Ce dimanche, poursuite de ce marathon Drake Doremus que j'ai entamé hier avec Like Crazy, Breathe in puis Equals. Zoe est le premier film de cette liste que je n'avais pas encore vu, et dont j'ai appris l'existence récemment. Pourtant, la distribution aurait dû m'attirer depuis longtemps puisque Zoe réunit Ewan McGregor, Léa Seydoux ou encore Rashida Jones et Miranda Otto dans un film d'anticipation à la trame intrigante : un laboratoire a mis au point des robots élaborés permettant d'améliorer les relations entre humains, mais aussi des pilules qui provoquent le sentiment amoureux. Zoe travaille dans ce laboratoire en compagnie de Cole, mais des vérités vont venir bouleverser leur conception de la vie. Malheureusement, ce film m'a peu convaincu...
J'ai le sentiment que Drake Doremus passe ici à côté de tout ce qui faisait le sel de son cinéma : l'émotion liée à l'intimité amoureuse. Le principal souci de Zoe est tout d'abord sa musique omniprésente et superficielle qui empêche toute connexion entre le spectateur et les personnages. C'est assez étrange, car on retrouve ici les mêmes ambiances musicales que dans Equals, mais l'effet n'est plus le même. Tout comme dans Equals, Doremus explore un univers dystopique. Ici, ce ne sont pas des êtres humains auxquels on interdit le moindre sentiment, mais au contraire des robots qu'on étudie afin de déceler une trace d'émotion. Le problème, c'est que l'alchimie entre les personnages ne prend pas. J'ignore si le choix de casting y est pour quelque chose, mais on ne croit jamais en cette romance entre Cole et Zoe. Même si Ewan McGregor brille habituellement dans ce genre de rôles, il semble ici ne pas savoir comment gérer les émotions de son personnage, tout comme Léa Seydoux qui est à mon avis une erreur de casting : aucune émotion ne semble transcender son personnage, ce qui va à l'encontre des objectifs du film.
Comble du comble : Drake Doremus est parvenu à toucher ma corde sensible dans une scène inattendue : en l'absence de Léa Seydoux. Cette scène, lors de laquelle Cole expérimente avec une autre femme la pilule qui déclenche un sentiment amoureux, est beaucoup plus intense et forte que n'importe quelle autre scène incluant Zoe. C'est absurde, puisque c'est le seul moment du film où l'amour entre les personnages est complètement falsifié. Encore une fois, c'est le talent de McGregor qui fait tout, avec son regard expressif et son sourire si spécial.
En plus de proposer une romance qui semble extrêmement superficielle (la scène du baiser sous les feux d'artifices projetés sur un écran, par exemple, est totalement vide d'émotion), Zoe est un film qui semble interminable. Avec ses 1h38, on est bien loin de l'incroyable densité que le cinéaste pouvait nous offrir dans Like Crazy en moins d'1h30. Ici, le montage est assez foireux, je n'ai pas retrouvé la virtuosité habituelle de Doremus pour nous présenter une situation en moins de 10 minutes, comme il a su le faire dans tous ses autres films. Tout nous est expliqué en début de film de manière assez grossière et ça dure au moins 20 minutes avant de réellement lancer les choses. Si on ajoute à cette lourdeur narrative une musique extrêmement pesante et des filtres oranges en veux-tu en voilà, on obtient un film qui peine à captiver, car le spectateur se sent à l'écart de toute cette histoire. Parfois, on sent un éclair de lucidité avec des musiques telles que Apocalypse de Cigarettes After Sex (excellent choix mélancolique), ou encore Space Song de Beach House, mais le reste de la bande originale signée Dan Romer est tout simplement catastrophique en terme d'ambiance. Les rares moments de silence sont pourtant parfaits, il est donc dommage que Zoe ressemble à un énorme clip vide de propos. D'aucuns pourraient faire la même critique aux précédents films du cinéaste, sauf que la musique apportait une réelle poésie et une belle authenticité à des films comme Like Crazy et Equals, alors que ça fait un flop dans Zoe faute de considération pour des personnages sans profondeur.
Bref, je suis déçu par ce film et j'espère que le dernier élément de ce marathon (Love again) va rattraper tout ça. Dans le cas contraire, après les déceptions qu'ont été Newness et Zoe, je vais commencer à croire que Doremus s'est perdu à force de vouloir réaliser trop vite (2017, 2018, 2019...). Le fait qu'il n'ait pas sorti de film depuis maintenant 5 ans est peut-être bon signe pour la suite de sa carrière.