Magnifique. Le film raconte l'histoire d'un fonctionnaire qui, après avoir passé une vie morne et sans intérêt, apprend qu'il est atteint d'un cancer incurable. Abattu par la nouvelle, il va alors tenter de donner un sens à sa vie. Ce n'est que mon troisième film d'Akira Kurosawa et je ne m'attendais pas à être touché à ce point par Vivre.
Encore une fois, le réalisateur m'impressionne par la qualité de la mise en scène et surtout du montage, puisqu'on retrouve en fin de film une partie qui fait penser à l'utilisation des flashbacks dans Rashōmon. Avec Vivre, Kurosawa parle de la mort mais surtout du sens de la vie et de l'empreinte qu'on laisse derrière nous. Pendant une majeure partie du film, on suit le personnage de Watanabe (incarné par Takashi Shimura) dans sa quête existentielle et il semble impossible de ne pas être touché par ce vieil homme à la fois pitoyable et profondément humain. L'acteur est magistral du début à la fin, sa performance est absolument poignante, que ce soit dans sa posture comme dans son regard. On a pitié pour Watanabe.
Le film alterne les séquences de joie et de tristesse, il ressort du personnage une sensation de vide : celle d'un homme qui réalise beaucoup trop tard qu'il a été spectateur de toute sa vie, et qui cherche par tous les moyens à rattraper ce temps perdu. Le message est sublime, notamment dans la dernière partie lors de laquelle on voit l'impact de Watanabe sur la vie de ses collègues, malgré un dernier plan d'un défaitisme déprimant. De nombreuses scènes m'ont touché au plus profond, comme la chanson que fredonne le personnage en versant des larmes, que je n'ai pas pu m'empêcher de repasser plusieurs fois tant ce moment suspendu est bouleversant.
Bref, Vivre est un chef d'œuvre et je vous le recommande chaudement. C'est une belle réflexion sur le sens et l'absurdité de la vie, sur la condition humaine, sur le passage du temps, sur la trace qu'on laisse. Une vraie merveille du cinéma.