Ecartons-nous légèrement du cinéma pour parler de mon groupe préféré depuis 20 ans : Sigur Rós. Ce groupe de post-rock minimaliste islandais alimente régulièrement les bandes originales de films, car la puissance émotionnelle de leur musique atteint souvent des sommets. Mené par le chanteur Jónsi, qui a également sorti un album solo il y a quelques années, Sigur Rós me suit depuis si longtemps qu'il me parait aujourd'hui impossible de m'en passer. Si vous n'en avez jamais entendu parler, je vous conseille l'écoute de quelques titres avec de bons écouteurs, lors d'un moment de calme. C'est le genre de musique qui vous transporte et vous dépose dans un autre monde.
Sigurrós est le nom de la sœur de Jónsi, qui est née lors de la formation du groupe en 1994, mais aussi de sa grand-mère. Ce nom est une concaténation des mots islandais Sigur (victoire) et Rós (rose), et le groupe utilise la langue islandaise pour le chant, mais pas seulement. Jónsi a la particularité d'avoir "inventé" une langue, le vonlenska, qui a des sonorités très proches de l'islandais mais dont les mots n'ont aucun sens précis. Le vonlenska, c'est un peu comme chanter en yaourt islandais. Le but est de produire des chansons avec des voix, sans pour autant imposer de vision particulière : l'auditeur reçoit la musique sans être influencé par de potentielles paroles. Lorsqu'on écoute une chanson de Sigur Rós, en effet, c'est à nous d'en faire notre propre interprétation, d'en sortir les émotions qui nous parlent le plus. Là où certains entendent de la douceur et de la sérénité, d'autres y verront de la nostalgie, de l'espoir ou encore de la tristesse. Dans tous les cas, il est indiscutable que la musique de Sigur Rós ne s'écoute pas n'importe comment : elle engendre une réelle décharge d'émotions.
Pour ces raisons, elle est régulièrement utilisée au cinéma afin de magnifier des scènes et de pousser l'émotion à son paroxysme. On trouve par exemple Njósnavélin à la fin de Vanilla Sky, Starálfur lors d'une séquence sous-marine magnifique dans La vie aquatique, Varðeldur dans la scène du bus de Captain Fantastic, Festival pour conclure 127 heures, Samskeyti dans Mysterious Skin, ou encore Gobbledigook dans Un prophète, pour ne citer que ceux-ci.
Cependant, leur apparition dans des œuvres cinématographiques n'est qu'une infime partie de leur travail, puisque le groupe a déjà produit 7 albums, sans compter l'album solo de Jónsi. Mon album préféré a longtemps été ( ), que j'ai écouté en boucle pendant de nombreuses années. Mais avec la sortie de Valtari en 2012, Sigur Rós a selon moi tout surpassé. Quoiqu'il en soit, je voulais faire un top 10 de mes musiques préférées du groupe, mais impossible de m'y résoudre. Je me retrouve donc avec ce top 16.
1 - Ekki Múkk
(album Valtari, 2012)
L'une des musiques les plus importantes de ma vie. Je préfère ne pas montrer le clip, car je considère qu'il impose un peu trop son ambiance. Ekki Múkk est sans aucun doute la musique du groupe qui me touche le plus, celle capable de propulser mon esprit 20 ou 30 ans en arrière pour me plonger dans des nuits d'intense nostalgie. Je suis amoureux des deux dernières minutes, avec ces quelques notes de piano qui semblent perdues dans le temps et que je voudrais ne jamais voir s'éteindre. J'aime particulièrement la vidéo ci-dessus, avec ce bateau qui flotte et avance doucement. Sublime.
2 - Samskeyti (Untitled #3)
(album ( ), 2002)
Grand amoureux de musique minimaliste, il m'était impossible de ne pas placer Untitled #3 sur le podium. J'ai longtemps considéré cette musique comme étant ma préférée du groupe, car cette répétition de notes me transporte durant 6 minutes, jusqu'au climax qui éclate en puissance, comme souvent chez Sigur Rós. J'ai décortiqué cette musique plusieurs fois, utilisant Audacity pour démontrer par A+B que la mélodie s'accélérait bel et bien au fil des minutes et que ce n'était pas une illusion provoquée par l'intensité (c'est très léger). J'avais même tenté de découvrir un message codé en recopiant sur papier la fréquence des notes plus aiguës, bref. Cette musique fait partie de ma vie.
3 - Ára bátur
(album Með suð í eyrum við spilum endalaust, 2008)
L'une des plus puissantes chansons du groupe est incontestablement Ára bátur, que je m'étonne de n'avoir jamais entendue au cinéma tant elle dégage une émotion pure. La première moitié de la musique en islandais est superbe, mais Ára bátur vaut surtout pour son changement de ton et sa montée en puissance à partir de 4:30. On assiste alors à 4 minutes d'une intensité que je ne parviendrai absolument pas à décrire. Ce n'est pas pour rien si j'ai choisi cette musique pour illustrer des scènes de larmes au cinéma dans l'une de mes vidéos : cette chanson est à pleurer.
4 - Von (live)
(album Hvarf / Heim, 2007)
Brrr... Comment parler de Von ? Je parle ici de la version live de 8min14 qui figure sur l'album EP sorti en 2007, soit 10 ans après la sortie de la chanson originale tirée du premier album du groupe (Von) et qui ne dure que 5min12. Cette version étendue de plus de 8 minutes m'a accompagné lors de tous les deuils de ma vie, et je ne peux plus lui trouver un autre sens. Je ne peux que pleurer lors des deux moments forts de la musique (à 3:47 et à 5:56 qui me filent des frissons comme aucune autre chanson n'est capable de le faire). Sans parler de ces deux dernières minutes qui ne sont là que pour me hanter. Pour moi, Von est la chanson la plus triste du monde.
5 - Glósóli
(album Takk…, 2005)
Glósóli est une merveille. Cette fois-ci, je joins le clip car il est pour moi indissociable de la musique pour en ressentir toute l'intensité. Glósóli est un crescendo de puissance durant 6 minutes, j'aime particulièrement la montée à partir de 3min47, jusqu'à l'explosion à 4:40 qui est d'une beauté monstrueuse. Que c'est beau putain.
6 - Festival
(album Með suð í eyrum við spilum endalaust, 2008)
Festival ressemble beaucoup à Glósóli dans sa construction : après une première moitié assez douce, la chanson prend un nouveau virage à 4:36, avec une mélodie répétitive et entêtante qui monte graduellement en puissance jusqu'à un climax vibrant à 7:30. Sigur Rós, c'est souvent ça : provoquer un désir dans l'attente de cette explosion libératrice. Cette musique accompagne la fin du film 127 heures.
7 - Fjögur píanó
(album Valtari, 2012)
La première fois que j'ai parlé d'un clip de Sigur Rós sur le blog, je crois bien que c'était pour cette chanson. Fjögur píanó vaut autant pour sa musique que pour son clip avec Shia Labeouf et Denna Thomsen. Etant donné la restriction d'âge, puisque le clip d'Alma Har'el contient un peu de nudité, je vous invite à découvrir le clip directement sur Youtube en suivant ce lien. Je suis fou de l'apparition des cordes à partir de 4:30, qui apportent une atmosphère dingue à ce court-métrage officiel.
8 - Fljótavík
(album Með suð í eyrum við spilum endalaust, 2008)
Bon sang, quelle puissance. J'ai déjà parlé de Fljótavík sur le blog il y a quelques temps.
9 - Vaka (Untitled #1)
(album ( ), 2002)
J'ai découvert Sigur Rós aux alentours de 2004 avec l'album ( ) et, donc, avec Untitled #1. Impossible de ne pas placer cette musique dans le top 10, elle est magnifique. Le clip, avec tous ces enfants qui portent des masques à gaz et qui jouent, dansent dans les cendres, est déprimant.
10 - Blóðberg
(album Átta, 2023)
Le dernier album de Sigur Rós, sorti l'an dernier, est loin d'être mon préféré. Pour autant, certaines musiques m'ont marqué, surtout Blóðberg qui est hallucinante en terme d'atmosphère. Mis à part le clip totalement déprimant, la musique lente et aérienne donne l'impression de flotter dans le cosmos après la fin des temps. Une merveille.
11 - Varðeldur
(album Valtari, 2012)
Encore et toujours l'album Valtari. Varðeldur apparait dans Captain Fantastic et offre au film sa meilleure séquence. Il fallait bien ça pour honorer le regard de Viggo Mortensen.
12 - All Alright
(album Með suð í eyrum við spilum endalaust, 2008)
Mélancolie, douceur, tristesse, puissance émotionnelle : All alright résume plutôt bien l'univers de Sigur Rós.
13 - Rembihnútur
(album Valtari, 2012)
Rembihnútur a toujours été pour moi une grande frustration. Je raffole de cette lente progression d'intensité entre 1:14 et 2:21, mais je suis frustré par la manière dont elle s'achève. La mélodie était pourtant parfaite et aurait pu provoquer une merveilleuse explosion, malheureusement cela ne se produit qu'une minute plus tard, à 3:19. Une minute de trop, à mon avis, qui vient gâcher le rythme de Rembihnútur. Cela n'empêche pas la musique de se hisser en 13e position.
14 - Ég anda
(album Valtari, 2012)
Le premier titre de l'album Valtari est également l'un de mes préférés du groupe. Si Ég anda n'a pas la chance d'apparaître dans le top 10, c'est parce que je trouve le début et la fin un peu moins inspirées que le reste. Cependant, cette montée en puissance à partir de 2:12 me subjugue à chaque fois.
15 - Njósnavélin (Untitled #4)
(album ( ), 2002)
Il faut que je revoie Vanilla Sky afin de vérifier s'il mérite toujours mon amour. Le film de Cameron Crowe fait partie de ces films que j'ai vus étant jeune et auxquels j'ai peur de redonner une chance. Il n'empêche que sa conclusion onirique sur fond de Untitled #4 est une vraie merveille.
16 - Starálfur
(album Ágætis Byrjun, 1999)
Je termine ce classement par Starálfur, qu'il m'était impossible de ne pas citer. Cette musique accompagne la plus belle scène de l'un des plus beaux films de Wes Anderson : La vie aquatique. Une preuve de plus que Sigur Rós a un don pour tirer des larmes.
Voilà tout pour ce top. J'ignore si Sigur Rós est si connu en tant que groupe, je voulais donc le mettre à l'honneur une fois de plus sur le blog, en espérant vous avoir fait découvrir quelques titres.