Suzume - de Makoto Shinkai - Critique

Suzume - de Makoto Shinkai - Critique

       Le dernier film de Makoto Shinkai me donne à nouveau envie de replonger dans l'univers de la japanimation. Sans pour autant s'approcher de la claque émotionnelle qu'avait été Your Name., Suzume continue d'explorer les thèmes de prédilection du cinéaste : l'amour, le destin, le voyage initiatique à travers le Japon.

 

Suzume - de Makoto Shinkai - Critique
Suzume - de Makoto Shinkai - Critique

      Suzume ne m'a pas transporté ni bouleversé autant que je l'aurais voulu, mais il faut dire que mes attentes sont élevées dès qu'on parle du réalisateur de Your Name. Le film est un joli voyage fait d'étapes successives, de rencontres, de portes surnaturelles vers un autre monde. Encore une fois, l'animation est sublime et il est difficile de ne pas s'émerveiller devant certaines scènes qui ressemblent parfois à de véritables tableaux. Suzume est magique et poétique, c'est d'ailleurs le cœur du travail de Makoto Shinkai qui aime explorer la solitude ou le passage à l'âge adulte à travers la distance temporelle ou physique qui existe entre ses personnages. Le film est également parcouru d'idées rigolotes qui permettent de ne jamais s'ennuyer et qui ne se limitent jamais à des moments comiques : il y a toujours un double rôle pour créer un subtil mélange entre humour et mélancolie. Par exemple, cette chaise animée à trois pieds peut souvent faire rire, puisque Sato a bien du mal à contrôler ce nouveau "corps", mais elle représente également le deuil tragique et l'absence d'une mère. De même, on peut citer le chat Daijin qui offre quelques rires, mais aussi de véritables moments suspendus, emplis de tristesse et de nostalgie.

 

Suzume - de Makoto Shinkai - Critique
Suzume - de Makoto Shinkai - Critique

      Malgré toutes ces qualités, Suzume est parfois aussi bancal que cette chaise à trois pieds. Scénaristiquement, j'ai été déçu par plusieurs aspects de cette histoire, ce qui m'empêche de classer le film parmi mes coups de cœur. La romance entre Suzume et Sato est à peine effleurée et difficilement explicable, ce qui donne un côté superficiel à l'ensemble, notamment concernant les émotions du personnage principal. De même, tout le délire autour des vers surnaturels est finalement assez peu développé : on comprend que Suzume doit les stopper coûte que coûte, mais leur origine et la source de leur dangerosité n'est jamais vraiment expliquée. Qui plus est, l'aspect répétitif finit par lasser : Suzume va de région en région pour toujours remplir la même mission : fermer une porte. De ce côté, le film laisse peu de surprises.

 

Suzume - de Makoto Shinkai - Critique

     Là où Suzume aurait pu surprendre émotionnellement, ça aurait été dans la révélation finale : que se cache-t-il derrière ces portes ? Le film laisse régulièrement des indices à travers les rêves de la jeune fille, mais j'ai encore une fois trouvé la résolution assez décevante. Le deuil de la maman aurait pu donner lieu à des séquences d'émotion pure, comme dans Your Name. lorsqu'on plonge dans les souvenirs d'enfance de Mitsuha, mais c'est ici traité en surface et je suis resté sur ma faim. J'aurais, par exemple, aimé avoir une explication plus sensible et rationnelle pour le pied manquant de la chaise. 

 

     Bref, j'ai vraiment adoré Suzume : c'est objectivement un conte sublime et merveilleux, mais il n'atteint pas les montagnes émotionnelles des autres films du même genre. Il n'aurait pourtant pas manqué grand chose : juste un développement plus approfondi de la psychologie des personnages.

 

 

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