit. Le film est également malin sur le fond, puisqu'on n'assiste pas seulement à une rencontre amoureuse mais également à un jeu pervers de jalousies, d'adultère, de méfiances, de chantages. 

 

      Etrangement, nous sommes dans la peau de l'homme, mais c'est à la place de Muriel qu'on se met constamment. Difficile de ne pas compatir lorsqu'on voit le piège dans lequel l'homme l'a placée, un peu contre son gré. Chacune de ses expressions nous permettent de la comprendre à chaque instant (Isabelle Carré est saisissante), alors qu'il est paradoxalement compliqué de comprendre cette vilaine crise de la quarantaine qui assaille l'homme charmeur. Le spectateur, d'ailleurs, ne pourra éprouver que du dédain pour cet homme misérable et lâche qui, de surcroît, est d'une honteuse lourdeur à l'égard de Muriel, et même violent.

 

La femme défendue - de Philippe Harel - Critique

       C'est un peu le reproche que je ferais à La femme défendue, d'ailleurs, car Philippe Harel réalise le film et joue ce rôle, mais il est difficile de savoir dans quel but. Voulait-il explorer la crise de la quarantaine ? Parler de la naïveté de la jeunesse ? Mettre en avant les manipulations que peut exercer un homme sur une jeune femme plus fragile ? On l'ignore un peu, au final, puisque les psychologies des deux personnages sont à peine effleurées malgré la quantité de discussions qui auraient pu permettre de les développer. L'ensemble, à la longue, est assez répétitif puisque le film ne va guère plus loin qu'une succession de "Je t'aime" "Mais il y a ta femme" "Mais on s'en fiche" "Mais ça me dérange" "Mais je t'aime" "Mais oui moi aussi" etc.

 

     Bref, je vous conseille de découvrir ce film méconnu principalement pour la performance d'Isabelle Carré, absolument magnifique. Le film est assez doux et intéressant dans les thèmes qu'il développe, mais il m'a laissé sur ma faim.

 

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