Tout le monde connaît cette réplique culte du film de Steven Spielberg. Parfois, même, vous rencontrerez des puristes qui affirmeront que l’extraterrestre ne prononce jamais cette phrase : la réplique originale serait "E.T. maison téléphone". Pourtant, c'est faux. Il n'y a ici aucun "effet Mandela" : le petit alien utilise bel et bien les deux formulations dans sa discussion avec les enfants. D’abord, E.T. dit effectivement : "E.T. maison téléphone", que Gertie et Elliot interprètent logiquement comme "E.T. téléphone à sa maison". Puis, un peu plus tard, l’extraterrestre corrige spontanément l’ordre des mots et prononce clairement : "E.T. téléphone maison". La réplique existe donc bien dans le film, aussi bien dans la version originale de 1982 que dans la réédition de 2002. D'ailleurs, en anglais, c’est la même chose : E.T. commence par dire "E.T. home phone", avant d'adopter la bonne tournure après avoir entendu Elliot dire "E.T. phone home".
Cette réplique est restée dans les mémoires car elle est simple, courte et efficace, mais aussi parce que les comédiennes de doublage ont une voix bien particulière qui donnent au personnage tout son charme. En VO, l'extra-terrestre a été doublé par Pat Welsh (non créditée), une femme de 65 ans qui avait été repérée par hasard dans un magasin de matériel photo par Ben Burtt, le créateur des effets sonores sur le film. Il l'a entendue parler et lui a proposé de venir passer une audition. Welsh fumait deux paquets de cigarettes par jour et sa voix rauque est ainsi devenue la signature sonore d'E.T., travail pour lequel elle a été payée 380$ pour 9 heures d'enregistrement.
En VF, l'extra-terrestre a été doublé par deux femmes différentes : Marie Francey pour la version d'origine de 1982, puis Perrette Pradier pour la version anniversaire de 2002. En effet, pour les 20 ans du film, Spielberg avait effectué quelques modifications en rajoutant des scènes comme celle de la baignoire avec des procédés numériques à la place de la marionnette animatronique pour l'alien, ou encore en remplaçant les armes des policiers par des talkies-walkies. Ces changements, que le réalisateur regrette d'ailleurs aujourd'hui, ont entraîné un redoublage français du film pour l'occasion, ce que certains ont mal digéré car le doublage de 1982 prononçait les lettres "E.T." à la française, contrairement à la version remastérisée qui est passée à la forme "iti", celle qui figure aujourd'hui sur les DVD.
Ci-dessous, j'ai réuni les trois versions (VO + VF 1982 + VF 2002) afin de vous montrer la différence.
E.T. téléphone maison.
Pour parler de la réplique en elle-même, elle est mythique car elle résume à elle seule tout le défi de se faire comprendre lorsqu'on ne vient pas du même monde. Par la même occasion, elle percute le spectateur car le petit alien fait une demande à laquelle on ne s'attendait pas jusqu'à ce moment du film, bien qu'elle soit terriblement évidente : alors que tout le monde passe son temps à halluciner devant sa présence sur Terre et son côté extraordinaire, E.T. veut simplement contacter ses proches. Il veut juste rentrer chez lui. Pour la première fois, on se met à sa place et on comprend son inquiétude, tout comme on compatit pour Elliot qui s'imaginait le début d'une profonde amitié.
En plus d'appuyer sur le sentiment de solitude de ce petit être, sur son désir universel de retrouver ceux qu'il aime, la réplique est brillante pour parler de communication, ce que Spielberg avait déjà exploré via la musique dans Rencontres du troisième type. A partir du moment où il parle, E.T. n'est plus un petit bonhomme étrange venu d'une contrée lointaine, c'est un personnage à part entière qui a des besoins et des émotions. C'est également un pivot pour faire avancer l'histoire, pour créer un objectif : un moyen de cristalliser l'alliance entre les enfants et E.T. contre les adultes, ce qui fera l'objet de la deuxième partie du film. Bref, cette scène est magique.
La réplique est devenue si iconique qu'elle a été réutilisée maintes et maintes fois à diverses occasions, comme dans les annonces commerciales (cf cette pub de 1999 pour British Telecom), ou bien sûr dans la parodie (on peut citer Y a-t-il encore un pilote dans l'avion, Paul, Les Simpsons, South Park, etc). Une réplique culte pour un film culte.