Lorsque j'avais 17 ans, j'ignorais encore que le cinéma était ma passion. Un après-midi, j'ai fait part à ma mère de mon envie de découvrir des films autres que les thrillers que mes parents adoraient regarder chaque soir à la télé. Il n'a fallu que cinq minutes pour que le DVD d'Edward aux mains d'argent se retrouve dans le lecteur. "Je suis sûre que ça va te plaire !", a dit ma mère.
1h45 plus tard, j'étais conquis et émerveillé. J'avais découvert l'une des bases les plus solides de mon top 50. Le lendemain, ma mère m'a conseillé Point Break et nous l'avons regardé ensemble. Depuis ce jour, le cinéma ne me lâche plus.
Vingt ans ont passé, plus ou moins, et je me souviens encore de l'effet qu'a eu Edward aux mains d'argent sur moi. Je n'ai pas vu ce chef d'œuvre de Tim Burton depuis 15 ans (erreur à réparer cette année), et pourtant je pourrais citer des dizaines de scènes du film, de répliques, de regards, d'émotions, de musiques. Parmi tous les instants merveilleux que Burton propose, je n'oublierai jamais ces quelques mots prononcés par Winona Ryder et Johnny Depp : probablement pour moi l'une des plus belles scènes d'amour du cinéma.
Hold me...
I can't...
Je n'ai même pas besoin de revoir la scène ci-dessus pour ressentir ces frissons parcourir tout mon corps. Les yeux de Winona Ryder sont des bijoux de douceur, la fragilité que Johnny Depp insuffle à Edward est déchirante. Tout dans cette scène est beau et tragique à la fois, notamment cette réplique : "I can't", d'une tristesse infinie. Edward est un personnage extrêmement attachant, mais cette réplique lui donne encore plus de profondeur : le personnage exprime ici tout son mal-être, sa sensation d'exclusion, sa peur de blesser. Il s'interdit toute forme d'amour ou de bonheur car il ne pense pas mériter d'y accéder. En refusant de prendre Kim dans ses bras, il accepte l'impossibilité de cet amour à cause de sa propre nature : il ne peut pas faire ce geste sans risquer de lui faire du mal. Il accepte aussi son sort : celui de la solitude, de la résignation. Kim est inaccessible.
Puis, lorsque Kim décide tout de même de se réfugier dans ses bras, on assiste à l'une des scènes les plus romantiques du 7e art. Tout dans la séquence est sublime, notamment dans l'atmosphère visuelle. La pièce est tamisée, plongée dans une lumière chaude qui les enveloppe même si les deux personnages sont clairement opposés (elle dans un habit blanc, le teint lumineux, et lui tout en noir, le teint pâle). Musicalement, la scène est également mise en valeur par la poésie de Danny Elfman qui signe probablement ici la meilleure BO de sa carrière. La musique est à la fois douce, mélancolique, triste et pleine de tendresse. La bande-son permet d'amplifier toutes les sensations du spectateur et cette scène restera à jamais gravée dans ma mémoire émotionnelle.
Bref, cette réplique est l'une des plus touchantes que je connaisse, en parler ce dimanche m'a donné une furieuse envie de revoir le film, et au plus vite.