Sans grande surprise, je termine ce cycle Doremus par une immense déception, mais une déception attendue. Love Again, c'est une histoire de triangle amoureux sur fond de traumatisme ou : comment réapprendre à aimer après avoir subi quelque chose de douloureux.
Love Again est soporifique et, surtout, interminable pour ce qu'il a à raconter. 1h50 n'étaient pas nécessaires pour étudier la psychologie de ce personnage qu'on comprend immédiatement au bout de 15 minutes. Une fois la situation posée - à savoir que Daphne est une femme perdue dans sa vie qui fait la rencontre de deux hommes qui la charment assez lourdement - on patiente avec ennui jusqu'à une révélation évidente et terriblement clichée. Le film développe des intrigues principales dont on se fout, car aucun des deux personnages masculins n'est crédible en tant que potentiel pansement émotionnel pour Daphne, et l'histoire s'embourbe dans un triangle amoureux complètement stupide, jusqu'à atteindre le paroxysme du stéréotype pour ce genre de film... une grossesse ! Tadam, je spoile un bout du film mais peu importe, je vous déconseille fortement le visionnage de ce film ronflant et lourdingue, d'autant que ce ne sont pas les acteurs qui viennent réhausser ce pauvre scénario.
Shailene Woodley est fidèle à elle-même : les émotions qu'elle joue paraissent fausses et trop écrites, et c'est ennuyeux car tout le film repose sur ses épaules et que les acteurs censés l'accompagner (Jamie Dornan et Sebastian Stan) n'ont aucun charisme. Impossible de croire aux moments d'intimité lorsque les deux personnages masculins sont dans une position de charmeurs-coureurs, et que le personnage principal ne ressent clairement aucune sorte d'amour pour autrui à cause de son état psychologique. Love Again est probablement un film fait à la va-vite pour Amazon Prime, tout comme l'était Zoe pour Netflix. Quel gâchis que de voir Drake Doremus, qui était pourtant pour moi une référence du cinéma sensoriel, un excellent faiseur d'expériences émotionnelles et de moments suspendus, se vautrer dans des sous-romances qui n'ont aucune âme !
Bien sûr, tout n'est pas à jeter car Doremus garde tout de même sa patte, avec quelques atmosphères mélancoliques notamment lors des flashbacks de Daphne, ou quelques séquences musicales et poétiques, mais rien de bien transcendant quand on sait de quoi le réalisateur a été capable avec des chefs d'œuvre comme Like Crazy. Il faut dire aussi que Felicity Jones ou Anton Yelchin ne jouaient clairement pas dans la même cour...
Ainsi se conclut donc mon marathon autour du cinéma de Drake Doremus, sur une note que je n'aurais pas imaginée si négative. Ses trois premiers films resteront à mes yeux des réussites, tandis que les trois suivants sont assez catastrophiques sur le fond. J'ai l'impression de voir en Doremus l'alter ego de Sofia Coppola qui, après nous avoir régalé avec Virgin Suicides, Lost in translation et Marie-Antoinette, semble ne plus rien avoir à offrir de croustillant. Dommage.