Ce n'est pas ici que je me ferai des amis. J'en suis le premier surpris et triste, mais parmi ces trois films reconnus comme des chefs d'œuvre, aucun ne rejoindra malheureusement mes chouchous, malgré des qualités indéniables. J'aurais aimé qu'ils me subjuguent au point de leur consacrer un article complet, mais je me contenterai finalement de les critiquer rapidement ici.
Trois couleurs - bleu
Ce drame de Krzysztof Kieslowski a bien failli me conquérir totalement, mais il a clairement manqué quelque chose pour que j'en ressorte bouleversé. Quelques jours plus tard, d'ailleurs, je me surprends à revoir quelques passages du film pour me souvenir de ce dont il était question exactement... Le film raconte la survie de Julie qui, après un accident de voiture qu'elle a engendré, perd son mari et sa fille. Le début m'a happé, car la mise en scène de Trois couleurs - bleu est magnifique, notamment les teintes de bleu qui parcourent le film et rendent certains plans mémorables (cette guirlande de pierres bleues qui se reflètent à la lumière est une merveille). Puis, le film prend une tournure inattendue en se concentrant sur le travail inachevé du mari, compositeur reconnu qui est mort en laissant derrière lui des bribes de partitions.
Trois couleurs - bleu est un film assez froid, ce qui est renforcé par ce bleu omniprésent, et c'est plutôt malin car le personnage principal semble vidé de toute émotion. Malheureusement, je trouve que le scénario a du mal à suivre, avec notamment une dernière partie qui s'égare sur des chemins pas très passionnants. On comprend de quelle manière Julie accède à cette "liberté" que le film est censé aborder en tant que premier volet d'une trilogie "Bleu - Blanc - Rouge", mais on oublie très vite le deuil de sa fille (dont on ne parle presque plus à partir de la moitié) et il est compliqué de voir une quelconque évolution chez le personnage de Julie. Ceci dit, les ambiances sont superbes, tout comme la photographie, et il faut souligner le talent incommensurable de Juliette Binoche qui livre ici une sacré performance.
Les chaussons rouges
Ce film de 1948 signé Michael Powell et Emeric Pressburger est certes très joli, mais un peu long (d'autant que ça manque de rythme). Il faut reconnaître aux Chaussons rouges d'immenses qualités, comme la beauté de l'image et des couleurs, et certains plans qui sont somptueux et mettent des étoiles dans les yeux. Le film est notamment traversé d'un segment de ballet plus de 15 minutes qui enchaîne les trouvailles en terme de mise en scène et de magie. On peut également citer la fin du film, avec cette dernière représentation qui est d'une incroyable poésie. Malgré tout ça, j'ai trouvé l'ensemble assez creux, notamment la dernière partie qui se concentre sur le tiraillement entre l'amour et l'art, laissant entendre que les deux sont incompatibles. J'ai trouvé ça globalement niais, particulièrement le sort réservé au personnage principal qui m'a semblé d'un ridicule assez consternant. Cela n'empêche pas au film de m'avoir marqué sur la forme.
Rio Bravo
On termine avec Rio Bravo, qui est parfois considéré comme le meilleur western de l'Histoire du cinéma. Et là, je dois vous avouer que je suis perplexe, car le film d'Howard Hawks ne me semble pas mériter tous ces éloges. En plus d'un scénario complètement plat (gentils contres méchants !) d'un manque de rythme absolu (dialogues futiles à n'en plus finir), Rio Bravo se permet de glisser là une romance aussi étrange que surprenante : cette jeune femme tombe éperdument amoureuse d'un shérif qui a le double de son âge pour absolument aucune raison. Je sais qu'on est en 1959 et que le cinéma n'était pas encore vraiment au point en terme de représentation de la femme, m'enfin tout de même... voir ça aujourd'hui semble sincèrement dépassé et grossier (et je ne parle pas de la conclusion du film où la jeune femme passe littéralement pour une débile qui n'attend que la validation de son bien-aimé qui, lui, a l'air de s'en foutre royalement). Si encore John Wayne avait du charisme, mais il n'est ici qu'une pâle copie de lui-même, complètement mou, pas vraiment impliqué.
Bref, Rio Bravo est tout de même sympathique à regarder, mais bien loin du "western culte et inégalable" qu'on m'a souvent vendu. On est très (très) loin d'un spaghetti... d'autant que le film ne met pas en valeur les paysages, il s'agit d'un quasi huis clos un peu mou du genou, sans aucun enjeu. En effet, je ne me suis pas senti une seule minute concerné par cette petite histoire interminable qui s'étire sur près de 2h15, où il est seulement question de surveiller un type dans une prison pour éviter son évasion. Désolé, mais je ne comprends pas. Le western fera mille fois mieux par la suite. Voilà, vous pouvez me cracher dessus à présent.