Voilà, je l'ai découvert ce Xavier Dolan dont on m'a parlé pendant si longtemps ! Je dois avouer que le jeune homme de 22 ans a du talent, du moins dans ce premier film que j'ai vu : J'ai tué ma mère. Du talent à la fois devant et derrière la caméra, ce que peu de cinéastes se risquent à faire en général, mais qui témoigne souvent d'une virtuosité exemplaire (Mel Gibson, Clint Eastwood entre autres). Egalement scénariste, Xavier Dolan nous présente ici un adolescent de 17 ans : Hubert Minel, qui ne peut plus supporter sa mère.
Le côté humoristique, je le dis clairement, c'est essentiellement grâce à l'accent québécois qui donne toujours un
immense charme aux répliques, surtout quand on n'y est pas habitués. Alexandre Astier, l'auteur de génie de Kaamelott, a dit avec exactitude dans une interview que le problème de la France se situe dans ses dialogues. Nos dialogues sonnent toujours faux,
rarement naturels, même si effectivement on fait des efforts dans ce domaine. On ne sait pas bien pourquoi, mais c'est en tout cas ce qui me dérange à chaque fois dans le cinéma français : ce
manque de naturel. Quand on regarde un film comme J'ai tué ma mère, on voit clairement la différence. Les répliques sont énoncées avec
tellement de réalisme, de sincérité, de naturel, c'est dingue. Alors peut-être aussi que les acteurs sont excellentissimes (d'ailleurs ils le sont) mais n'empêche, ça frappe. Les répliques font
vraiment mouches, et même si ça ne plaira peut-être pas aux québécois qui me liront, je le dis : cet accent m'a beaucoup fait rire, dans le sens positif du terme bien évidemment. Vous avez une
manière de vous exprimez qui fait passer les effets comiques avec brio, c'est assez incroyable. A l'opposé, les effets dramatiques passent également tout seuls, contrairement aux films français
dans lesquels les deux registres s'en tirent moyennement bien (c'est mon avis).
Certains parleront mieux que moi de ce film car j'admets ne pas avoir grand chose à en dire, en fait. De nombreux passages sont
intéressants, comme la relation entre Hubert et sa prof qui le recueille chez lui. Les acteurs, et notamment Xavier
Dolan, sont vraiment parfaits, tout autant que la réalisation du film. J'ai beaucoup aimé la façon avec laquelle on nous montre ce que lit le personnage principal (sur papier, sur
son portable), en superposant sur le film des écritures. De même, de nombreuses scènes sont géniales artistiquement parlant, comme la peinture sur les murs, ou encore des effets à la Gus Van Sant. J'ai surtout vu cette ressemblance lors d'une scène où on voit Hubert de dos, au ralenti, avancer
entre les rangées d'une salle de classe. La musique à ce moment est d'ailleurs sublime. La BO ainsi que l'ambiance font penser à Good Bye
Lenin, un autre film excellent avec Daniel Brühl. A part ça, les émotions passent avec une grande facilité, que ce soit dans
le regard de la mère comme dans celui de Xavier Dolan qui nous offre ici une incroyable prestation d'acteur. Et pour conclure, la fin du film
n'est pas clichée, ce qui fait du bien.