Le lauréat, réalisé en 1967 par Mike Nichols, est beaucoup plus réussi que l'idée que j'en avais toujours eue. On y suit le malaise existentiel de Ben, un jeune homme diplômé qui entame une liaison avec une femme plus âgée que lui. Le film est captivant pour son atmosphère étonnamment mélancolique, mais aussi son casting et sa mise en scène.
C'est le ton global du film qui m'a le plus charmé et surpris. J'avais de gros a priori sur Le lauréat, que j'imaginais davantage être une histoire d'adultère un peu basique, et je ne m'attendais certainement pas à toutes ces séquences musicales sur fond de Simon & Garfunkel qui donnent une ambiance délicieuse. Les musiques mélancoliques et les errances du personnage principal sont même teintées d'un humour léger et d'une certaine poésie qui absorbent le spectateur dans cette histoire assez quelconque.
Niveau scénario, en effet, Le lauréat semble parfois un peu daté, mais certaines séquences sortent du lot, comme la séquence finale dans l'église à la fois romantique et anti-conformiste, qui permet au film de nous laisser sur une note positive et légère. Quant au reste, heureusement que les acteurs sont là pour nous tenir captivés du début à la fin : les personnages sont ambigus et fascinants à la fois. Ce fut le premier grand rôle de Dustin Hoffman et l'acteur est époustouflant, il livre une performance magistrale en jeune homme maladroit et introverti. On pourrait juste lui reprocher d'être trop passif durant la première moitié du film, ce qui marque une rupture un peu trop rapide avec son énergie débordante dans la deuxième. Anne Bancroft, quant à elle, est géniale d'un bout à l'autre, parfois manipulatrice, parfois poignante dans sa vulnérabilité, tout comme Katharine Ross qu'on voit beaucoup moins mais tire son épingle du jeu dans la dernière demi-heure.
Côté mise en scène, en dehors des séquences musicales et du montage, Mike Nichols propose de belles idées, notamment une habile transition entre une piscine et un lit, ou encore quelques cadrages malins (le plan culte de la jambe de Mrs Robinson qui enferme Benjamin dans le cadre). La photographie est souvent sombre, il y a une volonté de laisser les personnages dans l'ombre (en refusant d'allumer les lampes, notamment), ce qui accentue l'atmosphère feutrée du film.
Bref, Le lauréat est une belle découverte, qui ne sera pas un gros coup de cœur à cause de son scénario bateau voire vieillot, mais qui m'a surpris par son ambiance et les interprétations des acteurs.