Quelques films en vrac #52 - Spéciale noir & blanc

       Après trois articles à fleur de peau (très (trop)), lourds en subjectivité et en superlatifs, revenons sur quelques pionniers du cinéma à travers quatre films de la première moitié du XXe siècle que je ne peux que vous conseiller, et pour lesquels mes propos seront plus mesurés.

L'Assassinat du Duc de Guise (1908)

       L'assassinat du Duc de Guise, réalisé il y a 117 ans par André Calmettes et Charles Le Bargy, est une reconstitution en 16 minutes d'un épisode historique au cours duquel le Duc de Guise fut poignardé à mort par les gardes du roi Henri III. Si le film est globalement assez ennuyeux, on ne va pas se mentir, il y a toujours un certain intérêt à découvrir les origines du cinéma. Ce film fut un pionnier, puisqu'il présente tout simplement la toute première "BO" du cinéma : c'est en effet la première fois qu'une musique fut commandée spécialement pour un film, composée par Camille Saint-Saens. 

A fool and his money (1912)

      En lui-même, le film n'est pas palpitant, mais il est intéressant de se pencher sur A fool and his money pour trois raisons historiques. Premièrement, il s'agit de l'un des films d'Alice Guy, la toute première réalisatrice de l'Histoire du Cinéma, qui avait débuté sa carrière en 1896 avec La fée aux choux. Deuxièmement, c'est pionnier puisqu'il s'agit du premier film avec un casting entièrement afro-américain, fait assez étonnant pour l'époque de sa sortie. Enfin, A fool and his money fait partie de ces films qui ont été retrouvés miraculeusement alors qu'il avait la réputation d'avoir disparu. C'est récemment qu'un ingénieur de Californie, David Navone, est tombé sur la bobine en la trouvant dans un coffre acheté dans un marché aux puces (ou lors d'une vente immobilière, selon les sources)... Restauré et conservé par l'AFI, le film a finalement été diffusé publiquement en 2018, pour la première fois depuis plus d'un siècle.

Le Mécano de la General (1926)

       Un réel coup de cœur pour mon premier Buster Keaton, avec ce film burlesque épatant pour ses trouvailles et sa mise en scène. Le film qui va bientôt fêter ses 100 ans est extraordinaire sur le plan purement technique, utilisant de véritables locomotives et de réelles cascades aussi drôles qu'impressionnantes. On passe 1h30 à bord de ce train et on ne s'ennuie pas une seconde : Keaton a un don pour rendre certains passages savoureux avec ses mimiques, ou spectaculaires avec ses cascades. Je ne peux que vous conseiller de découvrir Le Mécano de la General, c'est un excellent moment, divertissant et techniquement réussi.

Assurance sur la mort (1944)

       Petit chef d'œuvre du film noir, Double Indemnity est captivant pour son atmosphère sombre et ses personnages mystérieux. On y suit un vendeur d'assurances qui va s'associer à une cliente en organisant le meurtre de son mari pour toucher le pactole proposé par sa propre compagnie. On a ici affaire à un véritable film d'enquête, passionnant dans sa résolution et son scénario finement orchestré. Comme souvent pour ce genre de polars en noir et blanc, un soin tout particulier est apporté aux jeux d'ombres et de contrastes, avec quelques plans d'une beauté époustouflante. Quant au casting, les performances sont magistrales du début à la fin. Je vous conseille donc sans hésiter le visionnage de ce thriller tendu et malin.