En ce moment, j'enchaîne les coups de cœur et ce sont ici deux nouveaux films qui intègrent le top 500. Le troisième, malheureusement, est une déception assez inattendue.
King Kong (1933)
De King Kong, je ne connaissais que la version 2005 de Peter Jackson. La version originale de 1933, réalisée par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, est fabuleuse. J'avais évidemment en tête, comme tout le monde, la scène finale sur l'Empire State Building, mais j'ignorais tout des 1h30 qui précédaient la scène mythique. A peine 6 ans après l'apparition du cinéma parlant, il n'est pas difficile d'imaginer à quel point King Kong a dû être un blockbuster en son temps : le film est impressionnant d'un point de vue technique. Entre maquettes du grand gorille, articulées image par image en stop-motion, et effets spéciaux inventifs pour parvenir à incruster le monstre avec les autres personnages (acteurs jouant devant un écran, pellicules intelligemment superposées, etc.), j'ai parfois dû mettre le film en pause pour réfléchir à la manière avec laquelle certains plans ont pu être tournés.
Le film regorge d'idées géniales pour l'époque et il n'est pas étonnant que cette version de 1933 ait inspiré autant d'œuvres par la suite. Ce qu'on peut considérer en effet comme l'un des piliers du film de monstres a un air de déjà-vu, et pour cause : on repense immédiatement à des œuvres comme Jurassic Park pour le côté immersif, Spielberg s'inspirant de façon évidente du film pour l'idée générale (l'arrivée sur une île mystérieuse pleine de créatures dangereuses) mais aussi pour certains plans dans la jungle ou encore le combat entre les mastodontes. King Kong est étonnamment effrayant grâce à un sens du rythme affuté pour un film de 1933 ; une fois le gorille présenté au spectateur, l'action est permanente et sans aucun temps mort jusqu'à la fin. Le film est également aidé par sa bande sonore exemplaire : à la fois les bruitages hargneux et la musique. C'est en effet l'une des toutes premières "vraies" BO continues et orchestrales, composée spécialement pour le film par Max Steiner. La synchronisation des scènes et des effets sonores force le respect, la musique accompagne l'action de bout en bout. Bref, King Kong est génial et je n'imaginais pas dire ça un jour.
Memories of Murder (2003)
Bong Joon-ho ne fait pas partie de mes immenses chouchous, j'ai vu désormais plus de la moitié de sa filmographie et je pense que Memories of Murder est pour l'instant mon préféré. Même si on est sur un scénario ultra-classique de thriller coréen avec des meurtres poisseux et une enquête sombre et pluvieuse, le film dépasse le cadre du simple thriller pour dénoncer une société gangrenée par l’inefficacité et la brutalité policière. Ici, l’enquête n’avance pas de manière linéaire, les indices mènent souvent à des impasses, et les personnages principaux - brillamment interprétés par Song Kang-ho et Kim Sang-kyung - font de nombreuses erreurs, soit par impuissance, soit sous le coup de la colère ou de la frustration.
La mise en scène précise permet au spectateur de ne pas s'ennuyer : la tension est permanente. Qui plus est, le film est inspiré d'une véritable série de meurtres non résolus des années 80, et il se conclut donc avec une certaine ambiguïté, ce qui contribue à en faire un film marquant. J'ai adoré la dernière séquence, absolument magnifique. Bref, un film à l'atmosphère efficace, magistralement interprété, qui va au-delà de la banale affaire policière.
Quand une femme monte l'escalier (1960)
Ce choix n'était sans doute pas judicieux comme porte d'entrée pour découvrir le cinéma de Mikio Naruse, car Quand une femme monte l'escalier ne m'a clairement pas emballé. Ce drame est centré sur Keiko, une geisha dans le Tokyo des années 50, et j'ai peiné pour garder une attention constante sur cette intrigue loin d'être excitante. Même si le film est intéressant pour son aspect féministe, porté par l'excellente Hideko Takamine dont le personnage subit la condition féminine d'une époque dominée par les hommes et l'argent, l'ensemble est extrêmement monotone et je me suis parfois demandé où le film voulait aller. Je n'ai pas eu la réponse : je n'ai retenu aucun moment marquant, aucune audace dans la mise en scène, aucune portée émotionnelle. Dommage.