J'ai découvert ce petit film assez méconnu issu du Studio Ghibli avec mes filles ce week-end et je ne peux que vous le conseiller. Le royaume des chats, réalisé par Hiroyuki Morita en 2002, est le seul film de l'auteur, plus connu comme superviseur d'effets visuels de films d'animation japonais tels que Kiki la petite sorcière ou encore Perfect blue. Après une longue expérience au sein de Ghibli, il fut chargé d'adapter le manga Baron, neko no danshaku d'Aoi Hiiragi. Si Le royaume des chats n'est pas au niveau de certains Miyazaki, sa courte durée (1h10) permet de ne pas s'ennuyer devant cette histoire plutôt originale.
Le royaume des chats, c'est l'histoire d'Haru, une jeune fille qui sauve la vie d'un chat. Ce qu'elle ignore, c'est que ce chat est Loon, le prince du Royaume des chats. En guise de remerciement, elle reçoit une invitation pour rencontrer le roi en personne dans son royaume. Celui-ci souhaite qu'elle épouse le prince Loon... Le film est un pur Ghibli dans son visuel, ses personnages ou son scénario. Comme dans un très grand nombre de films d'animation japonais, on suit ici une adolescente qui va découvrir un monde caché et mystérieux, peuplé de créatures intrigantes. De nombreuses situations font penser, également, à Alice au pays des Merveilles, comme lorsque Haru se retrouve dans une maison trop petite pour elle, à boire du thé dans une tasse trop petite, ou qu'elle rapetisse pour pénétrer dans le Royaume des chats, régi par un monarque fêlé et machiavélique.
On y retrouve tout ce qui fait le sel des films Ghibli, à commencer par des personnages charmants et marrants, même chez les antagonistes. Le personnage le plus drôle est sans aucun doute Muta, le "gros chat blanc" qui passe son temps à râler mais qui se révèlera être un compagnon fidèle jusqu'au bout. Alors, certes, on est parfois dans la caricature du personnage obèse qui passe son temps à tout manger, mais son côté grognon au grand cœur l'emporte sur le reste : il offre de nombreux rires du début à la fin. Le roi des chats, également, et malgré son côté malfaisant, est très amusant grâce à ses expressions et sa folie apparente. On s'est beaucoup amusés à observer ses mimiques et ses réactions, avec ses yeux qui roulent dans tous les sens. De même, la posture humanisée des chats apporte beaucoup de rire, notamment dans la première partie du film lorsqu'on commence à les voir se tenir sur deux pattes.
Et puis, bien sûr, on retrouve un peu de magie propre à ce style de films. Mais je dis bien "un peu", car Le royaume des chats file à toute vitesse et que l'action ne s'arrête quasiment jamais. Il y a, en effet, peu de place aux grands moments de poésie qu'on peut retrouver dans Le Voyage de Chihiro ou Mon voisin Totoro. C'est probablement le grand défaut du film car l'ensemble fait un peu "simple" et vite expédié, sans réelle profondeur. La plupart des personnages ne sont pas très approfondis, notamment le personnage principal dont la personnalité se résume à peu de choses. J'ai tout de même beaucoup aimé son lien avec Blanche, une chatte très mignonne que mes filles ont eu envie d'adopter après l'avoir vue seulement trois secondes. Malheureusement, on passe très rapidement sur toute la séquence de flashback et j'ai trouvé dommage de ne pas nous y attarder davantage.
Il est aussi regrettable que Le royaume des chats ne possède aucune sorte de double lecture ; il s'agit juste d'une aventure qui ne permettra pas spécialement à Haru de grandir ou d'évoluer. Je retiens tout de même un joli moment lorsque la jeune fille s'échappe avec ses amis en courant sur le dos des corbeaux. Une scène digne des plus grands Ghibli.
Bref, Le royaume des chats est un film très agréable et sympathique à voir, même s'il ne fait qu'effleurer certains sujets pour se concentrer un peu trop sur l'action. On est en présence d'un Ghibli d'une grande simplicité, amusant et décalé, mais peut-être pas suffisamment original pour avoir sa propre patte.