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Wonder - de Stephen Chbosky - Critique

Wonder - de Stephen Chbosky - Critique

     August Pullman, un petit garçon de 10 ans, est né avec une malformation du visage. Comme ses parents ne peuvent plus assurer son éducation à la maison, Auggie s'apprête à faire sa première rentrée à l'école et à se confronter au monde extérieur.

    Deuxième film de Stephen Chbosky, sorti en 2017 quelques années après Le monde de Charlie (que j'avais adoré), le film m'a été proposé par Boris the Blade et je le remercie car Wonder est, comme son nom l'indique, merveilleux. 

 

Wonder - de Stephen Chbosky - Critique

      Certains pourront arguer que Wonder est mièvre et lisse, cliché parfois. Il n'empêche que cette histoire est profondément touchante et qu'elle propose des idées que je ne m'attendais pas à voir dans un tel film.

     Le thème des "freaks" n'est pas nouveau dans l'histoire du cinéma. De Elephant Man à Edward aux mains d'argent, en passant par Phantom of the Paradise, la difformité a été traitée par de grands cinéastes à travers des œuvres majeures, et ces films ont presque tous le même credo : le vrai monstre n'est pas celui que l'on croit. Là où la plupart font de leur protagoniste le centre unique du récit, Wonder choisit une autre voie : celle de l’impact sur l'entourage, notamment les proches. C'est sans doute ce qui m'a le plus ému, d'ailleurs.

 

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     Dès les premières minutes, Wonder met en place sa métaphore : August est le Soleil, il attire toute la lumière et sa famille gravite autour de lui. Là où le film se démarque, c’est dans son choix de se décentrer d'August pour explorer les planètes qui l’entourent.

     Chaque membre de la famille est abordé avec sensibilité : un père qui porte la responsabilité de la bonne humeur dans la maison, une mère angoissée qui a tout abandonné pour s'occuper de son fils, et surtout la sœur : invisible, sacrifiée, contrainte de s'effacer pour laisser toute la place à ce frère fragile. Le réalisateur leur accorde un espace, notamment à travers les voix-off qui se succèdent pour traduire les pensées de chacun. On comprend à quel point la vie de ce petit garçon de 10 ans impacte toutes les autres, et l'idée est très intéressante. 

 

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      J'ai adoré le montage du film, qui passe d'un personnage à l'autre par l'intermédiaire de prénoms affichés à l'écran : ça commence par Auggie, évidemment, puis on s'éloigne du petit garçon pour se concentrer sur Via, Jack Will, etc. 

     Julia Roberts est superbe dans ce rôle de femme qui ne baisse jamais les bras, tout comme Owen Wilson dans son éternel rôle de Monsieur Rigolo. Leur duo fonctionne parfaitement : ils se complètent et sont crédibles. Izabela Vidovic, quant à elle, est bouleversante dans la peau de Via, une jeune femme qui a toujours su s'effacer devant son frère, supportant en silence une position pesante qui l'empêche de s'épanouir et de trouver une place dans le regard de ses parents. Le jeu de l'actrice est tout en retenue, son regard est émouvant. Qui plus est, Via est au centre de deux scènes de souvenirs, qui ont toujours le don de me toucher en plein coeur. 

      Le casting, de toutes manières, est irréprochable : même les personnages secondaires sont touchants à leur manière. Je pense à Danielle Rose Russell dans le rôle de Miranda (avec une scène de téléphone poignante), mais aussi au jeune Noah Jupe dans le rôle de Jack Will. Ce personnage est une petite merveille à suivre à l'écran, l'acteur donne le sourire : on aimerait tous avoir eu un pote comme lui à l'école.

 

Wonder - de Stephen Chbosky - Critique
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    Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. D'autres personnages sont un peu plus clichés : on retrouve l'habituel gosse de riches odieux (Julian) qui tyrannise le pauvre August. Cependant, même lui bénéficie d'une écriture plus nuancée que prévu, le personnage trouvera même une forme de rédemption, et ça fait beaucoup de bien. Wonder ne cherche pas à le condamner, mais à comprendre ce qui se cache derrière sa méchanceté. Bien sûr, le film ne révolutionne rien en montrant qu’un comportement de harceleur découle souvent d’une éducation parentale défaillante, mais il en ressort beaucoup d'empathie pour les personnages.

    Wonder appuie également sur le regard des autres et sur l'influence toxique que certains enfants "populaires" peuvent exercer sur leurs camarades. Les gosses sont parfois cruels, mais chacun a finalement des raisons profondes d'agir comme il le fait. 

 

Wonder - de Stephen Chbosky - Critique
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      Parmi cette multitude de personnages, c'est clairement la partie sur Via qui m'a le plus touché, en particulier la scène de la pièce de théâtre, absolument magistrale. Que ce soit l'interprétation de Via / Izabela Vidovic, ou les larmes de Julia Roberts qui voit sa fille éclore sur scène... ça m'a paralysé d'émotion. À ce moment du film, on oublierait presque l'existence d'Auggie et je trouve ça très fort. C'est à mon sens toute la réussite du film : nous rappeler que le courage ne concerne pas seulement celui qui est au centre de l'histoire. 

 

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      Cependant, je ne peux pas écrire cet article sans parler du personnage principal et de son interprète, bouleversant. Le petit Auggie est joué par Jacob Tremblay, je n'avais pas du tout reconnu l'acteur que j'avais découvert dans Room, et pour cause : il est méconnaissable grâce au maquillage incroyable de Arjen Tuiten. Le prothésiste est parvenu à un résultat totalement crédible. Le maquillage ne cherche jamais à être choquant ou voyeuriste : au contraire, il rend Auggie profondément humain.

     Pour être honnête, j'ai même attendu la fin du film pour vérifier s'il s'agissait d'un superbe travail de maquillage, ou si l'acteur souffrait réellement du syndrome de Treacher Collins. Jusqu'à la fin du film, je n'ai pas su me décider, et la réponse m'a impressionné. 

 

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      La seule chose qu'on pourrait reprocher à Wonder, finalement, c'est probablement son optimisme et son côté "tout le monde est beau". J'admets ne pas avoir apprécié la dernière séquence du film, très académique et attendue. J'ai davantage été ému par les relations entre les personnages (notamment dans la petite famille d'August) que par le déferlement de lumière et de positivisme pour conclure le film.

     Cependant, Wonder est un film feel-good par définition, on y pleure, on y rit, mais surtout, on le quitte avec un immense sourire. Un peu comme Le monde de Charlie, finalement. Tout le monde n'y sera pas sensible, mais de mon côté, ce fut un véritable coup de cœur. Je remercie donc Boris the Blade à nouveau pour cette découverte, et je vous invite à y jeter un œil si vous en avez l'occasion.

 

 

 

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D
Voilà des mois que j'ai ce blu-ray dans mes étagères et je ne l'ai toujours pas vu. Je pense, au vu de ton article sur ce sera fait incessamment sous peu :)
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S
J'espère que ça pourra te toucher, c'est assez académique mais surprenant en même temps, je trouve.