Quelques films en vrac #56

Quelques films en vrac #56

       Voici trois films découverts récemment et que je vous conseille tous. Dans cet article, nous évoquerons un film noir extrêmement méconnu de 1950, un drame culte français, pour finir par ma toute première tentative chez l'une des légendes du cinéma japonais : un coup de cœur indéniable.

 

Mort à l'arrivée / D.O.A. (1950)

Quelques films en vrac #56

      Mort à l'arrivée (D.O.A, en anglais) est un film américain réalisé par Rudolph Maté. Même si un remake portant le même nom est sorti en 1988 avec Dennis Quaid et Meg Ryan, c'est bien le film de 1950 que j'ai choisi de découvrir. A l'instant où j'écris ces lignes, je découvre qu'il est lui-même un remake d'un film allemand de Robert Siodmak sorti en 1931 : L'Homme qui cherche son assassin, encore moins connu que le film de Maté.

     D.O.A. est un polar qui intrigue dès la lecture du pitch : un homme entre dans un commissariat pour signaler son propre meurtre. En effet, il vient d'apprendre qu'il a été mortellement empoisonné et, durant le peu de temps qu'il lui reste à vivre, il va tout faire pour découvrir l'identité de son assassin. Sur la forme, le film a tout du film noir classique des années 50, avec une photographie qui accentue les jeux d'ombres et de lumière pour représenter la paranoïa du personnage. Par moments, le film s'égare et il y a quelques ventres mous, mais la force du concept l'emporte sur le tout, avec une intrigue à la limite de l'improbable, mais qui tient en haleine malgré tout. Je recommande le film ne serait-ce que par curiosité.

 

Au revoir les enfants (1987)

Quelques films en vrac #56

      Au revoir les enfants est un film français réalisé par Louis Malle. Là encore, je ne parlerai pas d'un immense coup de cœur, mais cette intrigue n'en reste pas moins passionnante. Le film est inspiré du propre vécu du réalisateur durant l'Occupation, c'est un récit poignant et intime sur l'amitié : celle de Julien et Jean dans un pensionnat catholique en 1944. Ici, la guerre n'est pas vue à travers les bombes ou les conflits, mais par les yeux d'enfants qui ont peur de la menace qui règne à l'extérieur comme à l'intérieur. Avec beaucoup de silences et de regards, le film est plutôt marquant, notamment dans sa conclusion tragique. Gaspard Manesse et Raphaël Fejtö livrent des performances exceptionnelles, crédibles du début à la fin.

 

Voyage à Tokyo (1953)

Quelques films en vrac #56

       Je termine avec ma première expérience chez Yasujirō Ozu. Voyage à Tokyo fut un moment délicat et sublime, j'ai adoré le style de ce cinéaste dont j'ai tant entendu parler par le passé. Le cadre est travaillé au millimètre, avec une caméra presque toujours figée ainsi que les fameux "tatami shots" : ces plans fixes filmés au ras du sol qui accentuent notre position de spectateur silencieux. Voyage à Tokyo possède une intrigue toute simple : celle d'un couple de grands-parents qui décident de rendre visite à leurs enfants à Tokyo. Malheureusement, arrivés sur place, ils constatent qu'ils sont de trop : leur présence vient perturber des vies bien remplies et leurs enfants ne savent pas très bien comment les occuper. Seule leur belle-fille Noriko, veuve de leur fils décédé, semble prendre plaisir à les accueillir.

      Derrière cette histoire banale se cachent de multiples messages sur la solitude, le vieillissement, et surtout la nécessité de profiter de ses proches tant qu'ils sont encore présents. La mise en scène est exquise, Ozu recherche la simplicité et ne tente aucun mouvement de caméra spectaculaire, on a ici un rythme lent et contemplatif et l'ensemble est agréable à suivre malgré la longueur du film (2h15). La dernière partie est aussi belle que poétique et triste, je vais me souvenir longtemps de la performance de Setsuko Hara (Norika) qui est extrêmement touchante notamment lors des dernières minutes. De même, certaines répliques font l'effet d'un coup de poing et nous ramènent à notre relation avec nos propres parents. L'une des dernières paroles du film est d'ailleurs déchirante, lorsque le père de famille témoigne toute sa reconnaissance à sa belle-fille. "Tu as fait bien plus pour nous que nos propres enfants". Magnifique et intemporel.

 

 

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R
Disons qu’il faut éviter de faire une rétrospective de tout Ozu en deux semaines, mais en découvrir un nouveau de temps en temps a la saveur d’un retour à la maison.<br /> Si tu as aimé Setsuko Hara, tu peux voir Printemps Tardif, qui est souvent en balance avec ce voyage à Tokyo pour le titre de meilleur film d’Ozu, ou Fin d’Automne, qui reprend la même intrigue, mais en couleur (sa période en couleur est courte mais sublime).<br /> Et Setsuko Hara joue aussi dans au moins un grand film de Naruse : le grondement de la montagne. D’une pierre deux coups, pour découvrir Naruse au passage.
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S
Merci pour les conseils ! Effectivement je vais y aller doucement avec Ozu.
Z
Aucune surprise, c'etait certain que tu allais adorer Ozu. Maintenant tu peux t'amuser comme un petit fou a le voir s'amuser comme un petit fou a repeter sensiblement la meme formule dans ses 53 autres films ^^<br /> J'aime beaucoup Le gout du sake, ainsi qu'Ete precoce... Mais personellement je me lasse vite de ses films, qui se ressemblent vraiment tous.<br /> Par contre si tu as aime celui-ci tu devrais t'interesser aux films de Mikio Naruse (Nuages Flottants) ainsi qu'a ceux de Yoji Yamada, notamment la longue saga Tora-San (50 films, dont 48 entre 1968 et 1995!)
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Z
C'est une pure approche de cinema de studio. Tu peux voir ca aux Etats-Unis pendant les annees 20, 30, 40, 50, meme les annees 60. Tu peux voir ca en Italie aussi, jusqu'a l'effondrement de leur industrie cinema au debut des annees 80. A Hong Kong aussi, des annees 40 jusqu'a la retrocession en 1997. Etc etc
S
Oui le manque de flingues, ça m'étonne pas ! ;)<br /> C'est vrai que c'est intéressant cette approche, je ne vois pas trop d'équivalent actuel à part Wes Anderson peut-être.
Z
En principe si tu accroches a un Ozu tu accroches a tous.<br /> Perso ca manque de sabres et de flingues hahahaha<br /> J'aime l'approche des studios japonais des annees 50/60 de repeter les memes formules ad nauseam. Ils avaient beaucoup de realisateurs extremement talentueux (Kenji Misumi, Shigehiro Ozawa, Kosaku Yamashita, Sadao Yamanaka, Masahiro Makino, et j'en manque) qui par leur discipline et leur inventivite parvenaient souvent a garder leurs films interessants.
S
Hehe oui j'ai cru voir que ses plans étaient très répétitifs dans sa filmographie. Selon le sujet, ça peut donner un truc un peu plus barbant j'imagine. Je note tes recommandations, jamais entendu parler de Naruse !