Avec un peu de retard (désolé Sami, qui m'a conseillé ce film), j'ai enfin pu découvrir The Ice Storm, sorti en 1997 et réalisé par Ang Lee. Ce drame de 1h50 fut un ravissement, j'en ai savouré presque chaque minute. On y raconte l'histoire de deux familles voisines face à une tempête de glace qui s'annonce. A la fois mélancolique, dramatique et même un peu drôle, The Ice Storm est un film que je vous conseille de voir. Il entre même dans mon top 500.
Avec Glengarry Glen Ross, Sami m'avait déjà régalé avec un casting exceptionnel il y a deux semaines. Mais dans The Ice Storm, la liste s'allonge : l'ensemble du casting est totalement dingue. En vrac : Tobey Maguire, Sigourney Weaver, Elijah Wood, Christina Ricci, Kevin Kline, Joan Allen ou encore Adam Hann-Byrd (connu pour son rôle culte dans Jumanji) se donnent la réplique, et c'est sans parler de seconds rôles tels que Katie Holmes, Allison Janney ou James Sheridan... Dès le générique d'ouverture, ces noms se succèdent et je n'ai pas pu m'empêcher d'afficher un immense sourire de joie.
Chaque acteur campe son personnage avec talent, que ce soit chez les adultes comme chez les jeunes, ce qui est un atout majeur puisque The Ice Storm est avant tout un film à personnages avant d'être un film à scénario. Découvrir ainsi une pépite méconnue des années 90 (bien que l'intrigue se déroule en 1973) m'a fait un bien incroyable, puisque ça fait longtemps que je ne me suis plus intéressé à cette décennie alors qu'elle est probablement l'une de mes préférées de l'Histoire du cinéma (avec la décennie 2000). Un peu plus habitué à bouffer du film récent (post-2010), j'avais presque oublié à quel point les films des 90's avaient ce charme contemplatif. Ici, les plans sont longs, l'atmosphère est posée, le cadre est travaillé. Les couleurs froides et les images figées donnent du grain à moudre au propos du film, qui consiste à nous plonger dans le quotidien de personnages qui stagnent et peinent à tisser des liens émotionnels entre eux.
Les enfants sont en manque d'attention, en roue libre, presque abandonnés par des parents davantage préoccupés par leurs problèmes personnels que par l'éducation. Outre Christina Ricci que j'ai toujours trouvée exceptionnelle dans tous ses projets, les deux frangins campés par Elijah Wood et Adam Hann-Byrd sont absolument fascinants et tragiques dans leurs dialogues, leurs regards, leurs postures. J'ai adoré Mikey, joué par un Elijah Wood toujours aussi convaincant et lunaire que d'habitude. Il joue un gosse dans son monde, en décalage avec les autres, mais à qui personne ne prête particulièrement attention. Ses parents cachent ça sous le tapis en déclamant simplement que "Mikey plane tout le temps !". D'ailleurs, le côté planeur de Mikey est souvent très drôle et Elijah Wood m'a apporté quelques grands éclats de rire dans ses réactions et ses répliques. Le moment où son père vient dans sa chambre en disant : "Salut, je suis de retour à la maison !" et que Mikey répond simplement : "Tu étais parti ?" est magique.
Mais au-delà de l'humour qu'il apporte, ce personnage est également triste. La conclusion du film est déchirante et m'a abattu comme un coup de massue. Qui plus est, c'est à travers ce personnage que le réalisateur dévoile son propos. En effet, Mikey explique en milieu de film, lors d'une conversation à propos du gel, que le froid fige les molécules. Le cœur de The Ice Storm tient dans ce discours, puisque la tempête de givre ne sera qu'un prétexte un peu métaphorique pour montrer des personnages figés dans le temps et dans l'espace, incapables d'évoluer, bloqués dans leur propre vie. Il se dégage une profonde tristesse à les voir contempler ainsi le vide de leur existence, ce qui entre en contradiction avec leur envie d'être libres et de s'épanouir.
La musique et l'ambiance m'ont particulièrement envoûté, et ce, dès les premières minutes. A peine le film commence-t-il qu'on devine qu'il ne s'agira pas d'un film d'action ni de suspense : on a ici des personnages et on nous montre leurs relations et leurs émotions durant presque 2 heures. Ce pitch qui aurait pu donner un film extrêmement chiant s'avère passionnant et feutré, grâce à la BO sublime et aux multiples talents de ce casting fou.
En conclusion, je remercie Sami pour cette découverte car je n'avais jamais entendu parler de ce film, et je ne me serais probablement jamais tourné vers celui-ci sans sa proposition. J'ai adoré The Ice Storm, pour son casting, sa musique, son atmosphère, mais aussi pour sa manière de tenter de mettre en relation des personnages voués à la solitude. Un petit coup de cœur qui me marquera beaucoup dans le temps.