RRR - de S. S. Rajamouli

      Voilà un film qui fait plaisir pour sa démesure la plus totale. RRR est l'un des films les plus réalistes de ces dernières années, subtil et, surtout, fidèle à l'Histoire de l'Inde. C'est faux, bien sûr, mais on s'en fout ! Avec Rise Roar Revolt, l'Inde a fait voler en éclats la morosité des superproductions hollywoodiennes, montrant que le cinéma pouvait encore être grandiose, spectaculaire, fou. 

      Sacrée expérience que ce film de Rajamouli. Malgré ses trois heures, il démarre sur les chapeaux de roue avec la présentation des deux personnages principaux (Raju affronte la population révoltée et Bheem piège un tigre) et c'est l'une des ouvertures de films les plus dingues que j'ai pu voir récemment. On dirait une sorte de Matrix mélangé à du Ong Bak ou du 300, sauf que ça se passe dans l'Inde de 1920. En plus d'être original, colossal et excessif, RRR est une belle histoire d'amitié entre deux personnages qui nous fascinent dès les premières minutes. Tout est fait pour maintenir le spectateur accroché à son siège à travers des situations rocambolesques où les protagonistes s'en sortent de manière improbable, jusqu'à un final qui dépasse le stade du n'importe quoi.

      En dehors des effets visuels qui sont parfois cheap, le film ose des choses surprenantes en matière de mise en scène et c'est probablement la grande force de RRR : aucune limite ne semble avoir été fixée, du moment que l'ensemble global gardait une cohérence interne du début à la fin. L'action est permanente mais le réalisateur n'oublie jamais de rappeler les connexions entre les différents personnages, auxquels il est facile de s'attacher. Le tout est rafraichissant même si on est loin d'atteindre des sommets de subtilité ou d'intelligence en matière de scénario, et c'est peut-être là que RRR atteint finalement ses limites.

       Malgré tout, difficile de ne pas prendre son pied malgré quelques petites longueurs (pas étonnant sur 180 minutes), d'autant que le casting est irréprochable. Les deux acteurs principaux ont un charisme à toute épreuve, surtout Ram Charan dont le personnage est iconisé presque en permanence par la caméra et le souffle épique. Du côté des acteurs secondaires, on est également servi avec quelques têtes connues (Ray Stevenson, ou encore Alison Doody qui jouait la géniale Elsa Schneider dans Indiana Jones) mais surtout des révélations féminines. On peut citer Alia Bhatt ou la jeune Twinkle Sharma, mais j'ai particulièrement adoré le jeu d'Olivia Morris dans le rôle de Jenny, elle brille à chacune de ses apparitions dans un rôle solaire. Pour un premier rôle au cinéma, elle fait une entrée fracassante et je ne serais pas surpris de la revoir prochainement ailleurs. 

       Bref, voilà un film qui fait du bien et qui se regarde avec plaisir. RRR est généreux (très, trop ?) et nous en met plein les yeux, tout en proposant une BO assez incroyable. Un film à voir absolument.