Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

      Je plaçais de nombreux espoirs dans cette avant-première de Gladiator II ce soir. Après tout, si Ridley Scott a décidé de réaliser une suite à son chef d'œuvre de 2000, ce projet devait être animé de bonnes idées, non ? Et le public, lui, en voulait forcément encore plus, non ?

 

     Cet article révèle quelques éléments du film.

 

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

Une pâle copie du film original...

 

       Je vous le donne en mille : la réponse est non. Non, Ridley Scott n'avait pas d'idées nouvelles à proposer, comme aurait pu l'indiquer la bande-annonce sur fond de rap américain. Gladiator II n'est rien d'autre qu'un repompage du film sorti 25 ans auparavant, sans vraie volonté de changer quoi que ce soit. Paul Mescal n'interprète rien d'autre qu'un Maximus bis. En fait, c'est même littéralement le cas. Dès le départ, il nous est présenté comme un soldat charismatique qui voue un amour fou à une femme. Comme par hasard, cette femme se fera tuer après quelques minutes, laissant donc le personnage endeuillé, en rage contre l'armée romaine. Un mec qui n'a plus rien à perdre, tout comme Maximus. Comme par hasard, cet homme ne se fera pas tuer dans la bataille mais sera fait prisonnier par Rome. Comme par hasard, il va servir de spectacle dans l'arène du Colisée en tant que gladiateur... Comme par hasard, il s'agit d'un soldat avec un profond sens de l'honneur, très puissant, tactique, en apparences invincible... Comme par hasard, il va susciter l'engouement du public face à des empereurs perfides... Vous croyez que j'en ai fini avec ces "Comme par hasard" ? Et bien non. COMME PAR HASARD, cet homme se trouve être le fils de Maximus lui-même. Je ne spoile rien, cette information est donnée dans la bande-annonce.

 

      Bref, on a affaire au même personnage face aux mêmes personnages, je passe sur tous les clichés possibles et imaginables du genre, comme ces deux jeunes empereurs sadiques au visages très pâles, qui ne sont pas sans rappeler un Joffrey de Game of Thrones, ou tout simplement Commode. Sauf que Commode était joué par Joaquin Phoenix et qu'il avait une présence complètement dingue. Commode était pitoyable, il transpirait la folie et la jalousie. Ceux-ci sont plutôt des pitres, de jeunes guignols têtes-à-claques. Et puis, j'ai beau aimer Paul Mescal, il n'arrive pas à la cheville de Russell Crowe dont la performance est devenue iconique. Ici, il tente d'imiter son prédécesseur et il est tout de même efficace, car ça reste Paul Mescal et qu'il est génial, mais il est assez loin d'incarner cette soif de vengeance et cette rage de vaincre qui déformaient le visage de Crowe. 

 

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile
Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

      Pire que tout : Gladiator II ressemble à s'y méprendre à un film vieux de 25 ans. Dans sa manière de réaliser, Ridley Scott ne semble pas avoir évolué depuis 2000, d'autant que les décors sont identiques, ce qui donne réellement cette impression de revoir le même film avec des acteurs différents. Niveau caméra, on a toujours les éternels champs / contrechamps pour filmer les dialogues. Niveau action, les scènes de bataille ou de combats sont filmées à l'ancienne, avec même encore moins de dynamisme et de grandeur que dans Gladiator premier du nom. On aurait pu croire que ramener un énorme rhinocéros ou encore des bateaux sur l'eau au cœur du Colisée aurait donné des scènes encore plus épiques, mais Scott a tout faux. Ce qui rendait Gladiator si épique, c'était Maximus. Sa puissance, sa détermination, sa rage silencieuse, son regard assassin. Les décors ne faisaient que l'appuyer.

 

     Parlons des effets spéciaux, qui ont fait sortir mes yeux de leurs orbites. Vous avez trouvé que les singes dans la bande-annonce étaient moches ? Alors vous n'êtes pas prêts face à ce qui vous attend sur grand écran. Les singes sont absolument dégueulasses. On a franchement l'impression d'effets spéciaux tous droits sortis du film La Momie en 1999, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un rendu aussi affreux sur un animal. Je ne comprends même pas comment ces images ont été validées jusqu'à nos salles de cinéma. Etrangement, le rhinocéros est plutôt bien foutu, ce qui rend le truc encore plus incompréhensible.

 

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

Forcer la nostalgie... pour se planter !

 

      Du coup, que reste-t-il à Gladiator II ? Pour faire un max de fric - puisque c'est évidemment le projet de Ridley Scott et des sociétés de production, on a bien compris que la démarche n'était pas dans le renouveau ni la vision d'auteur - l'idée est d'axer le film sur la nostalgie. Nous vivons à l'ère de la nostalgie, que ce soit au cinéma avec cette quantité indécente de suites à des sagas cultes, ou même dans le monde de la musique puisqu'on retrouve souvent des tubes des années 80-90-2000 remixés à la truelle à la radio. Ici, Gladiator II joue évidemment sur la musique, puisque les thèmes d'Hans Zimmer sont allègrement repris et utilisés pour titiller la mémoire et susciter l'émotion. Mais ce n'est pas tout.

 

     Le générique d'ouverture reprend littéralement des images du premier film, converties en effet peinture. C'est joli, mais ça traduit une volonté d'appâter le spectateur nostalgique sans se faire chier à reprendre de nouvelles images. De même, Connie Nielsen reprend son rôle de Lucilla, ce qui aurait pu avoir un sens étant donné que tout est fait pour que les personnages parlent de Maximus constamment (afin d'oublier que cette suite n'est vraiment pas au niveau en terme d'épique, ou même d'émotion). Sauf que Connie Nielsen est très mal utilisée et que son personnage en devient anecdotique. Déjà, j'ai profondément soupiré lorsque l'actrice apparaît, puisque Ridley Scott nous sort la technique la plus débile du monde pour introduire un personnage qu'on connait déjà : il la présente de dos afin que son visage soit caché, puis l'actrice se retourne face caméra afin de créer un effet de "ooooh c'est Connie Nielsen !!". C'est ridicule et ça n'a rien de cinématographique, c'est juste du fan service à deux sesterces. 

 

      De même, un peu plus tard, Ridley Scott utilise des flashbacks histoire que Russell Crowe soit quand même un peu à l'écran (ben oui, parce qu'en fait, Maximus est toujours le véritable héros, on va donc refoutre des images du premier film puisque l'acteur n'est plus au casting). Le hic, c'est que pour relier l'histoire de Gladiator et celle de Gladiator II, il a fallu retourner des scènes qui donnaient l'air de s'être passées 25 ans auparavant. Problème : absolument aucun effort n'a été fait pour rajeunir le visage de Connie Nielsen, ce qui donne lieu à l'une des scènes les plus absurdes du film. 

 

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

Un film trop long

 

      Je ne vais pas épiloguer encore des heures sur Gladiator II, qui m'a déjà fait perdre assez de temps au cinéma. Soit dit en passant, le film est extraordinairement long pour ce qu'il a à raconter (c'est-à-dire : la même chose que dans le premier, en moins bien). Bon, j'exagère, y'a du nouveau concernant l'idée d'un peuple en quête de liberté et de la chute des empereurs romains, mais c'est juste pour ne pas avoir exactement la même fin que dans Gladiator, parce que ce serait abuser. On doit se coltiner 2h30 de dialogues insipides et de meurtres qu'on voit toujours venir des plombes à l'avance, et dont on se fout la moitié du temps. La mort de la femme de Lucius en début de film ne suscite strictement aucune émotion, tout comme celle qui survient vers la fin du film (je ne vais pas spoiler), qui aurait dû nous faire pleurer mais sur laquelle on passe très rapidement. "Ah, il est déjà mort, ce personnage ? Et c'est tout, on s'en fout ? D'accord".

 

      Les dialogues rallongent le temps de manière inutile, on a affaire aux plus gros clichés des dialogues de péplum (des citations, des phrases toutes faites) et je pense qu'il aurait été intéressant d'innover à ce niveau. Histoire de donner un point positif, je vais tout de même souligner le travail de Denzel Washington qui m'a permis de ne pas trop m'ennuyer dans tout ce "on prend les mêmes et on recommence". Au moins, il apporte du sang neuf avec un personnage très amusant et très intrigant, que j'ai adoré suivre dans ses manipulations politiques.

 

Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile
Gladiator II - de Ridley Scott - Critique d'une suite inutile

     Je m'arrête ici, Gladiator II n'a rien d'un grand film, il est tout juste passable. On l'oubliera probablement très vite.

 

 

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