La réplique du dimanche #23 - "Yippee Ki-Yay, motherfucker" - Piège de cristal

       Culte de chez culte, John McClane est iconique pour des dizaines de raisons. Héros ordinaire qui se retrouve constamment dans des situations extraordinaires, et qui parvient à s'en sortir par sa folie et son irrévérence, le personnage de la saga Die Hard a longtemps collé à la peau de Bruce Willis. McClane est à l'acteur ce qu'Indiana Jones est à Harrison Ford : tous deux incarnent un protagoniste sarcastique, capable de garder son sens de l'humour dans les pires moments, et facilement identifiable par un look emblématique. Pour Piège de cristal et ses suites, il s'agit bien sûr du fameux marcel blanc qui devient de plus en plus rouge au fur et à mesure des minutes, qu'il soit tâché de son propre sang ou de celui de ses ennemis. 

      Mais ce qui rend John McClane unique en son genre, ce sont ses nombreuses répliques légendaires et, notamment, le fameux "Yippee Ki-Yay motherfucker" que le personnage aime prononcer en guise de cri de victoire ou de défi. Je vous laisse revoir toutes les scènes lors desquelles est prononcée cette réplique, c'est-à-dire une fois dans chacun des 5 volets de la saga :

       Si la réplique est parfois décrite ici et là comme une improvisation de Bruce Willis, il n'en est rien : ce n'est qu'une fausse rumeur, en partie relayée par Bruce Willis lui-même qui a laissé entendre lors d'une interview que cette punchline était sortie toute seule. En réalité, celle-ci est bel et bien dans le script original et ce sont effectivement Bruce Willis, mais aussi le scénariste Steven E. de Souza, qui ont eu l'idée de l'intégrer au scénario en référence à Roy Rogers, un acteur et chanteur cowboy américain. Dans certaines de ses chansons, notamment dans "I'm an Old Cowhand from the Rio Grande", on peut en effet entendre cette expression qui ressemble d'ailleurs davantage à "yippee I oh ki-ay", et qui fait penser au cri d'un cowboy sur son cheval. La chanson fut utilisée dans le film King Of The Cowboys, sorti en 1943. On la retrouve sous une forme plus proche de celle de Die Hard dans la chanson "Ghost Riders in the sky" de Johnny Cash en 1979 (reprise de la version originale de Stan Jones de 1948).

      Ci-dessous, je vous laisse les scripts en VO et VF de Piège de Cristal : il s'agit de la scène lors de laquelle John McClane parle avec Hans Gruber par talkie-walkie en milieu de film, lorsque le célèbre "Yippee Ki-Yay motherfucker" fut prononcé pour la toute première fois par Bruce Willis.

      Lors du dialogue entre Gruber et McClane, le terroriste allemand se moque du héros à coup de stéréotypes qui trahissent sa haine des américains, imaginant que McClane a passé son enfance à vouer un culte à John Wayne ou Rambo. A ceci, McClane répond qu'il était plutôt fan de Roy Rogers, avant de lâcher le "Yippee Ki-Yay, motherfucker" qui deviendra l'une des répliques les plus mythiques du cinéma d'action. Dans le script original, la réplique est écrite sous la forme "Yipee-yi-yea", elle sera ensuite transformée en "Yippee Ki-Yay" (parfois orthographiée "Yippie Kay Yay" en France). Lors du tournage, Bruce Willis et Steven E. de Souza ont débattu sur la manière de prononcer ces trois mots, le scénariste ayant évoqué l'idée de faire dire "Yippee Ti-Yay" à McClane. Bref, il y a eu toute une réflexion sérieuse autour de la réplique avant qu'elle ne devienne celle qu'on adore aujourd'hui.

      Pour ma part, il s'agit de l'une de mes répliques "iconiques" préférées du cinéma d'action. Peu de répliques peuvent en effet rivaliser avec celle-ci, même si certaines me viennent en tête naturellement ("I'll be back" de Terminator, ou "Je suis trop vieux pour ces conneries" de L'arme fatale). Bruce Willis la sert toujours avec une dérision et une impertinence succulentes, montrant à quel point le personnage est à l'aise avec les situations extrêmes, au point de jouer avec son ennemi et se moquer de lui. Et puis, il faut le signaler aussi, Patrick Poivey a permis à la réplique de devenir culte en VF, avec une intonation parfaite qui fait clairement honneur au talent de Bruce Willis.

     Bref, j'adore John McClane et cette réplique, même si je pourrais en citer 10 autres tout aussi hilarantes rien que dans Piège de Cristal. J'aime beaucoup son origine et je voulais y consacrer un petit article.