J'ai masqué la réplique afin de ne pas spoiler la majorité de gens qui n'ont jamais entendu parler de ce film, car cette réplique qui m'a beaucoup marqué révèle entièrement la fin de Valley of Love. Si vous n'avez jamais vu ce drame de Guillaume Nicloux et que vous n'êtes pas trop hermétique à Depardieu, je ne peux que vous conseiller de découvrir Valley of Love qui est une pépite d'émotion : il a même intégré mon top 50 pendant quelques années. Un road movie très simple, basé sur deux personnages qui ne partagent plus qu'une chose : le suicide de leur fils. Celui-ci leur a laissé une lettre en leur demandant de le retrouver un jour précis, à un endroit précis. Isabelle et Gérard, profondément endeuillés, sont forcés d'arpenter la Vallée de la Mort en Californie pour honorer cet étrange rendez-vous.
A présent, vous avez le choix entre quitter la lecture de cet article ou entrer dans le spoil le plus total.
Voilà maintenant presque 10 ans que j'ai découvert Valley of Love au cinéma, et l'ambiance du film ainsi que sa conclusion poignante continuent de me hanter de temps à autres. La fin du film est déchirante et semble terriblement injuste pour le personnage d'Isabelle Huppert qui plaçait tous ses espoirs dans ce pari fou : l'unique chance désespérée de revoir son fils une dernière fois. Le personnage de Gérard Depardieu, quant à lui, semble plus terre-à-terre et n'a jamais cru une seconde que son défunt fils se présenterait au fin fond d'un canyon à l'heure voulue. Ainsi, lorsque Gérard s'aventure seul entre les roches, puis revient quelques minutes plus tard auprès d'Isabelle, totalement transformé et démuni face à ce qu'il vient de vivre, on assiste à une scène magnifique.
Il m'a pris les mains... Il m'a pris les mains !
Les deux comédiens sont immenses dans cette scène, je suis particulièrement touché par Depardieu qui, l'espace de 20 secondes, parvient à la perfection à produire de l'émotion en balbutiant quelques "Je... je...", début d'une phrase qu'il ne parviendra pas à terminer tant il est bouleversé par l'événement surnaturel qui vient de se produire, et sonné sous le coup d'une émotion inqualifiable. Le jeu d'Isabelle Huppert, quant à lui, transpire le sentiment d'injustice de cette mère détruite. La fin de la séquence permet au film d'atteindre son point culminant en terme d'émotion pure, lorsque Gérard Depardieu déclame cette réplique : "Il m'a pris les mains" avec la force de jeu qui le caractérise. Difficile de ne pas s'émouvoir devant ces deux parents démunis, qui ne trouvent plus aucun sens à leur vie.
Qui plus est, la musique est une merveille, il s'agit de "The unanswered question" et elle donne au film une atmosphère à la parfaite croisée entre le drame et le mystère presque divin. Cette composition de Charles Yves date de 1908 et plane sur Valley of Love comme un mystère sans réponse, avec ces violons qui semblent flotter dans l'espace infini, et ce jeu de questions/réponses entre la trompette et les flûtes, qui illustrent les questionnements métaphysiques de ces deux personnages.
Bref, Valley of Love continue de me saisir et de me faire pleurer, notamment grâce à cette réplique qui est d'une puissance assez dingue. Ecrire cet article m'a donné envie de le revoir.