Les films de l'enfance #4 - E.T. de Spielberg - Critique

Les films de l'enfance #4 - E.T. de Spielberg - Critique

       Mes filles commencent à avoir un âge où leurs découvertes cinématographiques sont de plus en plus excitantes pour moi. Même si certains sites conseillaient le visionnage de E.T. à partir de 10 ans (le double de l'âge de ma plus petite), j'ai tout de même tenté le coup et le film est très bien passé. Quel plaisir de voir que le chef d'œuvre de Spielberg, qui a marqué une partie de ma jeunesse, a également été validé par mes enfants !

 

Les films de l'enfance #4 - E.T. de Spielberg - Critique

      L'atmosphère d'E.T. est, pourtant, encore plus sombre que dans mes souvenirs, car la plupart des grandes séquences du film se passent de nuit et, lorsque les personnages évoluent en plein jour, c'est rarement très joyeux (l'image de ce pauvre petit extraterrestre tout blanc, retrouvé malade au bord de la rivière, est ancrée dans notre mémoire traumatique). Le travail de la lumière est prodigieux, il faut pour ça saluer le directeur de la photographie Allen Daviau, qui avait pour consigne de cacher au maximum le visage de la créature, en dehors de ses yeux. Ainsi, E.T. est souvent filmé à contre-jour et on peine à distinguer ses traits, ce qui renforce par la même occasion tout le mystère qui l'entoure. Il en va de même, d'ailleurs, de l'éclairage des personnages adultes qui représentent souvent une autorité menaçante (à l'exception de la mère rassurante). E.T. est en effet entièrement vu sous le regard des enfants, les adultes n'ayant généralement aucun visage visible (soit ils ne sont pas montrés, soit ils sont cachés dans l'ombre ou derrière des masques et des casques). 

 

Les films de l'enfance #4 - E.T. de Spielberg - Critique

       Pour continuer à parler de lumière, l'éclairage global de E.T. permet de rendre certaines séquences inoubliables en terme d'ambiance. La scène du premier contact entre Elliott et E.T., dans laquelle une forte lumière émane de la cabane de jardin, est époustouflante de beauté. Avec la Lune cachée sous les nuages, la brume inquiétante qui entoure la maison, la lampe-torche du garçon, tout est parfait dans la mise en place du fantastique. 

 

     Le film est donc sombre visuellement, mais pas que. Sur le fond, E.T. est également assez noir et, mises à part quelques frasques de notre cher alien, peu de scènes prêtent à rire. Même les passages plutôt comiques n'oublient pas d'être inquiétants, comme celui du bain qui peut aussi bien amuser que devenir angoissant lorsque la noyade est envisagée. Et c'est sans parler du dernier acte du film qui plonge le spectateur dans une peur profonde : celle de voir cet être attachant mourir sous les coups de défibrillateur. La séquence de réanimation d'E.T. était celle que j'appréhendais le plus pour mes filles car j'ignorais comment elles réagiraient devant ces figures autoritaires inquiétantes, devant les cris et les pleurs d'Elliott, devant le visage agonisant de l'extraterrestre. Finalement, tout est passé assez facilement, mais j'ai moi-même été touché par le côté glacial de l'ensemble, qui m'avait traumatisé étant enfant. 

 

     En plus de tout ça, le film propose une vision assez dure des adultes, souvent montrés avec de mauvaises intentions (les autorités placent la maison sur écoute avant de l'envahir physiquement). Dans la dernière partie, l'adulte est dépeint comme un être sans cœur qui, à force de vouloir s'approprier la découverte de l'extraterrestre, de l'analyser et de l'étudier, en oublie de chercher à communiquer avec lui. En effet, lorsque E.T. va appeler son ami à l'aide en implorant "Elliott !", les scientifiques vont s'étonner d'apprendre qu'il est capable de parler.

 

Les films de l'enfance #4 - E.T. de Spielberg - Critique

       E.T. est donc un film parfois effrayant, souvent triste. Cependant, il est aussi traversé par la magie et l'émotion, avec par exemple l'idée de ce cœur qui s'illumine chaudement, ou encore les scènes de vélos volants (une première fois devant la Lune, puis une deuxième devant le Soleil couchant). La musique de John Williams, magnifique, aide beaucoup en ce sens. Et puis, bien sûr, la fin du film est une merveille d'émotion et Steven Spielberg n'oublie pas de véhiculer un message d'amitié et de tolérance via cette connexion très forte entre Elliott et son ami venu d'ailleurs. J'ai particulièrement aimé que les extraterrestres soient à la fois pacifiques et extrêmement vulnérables du début à la fin. De plus, même si on entrevoit l'idée qu'ils sont venus pour étudier la vie sur Terre en effectuant des prélèvements de plantes, on ne sait pas exactement pourquoi ils n'ont pas cherché à contacter l'être humain. Et dans le fond, l'intérêt du film n'est pas là.

 

      Bref, si jamais vous vous posiez la question, il est tout à fait possible de montrer ce film à des enfants de 6 ans ou plus, à condition peut-être de les accompagner et les ménager lorsque E.T. est en danger de mort imminente. Pour ma part, je suis ravi d'avoir redécouvert E.T. que je n'avais pas vu (je pense) depuis 20 ans, mais aussi de pouvoir commencer à partager mon amour du cinéma avec mes enfants en leur faisant découvrir des cinéastes tels que Spielberg.

 

 

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M
Très bon choix! Visionné récemment et toujours aussi génial!
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S
C'est vrai ça, d'ailleurs c'est une bonne question ça : existe-t-il encore aujourd'hui des films pour enfants hors animation ? Très peu me viennent à l'esprit...
M
En effet! Bien différent de ce qui sort aujourd'hui pour la même tranche d'âge...
S
Je ne l'avais pas vu depuis si longtemps ! J'avais oublié à quel point la dernière partie était longue (dans le bon sens du terme).