Nismet - Une mini-série convenue

Nismet - Une mini-série convenue

      Basée sur une histoire vraie, Nismet raconte l'histoire d'une lycéenne de 16 ans qui, suite à des violences subies par son beau-père, décide de fuguer de chez elle. Ces quatre épisodes de 40 minutes, visibles sur Arte, racontent son parcours difficile, véritable drame social à la française avec tous les clichés qui vont avec.

 

      Les deux premiers épisodes sont plutôt passionnants et pleins de tension, l'interprétation de Théo Costa-Marini permettant de plonger avec violence dans le calvaire quotidien de cette mère et de sa fille. Malheureusement, après m'être farci ces 2h40, je ne comprends pas pourquoi l'histoire de Nismet avait tant besoin d'être développée en mini-série. Un long-métrage de 1h30 aurait entièrement suffi pour rendre hommage aux victimes de cette histoire sans donner l'impression d'étirer les scènes de manière parfois interminable. Alors oui, bien sûr, l'histoire est touchante, le drame est terrible, mais je n'ai pas l'impression que Nismet rende vraiment justice à qui que ce soit.

 

Nismet - Une mini-série convenue

      Ce téléfilm de 2h40 (prenons-le pour ce qu'il est) peine à captiver car il finit par devenir un enchaînement de scènes peu inspirées, accumulation de poncifs de réalisation ou de scénario. Le schéma narratif est extrêmement prévisible et on a clairement une impression de déjà-vu, d'autant que l'accent n'est jamais vraiment mis sur l'émotion. Tout sonne plat, les personnages sont passifs et n'expriment que peu d'émotions, même Nismet qui aurait pourtant mérité d'exploser, de pleurer, de montrer sa rage. L'ensemble est malheureusement très plan-plan et on a droit à tous les clichés du genre qui, même s'ils sont inspirés d'une réelle histoire, donnent davantage l'impression de dresser une liste de choses à cocher : les jeunes baladés de foyers en foyers, la précarité, la justice qui ne fait pas son boulot, le monde qui traite la femme comme un bout de viande, bla bla bla... Tout s'enchaîne sans propos, la série est très descriptive et les dialogues ne sauvent pas les meubles : ils tiennent davantage du téléfilm français oubliable que d'une véritable proposition engagée. En terminant le quatrième épisode, je me suis demandé à quoi avaient servi ces 2h40 tant elles racontent peu de choses en dehors d'une longue description des faits assez ronflante. 

 

     Côté personnages, il est bien difficile de s'identifier à Nismet tant elle semble passive et sans émotion (les événements glissent sur elle). Emma Boulanouar livre tout de même une belle performance, mais je ne comprends pas pourquoi son personnage est si terne. Quant à Loubna Abidar, elle peine à être crédible dans le rôle de Najoua : répliques délivrées par cœur, sans conviction ni intensité. J'ai souvent soufflé d'impatience devant le cliché de certaines scènes qu'on a déjà vues mille fois dans l'univers du téléfilm français : vous ne passerez pas à côté de la jeune femme qui fume en silence à sa fenêtre ou aux scènes de sexe complètement inutiles. Le pompon : Nismet qui s'évanouit à l'annonce du verdict concernant l'emprisonnement de sa mère. On soupire... 

 

     On ne se concentre même pas sur la psychologie du personnage principal et c'est ce qui m'a le plus perturbé. On oublie très vite que Nismet a été agressée sexuellement, c'est rapidement caché sous le tapis. Au fond, c'est comme si on s'en foutait un peu. La série ne fait que nous envoyer d'un point A vers un point B de manière monotone. Bref, je n'ai pas particulièrement envie de vous conseiller Nismet car, même si le sujet était intéressant, il y a malheureusement trop peu de choses à en retenir. J'aurais clairement resserré l'ensemble en supprimant toutes les scènes inutiles (exemples : Nismet qui marche dans la rue, qui écrit des lettres, qui regarde dans le vide) pour dynamiser la narration et investir le spectateur un peu plus dans cette histoire. J'attends d'une telle tragédie qu'elle me secoue un peu plus.

 

 

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