Quatre épisodes d'une heure, chacun tourné en un seul plan-séquence, voilà le défi que propose Adolescence. Jamie est un collégien de 13 ans qui est accusé du meurtre de l'une de ses camarades. Au fil de son interrogatoire et de l'enquête de police, on comprend que l'histoire est plus complexe qu'elle n'y paraît. Adolescence, écrite par Jack Thorne et Stephen Graham, est un pari totalement réussi, une prouesse de réalisation qui tient en haleine jusqu'au bout en multipliant les points de vue autour de ce drame.
Je ne peux que vous conseiller de jeter un œil à cette série qui nous plonge dès le départ dans le feu de l'action. Au bout de dix minutes, lorsque j'ai compris que l'épisode entier serait tourné en plan-séquence, j'ai pris un plaisir fou à voir évoluer la caméra, qui s'envole d'un décor à l'autre via un drone, parcourt les couloirs de manière fluide, s'accroche à un nouveau personnage au détour d'une pièce. La performance technique est impressionnante, même si le procédé perd un peu d'intérêt par moments, notamment dans l'épisode 3 qui se déroule presque entièrement dans une seule unique : on sent que la caméra ne sait pas trop quoi faire, elle tourne autour des personnages et ça m'a semblé un peu étrange, voire superficiel.
Il faut évidemment saluer le talent des acteurs qui parviennent à rester crédibles à chaque instant alors qu'ils n'ont pas toujours la possibilité de sortir de leur personnage. On assiste à de sacrées performances chez tous les acteurs, notamment Owen Cooper qui est exceptionnel, mais je retiendrai surtout Stephen Graham qui est parfait dans le rôle de ce père détruit par la situation. J'ai également été frappé par l'interprétation d'Erin Doherty dans le rôle de la psychologue dans l'épisode 3 : l'actrice n'a droit à aucune minute pour souffler, la caméra est fixée sur elle en permanence.
Pour ne rien gâcher, l'écriture de la série est précise et passionnante, il est difficile de prévoir à l'avance les événements qui vont se produire. Même si, globalement, Adolescence est une étude psychologique de Jamie et de son entourage, on a de vrais doutes tout au long de ces quatre épisodes, mais aussi de réelles surprises concernant la résolution de cette affaire. Le premier épisode, tout particulièrement, est parfaitement écrit de la première à la dernière seconde.
Je n'en dis pas plus : Adolescence est fascinant et souvent poignant, sans mélo ni clichés. J'ai adoré la complexité de Jamie et les quelques indices (pas toujours évidents) qui peuvent potentiellement expliquer ses comportements. Une vraie réussite que je vous recommande.