J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

      Thriller horrifique sud-coréen dans toute sa puissance, J'ai rencontré le diable est un film de vengeance hyper violent qui captive du début à la fin. Il raconte la traque d'un meurtrier par le fiancé de l'une des victimes. Je vous le conseille si vous n'êtes pas trop sensible à la violence graphique.

 

J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

      J'ai rencontré le diable coupe le souffle à de nombreuses reprises : c'est un film dynamique qui ne s'arrête jamais, souvent surprenant, globalement sombre et glauque. Au niveau du scénario et de la structure narrative, en effet, il n'y a pas grand-chose à lui reprocher même si je me suis posé quelques questions sur la cohérence de ce tueur en série (spoiler : puisque les victimes servent à nourrir l'ami cannibale du tueur, pourquoi s'arrêter aux victimes féminines et abandonner les corps masculins sur le bord de la route ?). Le thème de la vengeance est superbement traité, en explorant à la fois les conséquences psychologiques sur la famille de la victime, mais également les dilemmes moraux à l'idée de se faire justice soi-même. Le film permet également de questionner cette quête de vengeance parfois irrationnelle, qui peut créer encore plus de dégâts en aggravant la situation d'origine. 

 

J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

     La mise en scène est prodigieuse, entre contre-plongées sur le tueur (dont le visage, d'ailleurs, n'est jamais caché, ce qui change des thrillers à l'américaine) et séquences de tension soignées, brutales et efficaces, on est servis visuellement. L'atmosphère poisseuse et violente est également une réussite du film : ce que la caméra choisit de montrer permet d'imposer une ambiance de malaise parfois insoutenable, jusqu'à flirter avec la violence gratuite, ce qui m'empêche d'ailleurs de placer le film dans mon top 500. Les scènes de torture, notamment, ne sont jamais suggérées. 

 

J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

      Pour finir, il faut parler des acteurs, en particulier de Choi Min-sik qui est, comme toujours, complètement dingue. Il campe son personnage avec conviction et s'avère souvent flippant dans ses regards et son attitude. Nul doute qu'on n'aimerait jamais croiser ce type odieux et agressif. Son visage transpire la folie et donne au personnage un côté tordu et immoral qui déstabilise. De même, Lee Byung-hun dans le rôle principal est époustouflant, davantage dans la douleur et la détermination. Les face-à-face entre les deux acteurs offrent des moments impressionnants.

 

J'ai rencontré le diable - de Kim Jee-woon - Critique

     En conclusion, je vous encourage à découvrir J'ai rencontré le diable si vous ne l'avez jamais vu, c'est une proposition originale et radicale qui ne laisse pas indifférent, notamment lorsqu'on est habitués à bouffer du cinéma US.

 

 

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R
Je suis un peu mitigé au sujet de ce film, qui évacue le romanesque tragique de Old Boy comme le contenu social rageur de Sympathy for Mr Vengeance (pour reprendre les plus connus de Park Chan Wook) au profit d’une vengeance ramenée à l’essentiel : de l’enquête pour retrouver l’ennemi et de la violence pour lui faire le plus mal possible. Il n’y a qu’à la toute fin avec le dernier plan que j’ai ressenti que le poids de ce qu’il avait fait s’abattait sur le vengeur.<br /> C’est l’un des derniers grands thrillers de vengeance coréen à avoir percé en occident d’ailleurs, comme s’il avait épuisé le genre.
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S
C'est vrai, d'ailleurs je constate que Le Comte de Monte Cristo ne m'a finalement pas beaucoup marqué alors qu'il m'avait bien plu en salles. A retenter, peut-être. Le cinéma coréen explore pas mal le thème de la vengeance j'ai l'impression, c'est un peu moins le cas dans le cinéma américain si on exclut Tarantino qui en a fait son thème de prédilection.
R
Tout ça me donne envie de réévaluer le film. J'avais été un peu rebuté par son ultra-violence qui m'avait paru excessivement gratuite, mais en en reparlant, je me rends compte que cette forme excessivement froide permet de réfléchir aux implications de la vengeance de manière plus objective et de remettre en question ce qu'on attend de ce spectacle cinématographique.<br /> À contrario du comte de Monte Cristo sorti l'année dernière, qui ne remet jamais en question le bien fondé de la quête de vengeance de son personnage.
S
Oui tout à fait, d'ailleurs il y a peu d'empathie avec le personnage principal, je trouve, il devient un anti-héros au fur et à mesure de ses erreurs.
R
C'est aussi ce qui fait le sel du film : montrer la manière dont le personnage se salit les mains, devient un vengeur froid qui refoule ses émotions pour réussir à parfaire sa vengeance.<br /> Et la violence insoutenable de certaines séquences (qui mériterait presque d'aller dans ton top 10 des films traumatisants !), je l'ai aussi prise comme une forme de prise de distance au troisième degré, qui provoque un sentiment de trop plein et de dégout du spectateur. Je ne sais pas si c'est voulu, mais ça en devient presque un film anti-vengeance, qui évacue les raisons bien-pensantes de soutenir un pauvre personnage de gentille victime qui a bien mérité de se venger, et montrer que pour se venger, il doit devenir pire que celui qui a détruit sa vie.
S
C'est vrai, on ne voit plus tellement de films de ce genre, en tout cas je n'en entends pas parler ! <br /> Perso j'ai bien aimé le côté moralisateur "la vengeance peut empirer les choses" mais il faut admettre que les implications morales ou émotionnelles pour les personnages sont peu visibles...