J'ai donc beaucoup aimé ce film, merci Mona de m'avoir rappelé régulièrement qu'il fallait que je le voie. Le film a eu un effet coup de
poing à la
Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes avec son sujet original et assez marquant. Aborder un tel sujet est inhabituel et sans choquer, ça
a le mérite de ne pas être conventionnel. Le scénario est très bien traité et le film se regarde agréablement, j'ai été passionné par cette trame à la fois dramatique et humoristique.

Le côté humoristique, je le dis clairement, c'est essentiellement grâce à l'accent québécois qui donne toujours un
immense charme aux répliques, surtout quand on n'y est pas habitués.
Alexandre Astier, l'auteur de génie de
Kaamelott, a dit avec exactitude dans une interview que le problème de la France se situe dans ses dialogues. Nos dialogues sonnent toujours faux,
rarement naturels, même si effectivement on fait des efforts dans ce domaine. On ne sait pas bien pourquoi, mais c'est en tout cas ce qui me dérange à chaque fois dans le cinéma français : ce
manque de naturel. Quand on regarde un film comme
J'ai tué ma mère, on voit clairement la différence. Les répliques sont énoncées avec
tellement de réalisme, de sincérité, de naturel, c'est dingue. Alors peut-être aussi que les acteurs sont excellentissimes (d'ailleurs ils le sont) mais n'empêche, ça frappe. Les répliques font
vraiment mouches, et même si ça ne plaira peut-être pas aux québécois qui me liront, je le dis : cet accent m'a beaucoup fait rire, dans le sens positif du terme bien évidemment. Vous avez une
manière de vous exprimez qui fait passer les effets comiques avec brio, c'est assez incroyable. A l'opposé, les effets dramatiques passent également tout seuls, contrairement aux films français
dans lesquels les deux registres s'en tirent moyennement bien (c'est mon avis).
Bref, quoiqu'il en soit le sujet traité dans ce film est intéressant puisque la question "
Peut-on détester sa mère
?" en fait l'objet. Effectivement : est-on obligés d'aimer ses parents ? Par l'intérmédiaire de fausses interviews,
Xavier Dolan
nous présente un personnage qui, visiblement, ne peut pas supporter la sienne et vit un enfer au quotidien. Tout les oppose, que ce soient leurs goûts comme leur façon de vivre (il ne supporte
plus de la voir devant sa télé à regarder des conneries), ce qui ne facilite pas leur communication. Alors certains auront peut-être été éthiquement choqués par ce scénario original, mais l'idée
de remettre en question l'amour porté à une mère est assez fine. Moi je n'ai pas de problèmes de ce côté mais
Hubert, lui, semble à la fois détester et aimer
sa mère. C'est une femme qui nous apparaît assez insupportable par moments, car c'est une manipulatrice qui aime jouer avec la culpabilisation de son fils.
Hubert, pour un jeune de 17 ans est très mûr et réfléchi, loin du stéréotype de l'ado rebelle bien chiant (même si sa coiffure peut prêter à sourire), et on tente d'en
connaître un peu plus sur son ressenti. Mal dans sa peau, chose que sa mère expliquera par son homosexualité, il ne peut plus la blairer et la fait même passer pour morte auprès de son
enseignante afin de ne pas avoir à la prendre pour modèle. Le personnage de la mère est très difficile à cerner, puisqu'on a l'impression qu'elle est un mur face aux paroles de son fils et
qu'elle éprouve même du plaisir à le contredire ou à ne pas réagir.
Hubert, lui, essaie d'arranger les choses du mieux qu'il peut, il fait d'énormes efforts,
mais ils ne sont pas réciproques. Le duo d'acteurs est vraiment bon, du début à la fin on suit leur relation assez tumultueuse et notamment les crises de nerf justifiées du jeune homme devant sa
mère incapable de se remettre en question. Je retiens notamment les scènes où il l'engueule (dans leur appartement, mais surtout dans la voiture au début).

Certains parleront mieux que moi de ce film car j'admets ne pas avoir grand chose à en dire, en fait. De nombreux passages sont
intéressants, comme la relation entre
Hubert et sa prof qui le recueille chez lui. Les acteurs, et notamment
Xavier
Dolan, sont vraiment parfaits, tout autant que la réalisation du film. J'ai beaucoup aimé la façon avec laquelle on nous montre ce que lit le personnage principal (sur papier, sur
son portable), en superposant sur le film des écritures. De même, de nombreuses scènes sont géniales artistiquement parlant, comme la peinture sur les murs, ou encore des effets à la
Gus Van Sant. J'ai surtout vu cette ressemblance lors d'une scène où on voit
Hubert de dos, au ralenti, avancer
entre les rangées d'une salle de classe. La musique à ce moment est d'ailleurs sublime. La BO ainsi que l'ambiance font penser à
Good Bye
Lenin, un autre film excellent avec
Daniel Brühl. A part ça, les émotions passent avec une grande facilité, que ce soit dans
le regard de la mère comme dans celui de
Xavier Dolan qui nous offre ici une incroyable prestation d'acteur. Et pour conclure, la fin du film
n'est pas clichée, ce qui fait du bien.
Bref, j'ai beaucoup aimé et j'espère pouvoir voir
Les Amours Imaginaires bientôt !