Environ 15 ans après avoir eu un coup de cœur pour Vanilla Sky, le temps était enfin venu de découvrir le film original : Ouvre les yeux d'Alejandro Amenábar. Cameron Crowe ayant proposé un remake quasiment plan pour plan du film espagnol, j'ai évidemment savouré la version de 1997, plus sobre et plus mystérieuse.
Ravi de voir Penelope Cruz dans le même rôle, elle est divine du début à la fin. Il est assez rare que l'actrice me marque dans ses rôles, j'ai par exemple bien plus de souvenirs de sa partenaire Cameron Diaz dans Vanilla Sky, celle-ci est par ailleurs plus extravagante et flippante que Najwa Nimri, que j'ai trouvée assez fade dans la version d'Amenábar. Mis à part les deux rôles féminins, Eduardo Noriega est excellent et n'a pas à rougir devant la performance de Tom Cruise. Il parvient à merveille à passer du jeune beau gosse confiant à l'homme défiguré et désespéré.
Côté mise en scène et montage, Ouvre les yeux est à l'image du souvenir que j'avais de Vanilla Sky. J'ai retrouvé certains plans emblématiques, comme celui ci-dessus qui constitue le moment charnière de l'intrigue et que je trouve magnifique. J'ignore pourquoi, cette image m'est restée gravée et, à chaque fois que je repense à Vanilla Sky, c'est celle-ci qui me vient. Alejandro Amenábar parvient à créer une atmosphère sombre et énigmatique, à la frontière entre la réalité et le rêve, mais le spectateur n'est jamais perdu pour autant. Ce labyrinthe n'a pas vocation à nous égarer comme celui de Mulholland Drive, il s'agit ici plutôt d'un brouillard léger qui se lève lors de la scène finale.
La conclusion du film est ici bien plus sobre que dans Vanilla Sky, qui poussait l'émotion à l'aide de couleurs lumineuses et de la musique de Sigur Rós (merveilleux choix). Dans Ouvre les yeux, le ton est le même que durant tout le reste du film, assez froid, il y a donc une nette différence entre la vision d'Amenábar et celle de Crowe. Vanilla Sky s'attarde davantage sur le romantisme et la rédemption, la fin du film est positive, alors que dans Ouvre les yeux, le ton est plus sombre et existentiel, j'étais presque déprimé devant l'image fantomatique de Penelope Cruz.
Bref, j'ai adoré Ouvre les yeux, notamment sa conclusion. Si celle de Vanilla Sky m'a profondément marqué car je la trouve émotionnellement puissante, celle d'Amenábar est bien plus subtile et dramatique quant au sort du personnage principal. J'ignore lequel des deux films je préfère, mais après tout, faut-il vraiment se poser cette question ?