Retour rapide sur trois films considérés comme cultes et que je n'avais toujours pas vus. Ce fut, par la même occasion, ma toute première expérience avec le cinéma d'Andreï Tarkovski, et... bon. On va dire que c'est la première.
Le crime était presque parfait (1954)
Je dirais que le film était presque parfait. Alfred Hitchcock propose ici un polar, d'après une pièce de théâtre de Frederick Knott, et l'écriture est évidemment impeccable. Le crime était presque parfait a une construction passionnante et ludique, digne de romans d'enquête où chaque geste, chaque indice est important. En ceci, c'est finement écrit et il n'y a pas grand-chose à en redire, d'autant que je ne m'attendais pas au petit twist final pourtant extrêmement logique.
Cependant, là où le film pêche, c'est pour donner de la consistance et de la personnalité à ses personnages. Globalement, tous sont fades. Même si chaque mouvement de chaque acteur est étudié au millimètre (tournage sous la direction d'Hitchcock oblige) et que ça empêche évidemment la moindre spontanéité, j'ai trouvé qu'ils étaient assez peu profonds. Le crime était presque parfait tourne autour du meurtre d'une jeune femme mais, malheureusement, la performance de Grace Kelly est hautement décevante. Margot est une cruche qui ne peut rien faire sans demander d'abord l'avis de quelqu'un, elle est terne et on se moquerait presque de son sort. L'actrice, quant à elle, est dans un surjeu constant.
Quant aux personnages masculins, ils sont diablement perspicaces, mais un peu trop. Entre Tony qui parvient à créer de faux indices improbables à la dernière minute et Mark qui s'improvise grand détective juste parce qu'il a écrit trois bouquins, l'intrigue est un peu trop écrite. Malgré tout, l'ensemble est agréable à voir et surprenant à de multiples reprises. C'est donc un excellent film, mais un Hitchcock en-dessous de la moyenne.
Thelma et Louise (1991)
Quel plaisir de découvrir un tel film ! Oui oui, il est possible d'approcher la quarantaine sans avoir jamais vu ce road movie culte de Ridley Scott. Et aujourd'hui, je comprends enfin pourquoi Thelma & Louise est devenu un incontournable. Dès les premières minutes, la musique digne des films de 1991 (cf Point Break) m'a collé un grand sourire. Puis, j'ai été surpris par la tournure des événements. La simple escapade en Ford Thunderbird se transforme rapidement en cavale tragique pour les deux jeunes femmes et le film vire à la course-poursuite rythmée sur fond de féminisme.
Thelma et Louise est porté par Susan Sarandon et Geena Davis, magnifiques et puissantes, accompagnées par de superbes paysages désertiques et une poignée de seconds rôles masculins amusants. Brad Pitt fait une apparition assez brève mais mémorable, puisque son personnage n'est pas utilisé de la manière qu'on aurait pu prévoir, renforçant alors le côté naïf de Thelma et le discours sur la manipulation contre les femmes. J'ai également adoré les rôles de flics qui s'éloignent de la plupart des clichés sur la police américaine. Harvey Keitel qui rigole en courant sous la pluie, c'était aussi doux qu'étonnant. Quant au policier qui se retrouve enfermé dans son propre coffre en pleurnichant, j'ai eu beaucoup de peine et de compassion à son égard. On ajoute à tout ça une fin emblématique et inoubliable, on obtient bien le classique du cinéma qui m'avait été vendu depuis toutes ces années.
Nostalghia (1983)
Ça fait des années (décennies ?) que je repousse ma découverte de Tarkovski. Beaucoup de lecteurs du blog m'ont affirmé que je serais nécessairement sensible à ce cinéma, car j'ai un certain penchant pour les films contemplatifs. De mon côté, j'en ai toujours douté car je pressentais un style très soporifique voire prétentieux. Et bien je peux vous dire que si toute la filmographie du cinéaste ressemble à Nostalghia, ça va être vite vu. Me farcir ces deux heures fut une sacrée épreuve, je ne pense pas m'être ennuyé à ce point depuis longtemps. A vrai dire, je ne me souviens pas m'être autant senti à l'écart d'une œuvre ces dernières années. Alors bien sûr, je reconnais le style, l'image est superbe... mais la lenteur est poussée à l'extrême, tout ça pour un propos que je n'ai absolument pas compris.
Je me suis fait chier, on ne va pas se mentir, et même si j'aime le cinéma contemplatif, je ne suis pas du genre à jubiler devant un long plan fixe de 4 minutes durant lequel la pluie tombe simplement et la caméra zoome lentement sur un personnage immobile. Surtout lorsqu'il n'y a aucune musique. Bref, je ne vais pas épiloguer : Nostalghia, ce n'est pas du tout mon délire, d'autant que le film ne contient ni une once d'humour, ni une once d'explication sur ce qu'il se passe à l'écran. C'est sûrement bien trop intellectuel pour moi. J'y suis totalement hermétique et le rejet fut total durant ces 2 heures (que j'ai souffert !), à part pour les séquences de rêveries en noir et blanc qui sont, pour la plupart, de vraies merveilles. J'en ressors donc perplexe et déçu, surtout pour un film dont le titre évoque mon émotion la plus sensible. J'ose espérer que Stalker (prévu également en visionnage cette année) ne sera pas de cet acabit...