Breathe In - de Drake Doremus - Critique

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       Suite à ma redécouverte de Like Crazy, j'ai continué mon marathon centré sur le réalisateur Drake Doremus avec Breathe In (Défendu). Ce film, que j'avais détesté et qui m'avait fait soupirer il y a quelques années, a donc eu droit à une seconde chance. Mon avis a-t-il changé sur la question ?

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       Et bien oui. Même si je ne placerai toujours pas Breathe in dans mon top 500, j'ai été davantage séduit, voire touché, par cette romance aujourd'hui, ce qui prouve que pour aborder le cinéma de Doremus, il y a peut-être une histoire de mood et de timing. On y suit Keith, un professeur de musique qui n'aime pas son métier, puisqu'il est nostalgique de son passé, 20 ans auparavant, lorsque la musique était sa passion et qu'il jouait dans des groupes. Devenu esclave d'une vie de famille bien rangée, où sa fille n'a pas de lien avec la musique et sa femme n'accorde aucune vraie valeur à son talent, Keith va faire la rencontre d'une étudiante très douée pour le piano. Sophie représente à la fois la fille dont il aurait souhaité être fier, et la femme qu'il aurait voulu rencontrer 20 ans plus tôt.

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       Cette fois-ci, j'ai bien retrouvé tout ce que j'aime dans le cinéma de Doremus : la sensibilité des moments suspendus, l'intensité des regards, la douceur des caresses. Le cinéaste est pour moi le meilleur pour capturer les instants d'intimité, notamment lorsqu'il s'agit de filmer des mains qui se cherchent puis se caressent. Le meilleur exemple est à mon avis dans Equals, où les sensations sont décuplées par l'idée de l'interdit pur (alors que dans Breathe in, il ne s'agit "que" d'un interdit moral).

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       Après Like Crazy où le réalisateur explorait la difficulté de tenir une relation amoureuse à distance, il parle ici d'un couple qui semble solide en apparence, mais qui ne tient plus que par la routine et le poids des années. Breathe in raconte l'envie d'aventure, le besoin de se sentir vivre dans le regard de quelqu'un. La première fois, j'avais détesté le film car j'étais resté focalisé sur l'idée de l'adultère et de cette passion naïve et un peu bête qui anime cet homme de 45 ans. Cependant, il s'agit davantage d'une rencontre entre deux êtres qui ne se sentent pas à leur place. Lui ne se reconnait pas en tant que professeur et n'est pas valorisé par ses proches. Elle, jeune fille aimant le calme, la lecture et la grande musique, est inadaptée à l'immaturité de la vie étudiante. 

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       Keith fait l'effort de sourire sur les photos de famille, mais ce sourire n'est qu'une façade pour dissimuler un mal-être profond : celui de ne pas vivre sa vie comme il l'aurait souhaité. Alors, certes, Drake Doremus ne fait pas les choses à moitié et certaines séquences peuvent flirter avec la mièvrerie. De même, le dernier acte du film est trop "gros" et on peine à croire à ce retournement de situation un peu trop écrit. Breathe in, malheureusement, s'aventure dans le mélodrame afin de laisser le spectateur sur une note de frustration, mais ça ne marche pas totalement, car le choix impulsif que Keith s'apprêtait à faire avec Sophie était quand même sacrément stupide. Quitter sa femme aurait pu être une option lorsqu'on voit la nature de leur relation, encore aurait-il fallu qu'il soit sincère avec elle. Ici, c'est plutôt la lâcheté qui domine chez le personnage. Et surtout, oublier si soudainement sa fille est une chose condamnable qui le fait passer pour un égoïste, même si l'effervescence de la passion et le fait de se sentir "pousser des ailes" peut engendrer de sacrées conneries. 

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique

       L'ensemble du casting est parfait, à commencer par Felicity Jones et Guy Pearce qui rendent certaines scènes aussi magiques que stressantes, comme celle de la bière partagée ou du dangereux piano. Guy Pearce est excellent dans le rôle de cet homme qui tente d'exister et de redevenir l'acteur principal de sa vie. Amy Ryan interprète à merveille cette femme qui s'est trop longtemps habituée à materner son mari et à guider ses choix. Quant à Mackenzie Davis, elle est incroyable dans le rôle de Lauren : son regard est assassin. Cependant, en matière de regards, je garderai plutôt ceux des deux personnages principaux, pleins de sous-entendus, d'émotion et d'attirance.

 

Breathe In - de Drake Doremus - Critique
Breathe In - de Drake Doremus - Critique

      Pour conclure, j'ai bien plus apprécié ce film qu'il y a quelques années, et je suis ravi de m'être réconcilié avec. Cette fois, le charme des moments de silence et des petits cocons d'intimité a opéré. Les scènes de romance ne m'ont pas parues ridicules ou forcées. J'y ai cru. Par contre, j'ai toujours un peu de mal avec les 20 dernières minutes qui manquent de force et de cohérence. 

 

      A présent, j'ai hâte de revoir Equals, qui est le prochain sur la liste (c'est par ici).

 

 

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