Dans cet article, parlons de 12 films qui présentent un intérêt particulier pour leur concept unique ou original, qui en font des ovnis du cinéma. Si vous êtes friands de ce genre d'expérimentations, je vous conseille de découvrir les films de cette liste ne serait-ce que pour leur singularité, et je suis de mon côté très curieux d'apprendre l'existence d'autres films-concepts amusants ou impressionnants. Ainsi, n'hésitez pas à me faire part de vos trouvailles sur ce thème, je m'empresserai certainement de les voir.
Dogville
Des films aux décors minimalistes, on en connait. Mais des films qui font de l'absence de décors un concept entier, il n'y en a qu'un : c'est Dogville de Lars von Trier. Même dans le cas où vous ne seriez pas spécialement fan de l'œuvre de ce cinéaste sombre et pessimiste, Dogville est un film à voir pour l'atmosphère froide et déstabilisante qu'il impose par son visuel : le film entier se déroule comme sur une scène de théâtre, sur laquelle les pièces des maisons sont uniquement délimitées par des lignes blanches sur le sol, ainsi qu'une porte d'entrée. Le paysage, lui, est inexistant : c'est un noir complet qui laisse entendre que le village s'arrête à un endroit précis, comme si le néant nous attendait derrière. Tous ces choix sont perturbants et font de Dogville une expérience unique au cinéma.
Hardcore Henry
Hardcore Henry est un film entièrement tourné à la première personne à la manière d'un FPS : on a tout simplement l'impression d'assister à un jeu vidéo filmique, ou à un film vidéoludique, au choix. Ce film d'action d'Ilya Naishuller est une prouesse visuelle, assez saisissante à suivre, aussi amusante que jubilatoire. Qui plus est, le scénario est plutôt recherché pour le genre. Des films comme ça, il n'y en a pas deux. Voir l'article complet pour plus de détails.
Boyhood
Richard Linklater a tourné Boyhood sur une période de 12 années, on voit donc à l'écran l'évolution réelle du petit garçon qui devient, au fil de l'intrigue, un jeune adulte. Ce projet est génial, un concept très fort et un pari amplement réussi : le film est une pépite sur tous les points. Linklater a eu l'intelligence d'en faire un montage très linéaire, on ressent donc vraiment le temps qui file à toute allure. Très impactant. Voir l'article complet.
Memento
Des films qui cassent la linéarité narrative, il y en a des tas. Mais des films qui sont montés à l'envers, je crois qu'il n'y en a qu'un : Memento de Christopher Nolan. En plus d'être un concept relativement unique, il est également très malin car il ne s'agit pas d'une fantaisie du réalisateur : le fait de monter les événements du film dans l'ordre anti-chronologique permet au spectateur de plonger dans l'esprit du personnage principal (dont la mémoire ne lui permet pas de se souvenir de ce qu'il s'est passé l'heure précédente). On se met à sa place, et on n'a jamais de coup d'avance sur lui, ce qui nous force à reconstituer le puzzle en temps réel, en même temps que Leonard. Du génie.
Je t'aime, je t'aime
L'idée du film est la suivante : un homme teste une machine qui permet de voyager une minute dans le passé. Malheureusement, la machine se détraque et il se retrouve prisonnier des bugs de celle-ci : forcé de voyager de souvenirs en souvenirs de façon aléatoire et sans aucune logique. C'est tout simplement l'un des montages les plus brillants que j'ai vus de ma vie. Alain Resnais a écrit le film avec le scénariste et écrivain Jacques Sternberg sur le principe qui suit : la vie du personnage principal est semblable à un jeu de cartes qu'on lance en l'air. Celles-ci retombent dans un ordre totalement aléatoire : certaines sont faces cachées (et ne seront donc pas dévoilées au spectateur), les autres nous sont montrées de manière anarchique. Au fur et à mesure que le film avance, on comprend petit à petit l'histoire de cet homme et l'ensemble est magique à regarder. Un chef d'œuvre nostalgique, unique en son genre. Voir l'article.
La jetée
La Jetée est un film unique en son genre, puisqu'il s'agit en réalité d'un photo-roman cinématographique de Chris Marker : ces 28 minutes ne sont composées que de photographies fixes. Il n'y a donc aucun mouvement, mais l'ensemble permet d'obtenir une atmosphère onirique et suspendue, comme si le temps lui-même était figé. Un récit de science-fiction existentiel et poétique, au concept visuel mémorable.
Enter the Void
Dans Enter the Void, on suit le parcours de l'âme d'un homme après sa mort. Gaspar Noé propose une perspective à la première personne, depuis le point de vue de cette âme perdue qui flotte au-dessus de la ville ou se retrouve projetée dans ses propres souvenirs et cauchemars. Un film unique au ton à la fois poétique, effrayant et perturbant, une plongée dans l'après-mort fascinante. L'une des expériences les plus dingues de ma vie de cinéphile.
Dans la peau de John Malkovich
Des films "meta", on en connait. Mais des films Metalkovich, il n'y en a qu'un. Je n'ai pas vu Dans la peau de John Malkovich depuis très longtemps, mais je me souviens encore de son concept totalement perché : John Cusack joue le rôle d'un marionnettiste (Craig) qui découvre par hasard une petite porte dissimulée derrière une armoire. Il comprend qu'en la franchissant, il se retrouve durant 15 minutes littéralement dans la tête de John Malkovich, qui joue donc son propre rôle dans le film. Craig décide alors de faire payer les gens afin qu'ils puissent vivre un court instant dans la peau de John Malkovich... jusqu'à ce qu'il découvre qu'il peut également contrôler le corps de l'acteur. Grâce à la mise en scène inventive de Spike Jonze, mais également au scénario décalé de Charlie Kaufman, le film est une drôle de mise en abyme.
Searching
Depuis, le concept a été repris (dans Missing, mais aussi la saga Unfriended), mais Searching fut le premier à exploiter cette idée : celle d'un thriller entièrement vu depuis l'écran d'un ordinateur. L'idée (en apparences bancale) est ici brillamment mise en place, le film est haletant et passionnant, jouant à merveille avec les multiples possibilités qu'offre son concept.
Conversation(s) avec une femme
Conversation(s) avec une femme est un film entièrement tourné en split-screen : l'écran est constamment séparé en deux afin de montrer les réactions de chaque personnage en temps réel. On suit ainsi, durant 1h25, la rencontre d'un homme et d'une femme lors d'une soirée, et le concept de l'écran divisé en deux est aussi génial que bien géré. Il y a un seul hic : si vous cherchez à voir le film (notamment sur le net), il y a de fortes chances pour que vous tombiez sur la version non splitée, avec une seule image : c'est une version qui a été éditée pour la TV et qui ne présente strictement aucun intérêt. A ma connaissance, le seul moyen de voir la version correcte est le DVD du film... Attention, donc, si le film vous intéresse : Conversation(s) avec une femme doit nécessairement se voir dans sa version split-screen !
Le scaphandre et le papillon
Le scaphandre et le papillon est un film quasiment intégralement tourné à la première personne. Ce n'est pas une première au cinéma, mais le concept va très loin : on se retrouve dans la peau d'un homme sujet au locked-in syndrome après un accident. Enfermé dans son propre corps, complètement paralysé, mais toujours conscient. Le film s'appuie sur la biographie de Jean-Dominique Bauby, qu'il a écrite alors qu'il pouvait uniquement bouger un seul œil. Le scaphandre et le papillon est magnifique et le concept est extrêmement immersif. Déstabilisant, unique en son genre.
Holy Motors
Je termine avec Holy Motors qui ne m'avait malheureusement pas du tout convaincu lorsque je l'avais découvert (de Leos Carax, mon immense coup de cœur était plutôt du côté d'Annette). Le film est radical, excessif, parfois assez insupportable à regarder. Néanmoins, il faudrait être borné pour ne pas admettre l'originalité du concept : le protagoniste (Denis Lavant) incarne successivement plusieurs identités au cours d'une seule journée, sans que le spectateur sache s’il s’agit de performances, de rôles, de réalités parallèles ou de métaphores. L'acteur joue donc différents rôles qui s'enchaînent sans arrêt, c'est une idée particulièrement originale dans le monde du cinéma. A voir au moins une fois, ne serait-ce que pour la curiosité.