J'ai pris une place pour Le fil afin de combler le trou de 2 heures entre ma séance de Emilia Pérez et celle de Beetlejuice Beetlejuice. Même si ce drame basé sur des faits réels a de nombreux points positifs, en particulier son dénouement très bien géré, il souffre aussi de nombreuses lourdeurs notamment en terme de mise en scène.
Avec Le fil, en effet, Daniel Auteuil ne chamboule pas grand-chose dans l'univers du film de procès français. Dès les premières minutes, j'ai compris que le montage serait ennuyeux et très conventionnel. La première scène du film nous montre l'ouverture de l'audience au tribunal, avec un ton dramatique très franco-français qui m'a directement fait soupirer. En quelques secondes, on comprend comment les choses vont nous être présentées : à l'aide de flashbacks entrecoupés de séances devant les juges. Tous les clichés du genre y sont : des plaidoiries déjà vues mille fois aux juges intransigeants, en passant par les relations client-avocat et tout ce qu'elles impliquent, le tout généralement enrobé de musiques classiques qu'on a déjà entendu des dizaines de fois dans le cinéma dramatique français. Difficile de ne pas soupirer, d'autant que la réalisation est franchement très plan-plan pour ne pas dire chiante, à l'aide de champs/contrechamps qui veulent nous faire croire à un véritable face à face, mais qui rendent l'ensemble peu palpitant. De même, toute la métaphore autour du taureau donne particulièrement matière à lever les yeux au ciel. C'est grossier et globalement inutile.
Malgré tout cet académisme, Le fil a tout de même le mérite de mettre en lumière cette affaire tout en nous montrant la tâche délicate que constitue la décision d'un verdict. Le titre est plutôt bien choisi puisqu'en dehors du "fil bleu" qui constitue une pièce à conviction dans le cadre du meurtre, on ressent que la justice est elle-même sur un fil. Un rien peut faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre et j'ai adoré tenter de comprendre si cet homme était coupable, complice ou innocent. Daniel Auteuil est très attendu dans ce rôle, sa prestation m'a laissé plutôt de marbre, mais Grégory Gadebois confirme quant à lui son véritable pouvoir d'acteur. Il livre une performance juste et crédible jusqu'à la toute fin.
Pour conclure, Le fil est un film assez convenu dans sa forme, mais j'ai passé un excellent moment à suivre cette affaire et à tenter de dénouer ce fil emmêlé. Si vous ne savez pas quoi voir en salles (et que vous avez déjà vu l'excellent Emilia Pérez ainsi que le délirant Burton), vous pouvez vous laisser tenter. Sans prendre une grande claque, il est facile de se prendre au jeu.