C'est bien la première fois que j'écris un tel article, et c'est probablement la dernière. Mais si je l'écris, c'est parce que
selon moi, louper Melancholia sur grand écran, c'est louper l'un des plus grands moments de cinéma jamais vus. Ce film est terriblement cinégénique, c'est-à-dire qu'il est quasiment nécessaire,
je pense, de le voir sur grand écran pour en apprécier toute l'ampleur. Et si je l'écris maintenant, c'est parce que je sais très bien que d'ici quelques jours, ce film ne passera plus dans les
cinémas. C'est franchement très très dommage de passer à côté de ça car c'est un pur moment. Et quand bien même le film pourrait contenir des longueurs pour les spectateurs n'aimant pas les films
assez lents, je peux vous assurer que sa dernière minute est un truc de taré comme je n'en ai jamais vu...
Je ne vais pas dévoiler ce qui se passe dans cette fameuse minute, ni insérer une capture de ce final, car il nous
prend au dépourvu, mais sans blague, en matière d'émotion forte, c'est ahurissant de puissance. Il est très rare que j'aille voir un film 2 fois au cinéma. Quand ça arrive, c'est que je l'ai
vraiment adoré. Melancholia n'est absolument pas mon film préféré, pour diverses raisons que j'ai déjà évoquées dans un précédent article, et pourtant j'y suis déjà allé 3 fois depuis sa sortie.
Et je compte y retourner une quatrième fois. Pourquoi ? Tout simplement parce que, lorsque ce film ne passera plus sur grand écran, je ne pourrai plus revivre cette intensité hallucinante, sauf
éventuellement dans 20 ans quand les vieux cinés décideront de faire une petite soirée Lars von Trier comme ils le font aujourd'hui pour Kubrick. Comme je l'ai dit, ce n'est pas mon film préféré,
mais si je devais fiare un classement des films les plus cinégéniques, il arriverait en première position loin devant tout le monde.
J'y suis allé trois fois, et à chaque fois que le film se termine, les spectateurs restent
scotchés à leur siège. Je n'ai encore vu personne se lever instantanément à l'apparition du générique et quitter la salle comme si de rien n'était, d'ailleurs je vous défie de le faire... La première fois, j'étais sous le choc, à la fois bouleversé mais surtout abasourdi par l'onde de puissance que je venais de me
prendre dans les yeux et dans les oreilles. Le tout décoré par la sublime musique de Wagner, que Lars von Trier a délibérément poussé à un volume extrême à la fin du film, le son montant
graduellement en intensité et laissant le spectateur là, dans son fauteuil, ne pouvant décoller ses yeux des images. Bref, la première fois j'ai été comblé par ce final, bien qu'un peu déçu par
les quelques longueurs du film. La deuxième fois, j'étais tellement accroché aux accoudoirs que je me suis dit "putain, faut que j'y retourne !". Et la troisième fois (c'est-à-dire mardi), je ne
peux même pas vous expliquer dans quel état je me suis retrouvé pendant ces dernières 30 secondes. Je ne pouvais même pas contrôler mes jambes, qui flageolaient violemment, de même pour mes bras
qui tremblaient comme pas possible, et ma tête qui prenait tellement de son et d'image dans la face qu'elle ne pouvait plus se concentrer sur autre chose. J'ai jamais vécu ça devant un film,
vraiment jamais.
Malheureusement, j'ai bien peur que ce film passe beaucoup moins bien sur une télé ou un ordi (à moins
d'avoir un écran de la taille d'un mur et des enceintes qui crachent du feu de dieu), et c'est pourquoi j'insiste : allez voir ce film au
cinéma, avant que les cinémas ne le passent plus, j'ai déjà invité deux personnes à découvrir le film sur grand écran et elles en sont ressorties ahuries, avec toujours la même réaction :
"je veux le voir une deuxième fois". C'est d'ailleurs devenu un prétexte pour moi : accompagner une nouvelle personne à voir ce film pour trouver l'occasion de me le refaire encore...
Bref, vous allez peut-être trouver que ma réaction à ce film est disproportionnée, mais quand j'entends que des gens sont partis une demie-heure avant la fin, je les plains, parce qu'à mon goût ils ont raté l'une des expériences cinématographiques les plus immenses jamais créées.Et oui, ce blog a été créé pour partager mes ressentis, et un tel ressenti, aussi violent, méritait clairement un article.