Joli conte graphiquement époustouflant, Le peuple loup m'a charmé pour son animation au dessin et ses scènes de magie visuelle. Un vrai coup de coeur. On y suit l'aventure de Robyn, une jeune fille anglaise de 11 ans qui vit avec son père en Irlande. Celui-ci est chasseur de loups et, un jour, elle lui désobéit et le suit dans la forêt. Sa rencontre avec Mebh, une wolfwalker qui se transforme en loup durant la nuit, va remettre en question ses préjugés.
Le film est sublime. D'un point de vue strictement graphique, Le peuple loup est une merveille dans chaque scène, chaque image. L'animation est à tomber par terre, très joli mélange entre du dessin sur papier et des images de synthèse imitant le dessin. Les décors fourmillent de détails tandis que les personnages sont parfois à la limite de l'esquisse... pourtant leur rendu est indiscutablement abouti. On voit les coups de crayons à l'écran et, de temps en temps, on aperçoit même des traits de construction, le dessin fini laissant apparaître l'ébauche en filigrane.
Tout ceci contribue à l'univers magique et poétique du film qui n'en demeure pas moins sauvage et dynamique : on a peu de temps pour souffler car les personnages sont presque toujours en action. La nuit, en effet, leur personnalité de loup prend la place et l'aventure continue sous des atmosphères plus sombres mais tout aussi sublimes. Ma concentration était rivée sur la qualité du dessin et sur le grain tout particulier qui parcourt l'image d'un bout à l'autre du film.
De plus, plusieurs choix sont plutôt malins au niveau du dessin, puisque les figures féminines sont représentées avec de magnifiques courbes tandis que les hommes ont des traits anguleux et durs. De même, la forêt est lumineuse et magique, pleine de couleurs féériques, avec beaucoup de profondeur de champ, là où la ville est représentée grise, terne et sans trop de perspective.
Le peuple loup est également marqué par sa lumière et ses couleurs absolument splendides. Certaines séquences, notamment lorsque les "esprits de loups" se manifestent, m'ont laissé avec des yeux émerveillés. Le scénario est assez classique et emprunte à d'autres films d'animation bien connus (l'ambiance musicale peut rappeler Rebelle, surtout si on y ajoute l'idée de la transformation en animal, tandis que l'antagoniste Messire Protecteur a des airs de Ratcliffe dans Pocahontas), mais Le peuple loup parvient tout de même à créer sa propre identité à base de fantasy et de folklore irlandais.
Sur le fond, Le peuple loup est également passionnant lorsqu'il s'agit de parler d'amitié et de confiance, de promesses non tenues ou données contre son gré, tout en dénonçant la condition des femmes (et jeunes filles) au 17e siècle. Difficile, en effet, de ne pas s'attacher rapidement à Robyn et ses envies de liberté, sa soif de découvrir le monde et se découvrir elle-même.
Enfin, Le peuple loup est une œuvre aux personnages assez complexes : on ne sait pas toujours sur quel pied danser, notamment avec le père de Robyn, mais aussi avec Mebh qui paraît hostile à première vue. La relation entre Robyn et Mebh permet également de faire passer un message sur la protection de la nature, en glissant que l'homme est une bien plus grande menace que le loup. Nul doute qu'avec ce film, le mythe du "Grand méchant loup" en prend un sacré coup... et c'est tant mieux !