Gus Van Sant a bercé les premières années de ma cinéphilie avec son style bien marqué et, même si je ne suis pas trop sensible à la majorité de sa filmographie, sa mise en scène reconnaissable m'a toujours parue mémorable. A l'aide de son fameux "follow shot" qu'on retrouve dans quasiment tous ses films, mais aussi son art de la contemplation et des plans extrêmement longs et silencieux, Gus Van Sant peut tout aussi bien hypnotiser et fasciner un spectateur qu'en ennuyer profondément un autre. Regarder un film de Gus Van Sant, c'est souvent prendre le risque de trouver le temps long malgré la qualité de la réalisation.
Pour qui n'est pas sensible à son style, on ne peut pas nier que son cinéma explore des thématiques passionnantes comme la marginalité, la solitude, l'errance, l'identité sexuelle et notamment l'homosexualité, mais aussi l'adolescence et la jeunesse, ou encore le combat des valeurs. Avec GVS, parfois, il faut accepter que la forme prenne plus de place que le fond, ou au contraire que le fond soit desservi par la forme. Ce juste équilibre, Gus Van Sant ne le trouve pas toujours, malheureusement, mais il restera quoiqu'il en soit un brillant réalisateur à mes yeux, ne serait-ce que pour le top 3 ci-dessous.
N'ayant pas encore vu son remake de Psychose, ni ses films de début de carrière tels que Mala Noche, ni encore ses deux dernières sorties (Don't worry, we won't get far on foot et The sea of trees), je vous présente mon top 10 des films que j'ai visionnés jusqu'à présent.
1 - Will Hunting
Rien que pour celui-ci, Gus Van Sant fera toujours partie des plus grands, même si la mise en scène est assez différente de ce que le réalisateur propose habituellement. Le film a été écrit par Matt Damon et Ben Affleck, encore très jeunes lors de la naissance du projet, et l'Oscar du meilleur scénario original n'a clairement pas été volé, ni celui de meilleur second rôle pour Robin Williams. Un jour, j'écrirai un article sur ce film que j'ai vu un nombre incalculable de fois (principalement parce que j'aime le diffuser à mes élèves en fin d'année). Will Hunting est tout simplement l'un de mes films préférés, parfait à tout point de vue.
2 - Elephant
Voilà le film qui représente selon moi le style de Gus Van Sant. Avec ses longs plans-séquences, Elephant est une proposition visuellement étonnante, avec une atmosphère unique. Parler de la fusillade de Columbine de cette manière, de manière non-linéaire, est particulièrement marquant.
3 - Gerry
Avec un scénario quasiment vide et des dialogues minimalistes, Gus Van Sant réduit l'action à l'essentiel. Une grande partie de Gerry consiste à filmer les deux personnages en train de marcher dans le désert et la proposition est, une nouvelle fois, radicale. Cette audace, alliée à la beauté des paysages et des couleurs (bleu et violet notamment sur la fin) en fait une véritable pépite. Encore une fois, Matt Damon et Casey Affleck sont parfaits pour compléter le tableau.
4 - Last Days
Pour celui-ci, encore une fois, il faut s'accrocher. Last Days est long, parfois chiant, mais la qualité de la mise en scène prend toujours le dessus. Le film est hypnotique et capte à merveille les errances de ce musicien inspiré de Kurt Cobain. A voir ne serait-ce que pour l'expérience.
5 - A la rencontre de Forrester
Histoire d'amitié entre un écrivain reclus et un jeune prodige, A la rencontre de Forrester fait forcément penser à Will Hunting, mais le film est nettement moins puissant, plus sage. C'est surtout l'occasion de voir le génialissime Sean Connery dans l'un de ses tous derniers rôles au cinéma.
6 - Paranoid Park
Toujours avec son style très lent et esthétique, Gus Van Sant plonge dans l'univers du skate et offre encore un film à part, marqué par la patte de son auteur. Un joli film même s'il n'est pas spécialement mémorable pour son scénario.
7 - Promised Land
Je me souviens de ma déception lorsque je suis allé découvrir Promised Land en salles en 2011. Gus Van Sant à la réalisation, Matt Damon au casting : que demander de plus ? Malheureusement, le film est assez mou et peu passionnant, malgré l'importance de son sujet. Passable.
8 - Restless
Bien que le thème de la mort aurait pu apporter de l'émotion ou de la poésie, Gus Van Sant rate ici son coup avec un film très artificiel. Les dialogues sonnent creux et les personnages manquent d'âme.
9 - Harvey Milk
Harvey Milk est profondément ennuyeux. Le fond est passionnant, j'aurais aimé me sentir emporté par l'histoire de ce militant pour la défense des droits civiques des homosexuels, mais c'est malheureusement le calme plat sur la forme. Harvey Milk est un biopic ultra-conventionnel, avec tous les clichés du genre qui s'accumulent minute après minute. On s'emmerde, on souffle, et c'est dommage. La fin du film, notamment, est catastrophique.
10 - My own private Idaho
Voilà qui peut en faire crier certains, mais j'ai trouvé ce film insupportable lorsque je l'ai découvert il y a quelques mois. Je n'ai pas compris où ça voulait aller, ni l'intérêt de toute cette histoire. Voir cet article pour plus de détails.