Comme quoi parfois, il faut voir des films deux fois. La première fois, j'avais vraiment accroché à La 25e heure, mais il m'avait manqué quelque chose. Je trouvais que le film avait beaucoup de longueurs, jusqu'à être parfois ennuyeux. Mais là, au deuxième visionnage, je l'ai tout simplement trouvé parfait. Un scénario impeccable, un casting irréprochable, des scènes fortes en émotion, des passages d'anthologie (la fameuse scène des "J'emmerde"), une BO sublime, mais aussi l'une des meilleures fins que j'ai jamais vu. Tout ça à la fois. Le film raconte l'histoire d'un trafiquant de drogue d'un trentaine d'années, Monty, qui fête sa dernière nuit de liberté avant de purger une peine de 7 ans de prison. Il voit son père et passe la soirée avec deux amis d'enfance et sa compagne, Naturelle.
Bref, je ne vais pas refaire tout le film. Le scénario est vraiment intéressant et plutôt original, puisqu'on suit les derniers
moments de cet homme avant qu'il ne vive un enfer pendant 7 ans. Le film appuie beaucoup sur la mentalité de Monty, sa déprime et son appréhension, sa
tristesse de quitter la femme qu'il aime et ses amis pour rejoindre un monde impitoyable où, il le sait, il va avoir du mal à tenir. Ce film est littéralement un drame car il manie à la
perfection la corde de la sensibilité pour nous montrer les moindres émotions et sentiments d'un homme qui a fait une connerie. La culpabilité, le désespoir, l'angoisse, l'envie de s'éclater une
dernière fois, mais jamais la colère (ou peu). Il part pour 7 ans de calvaire et sait parfaitement que la vie qu'il a actuellement va se terminer pour toujours (a priori), puisqu'il
demande même à Naturelle, sa copine, de refaire sa vie sans lui et de l'oublier. Toutes les émotions qui se dégagent de ce film sont vraiment belles, très
humaines. Le sujet traité est surprenant et malin, car il parvient à passionner pendant 2h15. Nombreux sont les réalisateurs qui auraient rendu cette histoire ultra-chiante. On entre entièrement
dans la "fin de vie" d'un homme qui souhaite passer ses derniers bons moments en compagnie des gens qu'il aime. Aucun manichéisme gentils/méchants, le réalisateur prend soin de ses personnages et
n'en délaisse aucun. Chacun d'entre eux a quelque chose à dire sur cette situation, tous sont poignants même si quelques petites longueurs sont à noter par-ci par-là, comme par exemple cette
histoire entre Jakob et son élève Mary dans la boîte de nuit dont on aurait éventuellement pu être dispensés. Ceci ne
fait que rendre le personnage de Jakob plus ambigu et ça ne sert pas à grand chose, surtout que seule l'histoire de Monty
nous intéresse. Cependant le reste du film ne souffre d'aucun temps mort. Pourtant, il n'y a pas beaucoup de rythme : tout est assez lent, on prend le temps de laisser parler les personnages, de
montrer leurs émotions. Les discussions entre personnages sont rarement séparées en différents plans, puisque ceux-ci sont généralement longs et sans coupure. IIs commencent une conversation et
la terminent. Le film laisse également le temps à Monty de savourer cette dernière nuit. Et pendant ce temps, on s'intéresse à ses sentiments, à son état
d'esprit. On a quelques flashbacks pour nous expliquer comment il en est arrivé là, chose que le personnage se demande aussi lui-même tout au long de l'intrigue.
L'ambiance du film est aussi un point fort, assez sombre, parfois glauque dans la boîte de nuit. Beaucoup d'esthétisme, les plans sont
soignés. Le tout est magnifiquement filmé de façon à faire ressortir au maximum les émotions des personnages (par exemple, le plan sur Jakob lorsqu'il vient
d'embrasser Mary et sort des toilettes). De nombreux autres passages que ceux que j'ai déjà cité sont extrêmement puissants. Plus particulièrement ce moment
où Monty demande à son meilleur ami de le défigurer en lui tapant dessus. Certainement la scène la plus déchirante de ce film, où l'acteur Bary Pepper est poignant, très émouvant car il se force à faire une chose horrible simplement pour rendre service à son ami. J'en ai eu quelques
larmes. L'ensemble du casting est d'un niveau immense. A commencer par Edward Norton bien entendu qui vient encore talonner, voire
dépasser, les plus grands acteurs de notre époque. Avec son regard, ses expressions, ils incarne un personnage terriblement humain. Cet acteur m'avait déjà énormément surpris dans Fight Club, puis évidemment dans American History X où il signe l'une des meilleures prestations
que j'ai jamais vu. Et là, il est encore au top, à croire que ce mec a un talent inépuisable. Son personnage est extrêmement attachant et on ne peut que compatir à son sort même si dans le fond
on devrait se dire la même chose que Franck "quand on y pense, il l'a juste mérité !". Bref, un acteur
monumental. De même pour Rosario Dawson, qui m'étonne une fois supplémentaire après Sin
City et Sept Vies. Touchante, vraie, magnifique. Et enfin, Phillip Seymour
Hoffman qui interprète un personnage assez spécial, qu'on a beaucoup de mal à cerner mais dont les intentions sont toujours bonnes. La gentillesse incarnée, l'ami pur et
dur.