Aftersun - de Charlotte Wells - Critique à chaud

Aftersun - de Charlotte Wells - Critique à chaud

      Ce film vient de m'anéantir. Proposé par Damien, j'ai hésité à regarder Aftersun ce soir car il était déjà plus de minuit. Mais je l'ai bien senti, alors je me suis lancé... Et me voilà à 2 heures du matin, obligé d'écrire une critique à chaud, ou devrais-je dire à chaudes larmes, pour dire merci à Damien. Car Aftersun fait instantanément partie de ces films que je n'oublierai jamais, de ces très rares qui me hanteront des semaines ou des années. C'est pour des films comme Aftersun que j'ai créé ce blog, ce sont des films comme ça qui me font profondément aimer le cinéma.

 

Cet article révèle des points importants du film.

Aftersun - de Charlotte Wells - Critique à chaud

      Si le film de Charlotte Wells ne termine pas en première position de mon top 2025, alors cette année sera dingue. Ça fait longtemps que je n'ai pas écrit d'article de ce type, car je prends d'habitude quelques heures, voire une journée pour réfléchir à ce que je vais dire. Mais là, il n'y a pas besoin : Aftersun est un puissant coup de cœur et je n'ai pas à chercher mes mots. La réalisatrice a sorti en 2022 l'une des plus belles choses que j'ai vues ces dernières années, et je pèse ma phrase. Quand on sait que c'est son tout premier film, j'ai hâte de voir ce que la cinéaste écossaise va devenir.

 

      En me proposant de découvrir Aftersun, Damien ne savait peut-être pas que ce film réunissait à peu près toutes les thématiques qui me passionnent et me font vibrer. J'ai déjà mentionné sur le blog les deux sujets qui me sont le plus chers au cinéma. Premièrement, la relation paternelle, qui apparaît dans à peu près tout ce que j'aime depuis que le cinéma est ma passion. Même si je ne m'en suis rendu compte que très tard (voir l'article par ici), la relation père-fils, père-fille, ou tout simplement la figure paternelle me touche profondément. Take Shelter, Signes, Incassable, Interstellar, Into the wild, Lovely Bones, Captain Fantastic et j'en passe : mon top 50 en est truffé.

 

      Aftersun est donc naturellement venu me heurter en plein cœur avec cette relation père-fille intense en émotion et en délicatesse, d'autant que les deux acteurs sont exceptionnels. Paul Mescal, qui m'avait fait pleurer toutes les larmes possibles dans Normal People, continue ici de me prendre par les sentiments avec son regard, son sourire, son charisme. Quant à Frankie Corio, du haut de ses 11 ans, elle illumine l'écran de son jeune talent. Pour elle aussi, c'est une première fois sous l'œil de la caméra, et quelle entrée !

 

Aftersun - de Charlotte Wells - Critique à chaud

       Cependant, et c'est là que le film est venu me détruire, mon thème préféré au cinéma est celui des souvenirs. Globalement, la nostalgie et l'obsession de conserver mes souvenirs régissent ma vie, dans tous ses aspects. Alors, lorsque le cinéma traite ce sujet et le fait bien, je suis transcendé par les images, la musique, car ce que je vois à l'écran sublime les émotions que je vis déjà quotidiennement à travers les souvenirs. Ici, cette relation père-fille est vue par le prisme d'une caméra, que Sophie utilise pour filmer ses vacances avec son père, mais aussi pour se les remémorer 20 ans plus tard. Que voulez-vous que je vous dise ? C'est tout ce que j'aime. Le grain de l'image. Le sentiment que des moments heureux se sont perdus dans le temps. 

 

Aftersun - de Charlotte Wells - Critique à chaud

      Charlotte Wells, en plus, utilise tout ça avec une intelligence dans sa mise en scène qui force le respect, comme cette scène ci-dessus qui est d'une beauté renversante. L'idée du Polaroid est géniale pour accentuer cette idée du souvenir qui se fige quelque part, et qui ne sera jamais vécu à nouveau. De même, toutes les séquences qui tournent autour de lumières stroboscopiques sont brillantes, et l'idée s'avère incroyablement poignante lorsque la musique Under Pressure fait son apparition, réunissant alors le passé et le présent dans une déferlante d'émotion. C'est la perfection. Et je ne vais même pas parler du tout dernier plan du film qui est somptueux en terme d'image comme de musique. La BO, elle aussi, est une merveille du début à la fin : parfois poétique et douce pour appuyer les moments père-fille délicieux, parfois nostalgique et prenante pour nous rappeler que la vie est courte et que tout est précieux.

 

      La réalisatrice a même le temps de traiter avec profondeur, et grande subtilité, des thèmes difficiles comme la dépression (plusieurs répliques ou dialogues frappent avec une belle intensité, comme lorsque Calum confie qu'il ne pensait même pas atteindre 30 ans) ou la découverte de la sexualité (et la difficulté pour une pré-adolescente de découvrir son homosexualité dans un monde majoritairement hétéro).

 

      Je vais m'arrêter ici car j'aimerais profiter de ce moment magique, ces quelques heures qui suivent la découverte d'une œuvre qui vous marque profondément. Merci encore à Damien, t'espérais finir par taper dans le mille, voilà qui est fait. Il va falloir que je le revoie une deuxième fois, et vite.

 

     Note : Après quelques jours de réflexion, Aftersun entre dans mon top 50. Je ne sais pas s'il tiendra longtemps, mais il m'a énormément marqué.

 

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E
Je pensais bien que ce film allait te plaire, tant je l'ai trouvé également bouleversant. C'est pour cela que nous aimons le cinéma, pour découvrir ce genre de pépite que l'on a envie, une fois visionnée, de partager avec notre entourage. Il va d'ailleurs falloir que je le revois avec ma chère et tendre qui ne l'a pas vu. J'en frétille d'avance... :)
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S
J'ai des images qui repassent depuis hier. J'attends aussi de le revoir, mais j'ai l'impression qu'il pourrait prétendre à aller dans le top 50.
E
Je ne peux que comprendre ton ton émotion et ton enthousiasme. J'ai aussi eu un temps de sidération et d'abattement quand je l'ai fini le visionnage. A titre personnel, c'est mon film préféré découvert l'année dernière (parmi plus de 300), et d'assez loin.
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S
Merci pour ton retour ! J'ai vu que la réalisatrice avait sorti 3 courts-métrages avant Aftersun, tu les as vus ?