127 heures - Le nouveau film de Danny Boyle

         Tiens, je n'avais jamais fait attention mais ce réalisateur me satisfait à chaque fois. 28 jours plus tard, Slumdog Millionaire, La Plage, Trainspotting. Une liste de films que j'ai trouvé géniaux et auxquels s'ajoute un cinquième : 127 heures. Face aux critiques mitigées j'avais fortement hésité à aller le voir et je ne suis pas déçu du tout. Comme chacun sait, ce film retrace les 127 heures les plus longues de l'existence de Aron Ralston, un jeune homme qui s'est retrouvé pris au piège dans un canyon, le bras coincé entre un rocher et la paroi. Une histoire vraie, bien sûr. Promis : je ne ferai pas de jeux de mots foireux, j'en mets ma main à couper.

 

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         Franchement génial. Déjà, avant d'aller le voir j'émettais quelques doutes sur James Franco, je ne le pensais pas capable de tenir tout le film sur ses épaules et j'me suis bien planté. Il est juste excellent, pendant ces 94 minutes où ne voit pratiquement que lui, jouant le mec cool qui n'a besoin de personne, démerdard et tranquille au beau milieu d'un environnement assez hostile. Il est brillant et poignant.



127-heures-5.jpg         Et pour être débrouillard, on peut dire qu'il l'est. Je parle là d'Aron Ralston, le véritable alpiniste qui, au bout de 5 jours coincé seul, n'a pas trouvé d'autre moyen que de se couper le bras. Je trouve vraiment que le mec a de sacrées couilles pour avoir réussi à faire ça. Toutes les mauvaises critiques ont beau minimiser le courage du gaillard en se cachant derrière des "je ne sais pas pourquoi on en fait tout un foin", "tout le monde aurait fait ça", et j'ai même lu des "il est content avec son histoire, il se la pète", ça n'empêche qu'en voyant les images (fidèles à la réalité puisqu'adaptées directement de l'autobiographie), on se rend compte que cet acte de dernier recours nécessitait certainement un putain de sang-froid et de force mentale. Je pense moi-même que je me serais laissé crever. Le film ne perd vraiment pas son temps, le vilain caillou tombe assez rapidement sur le bras du personnage et on suit pendant plus d'une heure son calvaire, ses idées pour s'en sortir et survivre, ses regrets. Mais il donne surtout un sentiment bizarre au spectateur. En tout cas pour ma part, dès que j'ai vu le mec se retrouver complètement bloqué sans aucun moyen d'agir, ça m'a fait quelque chose. C'est assez dingue de s'imaginer dans une situation aussi moche, je me demande bien ce qu'on doit penser quand ce saleté de rocher nous tombe sur la main, qu'on voit évidemment qu'il n'y a aucun moyen de bouger ce truc, que personne ne peut nous entendre. Que faire ? On ne peut pas savoir comment on aurait réagi, car l'instinct de survie donne des ailes, mais dans un cas pareil on a de grosses chances de paniquer très rapidement et de ne pas garder les idées claires. C'est vraiment la grosse situation de merde. Ensuite, tout le processus psychologique pour en arriver à se briser les deux os, par la force du rocher, afin de se taillader le bras doit être insupportable et je trouve que le film adapte ce sentiment horrible à la perfection (quant à l'idée émise par le rescapé comme quoi depuis sa naissance, le rocher n'attendait que lui, elle est vertigineuse). Avec une atmosphère confinée, un brin de claustrophobie, c'est assez bien foutu et la reproduction de cet unique décor est impeccable si on en croit les vraies images. Pour finir sur Aron, il se trouve qu'il n'a pas arrêté d'escalader, avec une prothèse, et qu'il va prochainement s'attaquer à l'Everest pour, en prime, sensibiliser les gens à l'écologie. Il a failli se faire tuer par la nature et oeuvre maintenant pour la sauver, quelle leçon de vie j'ai envie de dire !



127 heures 3        Bref, j'ai plongé dans cet enfer pendant tout le film jusqu'à la fin à la fois ignoble et libératrice. La scène du découpage est assez dure visuellement mais elle montre bien ce que le gars à pu endurer pendant une heure. C'est effroyable. Encore, si le film était une fiction, on aurait de quoi douter, mais là c'est indiscutable : ça s'est produit de la sorte. Surtout que le pauvre a dû se démerder avec un canif tout pourri parce qu'il avait oublié son couteau-suisse chez lui. Bref, sinon la toute fin du film est excellente et ceci grâce à la BO. Sigur Ros est toujours un choix exceptionnel pour le cinéma et encore une fois ça marche. Une fin magnifique, très poignante car on ne peut même pas imaginer le sentiment éprouvé à ce moment. Certainement un mélange de douleur, de soulagement et de déprime (il y a quand même laissé une partie de lui-même). En dehors du calvaire proprement dit, on a tout d'abord des prises de vues assez belles en début de film, sur le canyon, bercées par des musiques bien sympas. La BO n'est pas exceptionnelle tout le temps par contre, elle est parfois inappropriée notamment lors des flashbacks (Plastic Bertrand ils auraient pu éviter, c'était pas dans l'esprit). Par contre, la présence même de ces flashbacks à été reprochée et je ne suis pas d'accord avec ça. Ils sont vraiment nécessaires au film, qui n'a pour but que de nous faire partager les pensées de Aron. Or, ces retours dans le passé ne sont pas trop longs, pas trop chiants et nous permettent de voir de quelle façon réfléchit notre prisonnier (entre autres : "est-ce qu'il existe quelqu'un qui sait où je suis ?"). Je n'ai pas trouvé que ces souvenirs cassaient le rythme, effectivement si le film s'était basé pendant 90 minutes uniquement sur le rocher, on se serait ennuyés. C'était un peu le défi du réalisateur : ne pas nous faire sombrer dans l'ennui, et pour ma part c'est réussi. Parce que pendant tout le film, on est avec le personnage, on réfléchit avec lui et on se demande par quel cheminement il va prendre la lourde décision de laisser son bras plutôt que sa vie.


        J'ai donc été ravi par ce film, absolument pas déçu. Passionnant et surtout effroyable quand on pense que c'est réellement arrivé. James Franco est impeccable d'un bout à l'autre, très crédible. Mention à Sigur Ros à la fin qui m'a tué.






 

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