La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

       Voilà un film dont j'attendais peu et qui m'a pourtant subjugué. La vérité est un film français sorti en 1960 et réalisé par Henri-Georges Clouzot. Il relate le procès d'une jeune femme (Brigitte Bardot) suite au meurtre de son ancien amant (Sami Frey). Un film subtil, magistralement interprété, que je vous conseille pour la qualité de son scénario.

 

La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

      La vérité est finement écrit, en effet, car le spectateur ne cesse d'essayer de dénouer le fil de cette affaire jusqu'au dernier acte. J'ai été pris de passion pour cette histoire et je me suis posé mille questions, d'autant que le personnage de Brigitte Bardot (Dominique) est aussi complexe que son histoire d'amour avec Gilbert. C'est d'ailleurs la principale qualité du film : la complexité des relations et des psychologies de chaque personnage. Rien n'est tout noir ou tout blanc, Dominique et Gilbert ont chacun leurs raisons d'agir comme ils le font, composant avec la personnalité délicate de l'autre. 

 

La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

       Le jeu d'actrice de Brigitte Bardot m'a soufflé. Elle parvient à transmettre toutes les émotions de son personnage : la jalousie, l'amour, l'insouciance, la tristesse, la rage. Elle a un côté à la fois frivole et honnête, touchante et irritante, ce qui fait de Dominique une protagoniste intrigante, mystérieuse et attachante. Sincèrement, je ne suis pas un grand admirateur de l'actrice, même lors de ses débuts (elle ne m'avait pas convaincu dans Le mépris), mais elle est ici époustouflante de A à Z. J'ai ressenti ses larmes lorsqu'elle voit qu'elle n'est pas prise au sérieux par la cour, sa peur lorsque Gilbert est violent avec elle (hors champ), sa rage lorsque sa sœur l'attaque verbalement. Elle m'a épaté et fait vibrer durant deux heures.

 

La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

       Quant aux dialogues et à la construction narrative (par l'intermédiaire de flashbacks), tout est absolument parfait. Henri-Georges Clouzot, malgré son manque de professionnalisme sur le plateau (imposant un rythme de travail qui a poussé Brigitte Bardot à tenter de se suicider), tourne des scènes d'une précision et d'une émulation étonnantes, les séquences s'enchaînent avec fluidité, menées par une écriture de dialogues redoutable. Les joutes verbales et les monologues des deux avocats sont un délice, chacun donne des arguments parfaitement valables, posant aux témoins et à l'accusée les mêmes questions que se pose le spectateur, défendant ou accusant la jeune femme avec une verve exemplaire. On comprend à la fois le réquisitoire de l'un comme la plaidoirie de l'autre, créant alors un équilibre qui nous empêche de prendre position, d'autant que Dominique assume ne pas être innocente. Les deux comédiens Charles Vanel et Paul Meurisse sont impressionnants, et tout ceci donne une affaire complexe sur laquelle il est bien difficile de statuer.

 

      Attention, le prochain paragraphe spoile la fin du film.

 

La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique
La vérité - de Henri-Georges Clouzot - Critique

      Pour ne rien gâcher, la conclusion est cynique et terrible. Dominique finit par se donner la mort pour prouver à quel point elle est sérieuse, car c'est son seul moyen de faire éclater sa vérité. La jeune femme est ridiculisée par la cour, moquée parce que ses tentatives de suicide peinent à convaincre. Elle n'est pas crue malgré la sincérité évidente de ses sentiments, et ne trouve donc aucune autre solution pour montrer que son amour était bien réel. La vérité est passionnant sur ce point, car Dominique est régulièrement agressée ou bafouée durant la majeure partie du film, devant répondre à certaines accusations scandaleuses qui l'empêchent de se faire entendre dans un milieu entièrement constitué d'hommes et de misogynie. D'ailleurs, les jurés féminins sont automatiquement récusés en début de film afin d'appuyer ce propos. La toute dernière scène du film, quant à elle, est d'un cynisme absolu. Après avoir appris la mort de Dominique, le juge annonce la fin du procès sans aucune émotion, puis les deux avocats se rejoignent et passent à autre chose, comme si cette conclusion n'était qu'un infime détail dans leurs vies. Dominique n'aura pas été écoutée, et sa voix ne résonnera pas davantage après son geste, que quiconque pourra prendre à sa guise comme une autre preuve de sa culpabilité.

 

      Bref, La vérité est un film exceptionnel et je vous le conseille évidemment. Une vraie pépite.

 

 

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Z
Tu as vu Le salaire de la peur, Les Diaboliques, Le Corbeau, L'assassin habite au 21, Quai des Orfevres?
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S
Les diaboliques seulement, mais certains des autres sont dans mon programme de cette année.