Film qui vient de fêter ses 20 ans ce mois-ci, La chute est un biopic historique qui retrace les derniers mois d'Adolf Hitler, en particulier son retrait dans le bunker où il s'est donné la mort. Oliver Hirschbiegel réalise ici clairement un film d'acteurs, où chaque élément du casting brille par son interprétation magistrale.
C'est effectivement par là que je vais commencer : en saluant le travail de toute l'équipe d'acteurs qui fournissent ici des prestations exceptionnelles. On a beaucoup loué l'interprétation de Bruno Ganz dans le rôle du Führer, et c'est tout à fait mérité puisqu'il est parfait d'un bout à l'autre, que ce soit dans les moments d'éclat comme dans les scènes plus calmes. Sans caricature, il incarne un Hitler terrifiant dans sa colère mais aussi vulnérable, rongé par la paranoïa. Cependant, le reste du casting permet également au film de rester palpitant sur une durée de 2h30, surtout pour un film majoritairement composé de dialogues, en quasi huis clos. Je ne citerai pas le casting complet mais des acteurs comme Alexandra Maria Lara (Junge), Ulrich Matthes (Goebbels), Corinna Harfouch (Goebbels) ou encore Juliane Köhler (Eva Braun) sont très impressionnant(e)s, chacun porte son personnage avec intensité dans chaque scène.
De nombreuses séquences sont mémorables, je retiendrai notamment celle de la destruction de la famille Goebbels, qui m'a hérissé le poil tant elle est poignante quant au sort de ces six gosses. C'est glaçant. La chute montre à quel point le fanatisme exacerbé peut mener à des horreurs et à un aveuglement total. De même, le suicide des Goebbels est brillamment filmé, dans un plan éloigné qui nous laisse à distance. D'ailleurs, La chute est un film étonnant concernant son point de vue. A part quelques scènes d'explosions dans la rue, on reste loin des divers événements, tout comme Hitler lui-même ainsi que son entourage. Il est rarement question de quitter ce bunker, ce qui nous plonge de manière presque claustrophobique dans la folie du dictateur durant les derniers jours de sa vie : irrationnel et mégalo même dans ses stratégies militaires. L'absence de compassion pour les victimes (opposées ou adhérentes au régime) nous montre à quel point ces gens étaient déconnectés de toute idée positive, seulement guidés par la haine et le pouvoir. En ce concentrant uniquement sur les responsables et non sur les victimes (ce qui est très rare lorsque le cinéma parle de la Seconde Guerre Mondiale), le réalisateur étudie les mécanismes du fanatisme.
Le film a essuyé quelques critiques concernant l'humanisation du Führer et des SS, mais c'est à mon sens tout le propos de La Chute : de rappeler que ces monstres étaient des êtres humains. Le choix de centrer l’histoire sur les personnes entourant Hitler permet de comprendre comment des individus ordinaires peuvent devenir complices d’atrocités, sans jamais les dédouaner (heureusement).
Bref, La chute est un film magistral, historiquement plutôt rigoureux malgré quelques passages romancés. Un grand film au point de vue surprenant, qui laisse une marque après le visionnage.