The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z

The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z

       Aujourd'hui, il était 23h15 lorsque je me suis mis à écouter un peu par hasard des musiques de Lovely Bones de Peter Jackson. Une petite voix m'a dit : "Il est tard, mais tu t'en fous : ça fait longtemps (trop longtemps) que tu repousses le re-visionnage de cette merveille. Alors fais-toi plaisir". N'écoutant que mon cœur, j'ai donc lancé le DVD sans réfléchir et putain, quelle bonne idée c'était ! Dix ans après l'avoir vu pour la dernière fois, j'ai enfin pu revivre tout ce qui m'avait déchiré à l'époque, et ainsi confirmé sa très belle place dans mon top 50, duquel il ne partira probablement jamais. Un film qui me bouleverse à chaque fois, que je trouve parfait dans son traitement, qui me fait chavirer comme rarement. Et pour ne rien gâcher, qui contient l'un de mes plans préférés de toute l'histoire du cinéma (il serait dans un top 10, probablement).

 

      Comme je l'ai fait récemment pour Le Seigneur des Anneaux, j'ai choisi de reprendre Lovely Bones point par point dans l'ordre chronologique, afin d'expliquer tout ce que j'ai ressenti pendant ma séance. Après tout, ce blog a été créé pour le partage de mes émotions. Et quand il s'agit de Lovely Bones, des émotions, ce n'est pas ce qu'il manque. J'écris cet article 15 minutes après avoir pleuré toutes les larmes possibles.

 

The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z

      Pour commencer, Lovely Bones nous présente le personnage principal par l'intermédiaire d'une voix off : Susie Salmon est une adolescente normale de 14 ans qui a les préoccupations d'une adolescente normale de 14 ans. Dès le départ, et jusqu'à la toute fin, le film sera présenté du point de vue de Susie, même après sa mort qui est annoncée au bout de quelques minutes seulement. Je tiens à insister sur ce point : nous sommes plongés dans la tête d'une fille de 14 ans, qui rêve de magie et de prince charmant, et je trouve incroyable de voir à quel point un type de presque 50 ans, qui a réalisé des trucs tels que Bad Taste ou Braindead, a pu nous proposer ici un univers aussi féérique et presque enfantin. 

 

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      La musique, déjà, nous donne cette impression de suivre la vie d'une petite fille qui nage dans un monde bien à elle, avec ses premières sensations d'amour comme bouleversements émotionnels, et ses parents comme cocon (Wave of a Whisper en est un parfait exemple). Les compositions de Brian Eno seront, tout au long du film, autant de moments de magie adolescente que de vagues d'émotion pure. Lovely Bones se place uniquement sous la perspective de Susie, et c'est très important de le comprendre notamment pour la fin du film, qui respectera parfaitement les envies du personnage dans la résolution finale. Saoirse Ronan (14 ans elle-même lors du tournage) est géniale dans ce film. 

 

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       En dehors de Susie, l'autre personnage important de Lovely Bones est interprété par le talentueux Stanley Tucci, qui livre ici à mon goût l'une des performances les plus terrifiantes de la décennie 2000. Le personnage nous est d'abord présenté de manière cachée, à travers une maison de poupée, le visage dans l'ombre, comme il est coutume de le faire au cinéma lorsqu'il s'agit d'introduire un assassin. La mise en scène de Peter Jackson est incroyable, mais est-il besoin de le préciser concernant ce cinéaste ? Nous avons par exemple ces plans débullés qui nous permettent de comprendre, sans même voir la tête du tueur, à quel point il est dérangé.

 

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      Puis, Lovely Bones rentre dans le vif du sujet avec la rencontre fatale entre Susie et Harvey, avec un climat de tension qui terrifie, grâce au talent de Stanley Tucci, flippant dans ses postures déviantes accentuées par les contre-plongées, mais aussi de Saoirse Ronan qui apporte ici à son personnage toute la fragilité nécessaire pour montrer qu'elle est subitement mal à l'aise. Le spectateur est tendu, car il sait très bien ce qu'il va se passer dès que la jeune fille aura passé cette trappe. Une fois le piège refermé, il n'y a plus qu'à assister à l'horreur.

 

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      C'est ici que j'ai versé mes premières larmes, après seulement 30 minutes d'un film qui dure 2h15. La force des deux acteurs mêlée à la réalisation précise de Peter Jackson donne à cette mort quelque chose de puissant et poignant, notamment à travers cette image de fantôme qui s'extrait de la trappe alors que Susie, elle, ne pourra pas s'échapper. Sublime.

 

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      Susie évolue ensuite dans une sorte d'entre-deux mystique, on comprend alors qu'elle continue de hanter la ville tant qu'elle n'a pas résolu tout ce qu'elle avait à accomplir avant de partir réellement. Premièrement : communiquer avec sa famille. Deuxièmement : les mener sur la trace du tueur. Troisièmement... bon, ça, on y viendra à la fin !

 

      Encore une fois, la mise en scène est assez dingue, on suit Susie dans ses errances, voyageant à travers le monde des vivants qu'elle laisse derrière elle : des parents inquiets puis dévastés, mais aussi son propre bourreau qu'elle visualise en train de prendre un bain suite à l'assouvissement de sa pulsion malsaine. Quelques plans sont sublimes, comme celui sur le petit bracelet de la jeune fille pendu au robinet (avec une prise de vue qui n'est pas sans rappeler celles de l'Anneau dans The Lord of the Rings), ou encore cette vision de Susie déchirée par la révélation de sa propre mort.

 

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       Difficile ensuite de ne pas pleurer lorsque les parents de Susie apprennent que le bonnet de leur fille a été retrouvé à côté de "pas mal de sang", d'autant que Rachel Weisz et Mark Wahlberg (oui oui, lui aussi) sont terriblement émouvants du début à la fin du film. On ressent le drame sur leurs visages, dans leurs attitudes, mais aussi leur façon radicalement différente de traiter l'information. L'une va tenter de nier l'évidence et sombrer dans le déni, tandis que l'autre va être obnubilé par cette disparition et par l'obsession de retrouver le tueur. Encore un film qui parle d'une relation père-fille et qui se retrouve dans mon top 50.

 

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      Suite à ça, Peter Jackson nous inonde de plans sur l'au-delà imaginé par Susie. Certains cinéphiles ont largement critiqué le côté kitsch de certaines images, et je ne suis pas du tout d'accord. Il ne faut pas oublier, encore une fois, que tout se passe dans la tête de Susie, adolescente de 14 ans pour qui le monde est plein de couleurs et d'espoir, une jeune fille créative dont la passion récente (la photo) était particulièrement prononcée. Peut-être même les débuts d'une vraie vocation étouffée par sa mort. Pas étonnant, donc, de retrouver dans cet au-delà des vues d'artiste pleines de lumière et de couleurs, tout en rappelant de superbes souvenirs de sa vie. Ces images sont merveilleuses, notamment ce plan où Susie attrape une fleur pour ne pas quitter le monde des vivants et que l'image se retourne pour symboliser le basculement de son âme vers la mort.

 

(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)
(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)
(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)
(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)
(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)
(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)

(un petit air de Sauron, ce phare, non ?)

      Vient ensuite cette séquence poignante lors de laquelle le père casse toutes les bouteilles qu'il avait confectionnées, sauf celle qu'il avait élaborée avec sa fille, car il ne peut se résoudre à briser ce souvenir douloureux malgré sa tristesse. Toutes ces bouteilles brisées se matérialisent alors dans l'univers de la jeune fille de façon gigantesque, s'échouant sur une plage, rendant la scène impressionnante voire terrifiante de son point de vue. J'ai donc pleuré une deuxième fois.

 

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     Un peu plus tard, Susie va faire des révélations aux deux personnes qui s'activent toujours à découvrir l'identité du tueur. Tout d'abord, à son père, à travers l'une des plus belles scènes du film, accompagnée de la merveilleuse musique de Brian Eno "3M1" qui est à mon goût l'une des grandes réussites de Lovely Bones. 3M1 parvient à capter à la perfection ce sentiment qui mélange le deuil, l'espoir, la révélation, la tristesse. Elle est à la fois sombre et lumineuse, bouleversante. J'en ai des frissons rien à qu'à la réécouter. Et puis cette fleur qui s'ouvre, pour montrer le chemin, est magnifique.

 

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      Puis, ce sera au tour de Lindsey, la sœur de Susie, de faire la révélation majeure du film : découvrir l'identité du meurtrier. Et là, Peter Jackson nous sort l'artillerie lourde avec l'une des scènes les plus tendues que je connaisse. Dans cette séquence, le cinéaste fait preuve d'un sens du suspense hallucinant, notamment avec ces gros plans sur les ongles contre la planche, et le silence absolu qui rend l'atmosphère terriblement angoissante. Tout ce passage, dans la maison de Harvey, est une leçon de mise en scène. Tout est parfait, jusqu'à ces deux plans où Stanley Tucci court dans la maison avec la caméra accrochée sur sa tête, manifestant à l'écran tout la rage meurtrière qui anime son personnage. Que c'est bon, putain.

 

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       A partir de là, Lovely Bones devient un enchaînement de séquences brillantes jusqu'au générique final. Tout d'abord, nous avons la représentation du "paradis" du point de vue de Susie, baignée de lumière car la lumière va être faite sur tous ces meurtres. Susie rejoint toutes les victimes qui vont enfin pouvoir partir apaisées, et on se prend dans les oreilles encore une magnifique chanson signée Mortal Coil : "Song to the Siren". Ca fait quasiment 15 ans que j'écoute cette musique régulièrement et qu'elle me fait frissonner jusque dans mes os. J'avais oublié à quel point Saoirse Ronan est exceptionnelle dans cette scène. Pour certains, la photographie sonne fausse ou ridicule. Pour moi, elle amène une explosion d'émotion.

 

The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z
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      Et puis, nous arrivons alors à la conclusion pour Susie. Le spectateur est sur les nerfs, car Harvey semble pouvoir s'en sortir à la décharge. Le coffre fort où reposent les restes de Susie est prêt à disparaître dans les profondeurs de la terre. Les autorités sont aux trousses du tueur. Seront-ils assez rapides ? La réponse tombe comme un couperet : non. Susie ne va jamais être retrouvée, laissant à sa famille un mystère terrible qui les hantera à tout jamais. Cependant, du point de vue de Susie, c'est bien autre chose qui se passe au moment où Harvey jette son corps : elle va enfin pouvoir accéder à son vœu le plus cher. Celui d'une adolescente de 14 ans qui n'a jamais pu embrasser celui qu'elle aimait. Et là, je vous le dis, ce ne sont pas des larmes qui m'ont traversé, mais un séisme d'émotions qui m'ont fait trembler. 

 

       Tout commence avec ce plan magnifique : l'image de Susie captée par Ruth au moment crucial. Sa forme fantomatique s'avance avec détermination dans ce reflet de paradis aussi lumineux que sombre, et la musique de Brian Eno apporte une sacrée dose de frissons. Puis, on comprend (et c'est déprimant) que Susie n'est pas revenue pour stopper Harvey, non. Elle revient pour cette ultime chance d'embrasser Ray, mettant fin à cette sensation d'inachevé, signant sa liberté.

 

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     Au niveau de la résolution du personnage, c'est parfait. Au niveau de l'émotion, il n'y a même pas de mots. Et musicalement, c'est là que Lovely Bones atteint son sommet avec un enchaînement de musiques qui viennent nous détruire : tout d'abord la musique de Susie, douce et enfantine lorsqu'elle revoit enfin son amoureux. Et pour finir, l'ambiance s'assombrit avec The Big Ship de Brian Eno (j'ai assez crié mon obsession pour cette musique) avec l'un des plans les plus magnifiques du cinéma, celui que je chéris par-dessus tout : la chute du corps de Susie dans la fosse (à partir de 6:50 dans la vidéo ci-dessous). C'est... pfiouf ! Je n'ai rien pour décrire ça. C'est la raison pour laquelle Lovely Bones fera toujours partie de mon top 50. 

 

The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z
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      Je vous mets la vidéo de ces 7 minutes de pure perfection (espérant qu'elle ne sera pas supprimée avec le temps) : ça part de la vision paradisiaque avec Song to the Siren, pour enchaîner avec toute la séquence de baiser et de disparition de Susie. Que c'est beau. Je pourrais regarder ça mille fois et pleurer mille fois. 

 

      Enfin vient la conclusion du film, que je peine à voir car les larmes ont brouillé ma vue, mais je ne veux surtout pas rater ça : Harvey doit mourir. Il obtient ce qu'il mérite. Le film se termine alors sur la voix off de Susie Salmon qui reprend ses paroles du début, sauf qu'elles sonnent désormais différemment. La dernière image est un cliché de la jeune fille, heureuse, immortalisée par son appareil photo. C'est du génie. 

 

The Lovely Bones - 10 ans plus tard - Critique de A à Z
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       Voilà. J'ai livré mes émotions telles quelles, sans trop réfléchir. Il est 3h du matin et j'ai passé ma plus belle séance de ce début 2025. Un régal. Quel plaisir d'avoir retrouvé ce film 10 ans plus tard ! Je vais me faire la promesse de le regarder plus souvent. Merci Peter Jackson.

 

      Note : Il va maintenant être temps pour moi de découvrir le roman d'Alice Sebold dont le film est adapté. S'il est bien dans ma bibliothèque, je ne l'ai malheureusement toujours pas lu pour comparer...

 

 

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M
C'est grâce à ton blog que mon frère et moi avons découvert il y'a 10 ce film sortis de nul part (pourtant réalisé par un des plus grand cinéaste de tout les temps).<br /> <br /> Je me souvient encore de mon 1er visionnage... J'avais 16ans, et je n'avais encore pas vu énormément de film du à mon jeune âge , et BON DIEU ce film !! <br /> Cette œuvre m'a clairement ouvert à cette passion du cinéma. Lovely Bones m'a transporter, m'a fait rêver, m'a terrifié à en faire littéralement des cauchemar (la scène de la cave... tellement dur à regarder encore aujourd'hui), <br /> Mais ce film m'a surtout terriblement ému, et m'a permis de porter un nouveau regard sur la mort et le deuil. Je revois encore mes larmes de tristesse couler sur ma joue dans la plupart des scène que tu décris içi.<br /> <br /> Ce film m'a tout simplement fais grandir, et ces musique parcours encore aujourd'hui mes instants de vie. <br /> Lovely Bones fais aussi partie de mon top 10 des + beau film que j'ai vu de toute ma vie, et n'en sortira probablement jamais.
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S
Merci, j'aime lire ce genre de commentaires pleins de passion ! J'ai failli le voir à nouveau ce soir, je me passe des scènes en boucle. Je me demande bien pourquoi j'ai attendu 10 ans.
S
Tu en parles tellement bien que je ne sais toujours pas pourquoi je suis si méchant (je l'ai mal noté) avec ce film... et je l'ai pourtant vu deux fois à quelques années d'intervalle
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S
Je suis peut-être trop focalisé sur ma sensibilité, trop indulgent, trop touché. Avec un peu de recul je comprends les critiques sur l'aspect visuel de "l'au-delà", et d'un autre côté je comprends aussi ce parti-pris de Jackson.
E
Tu m'as trop donné envie de voir ce film. Je viens de le commander. Vivement qu'il arrive dans ma boîte aux lettres, j'ai trop hâte ;)
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S
Haha j'espère que tu m'en donneras des nouvelles ! C'est un peu un tout ou rien je pense, soit tu vas trouver ça un peu niais, soit tu seras autant touché que moi. Hâte de savoir ce que t'en auras pensé !