Etant donné les avis totalement opposés que j'ai pu entendre à propos de
Lovely Bones, je m'attendais à être déçu. La
bande-annonce m'avait incroyablement surpris et au début j'étais motivé pour le voir. Mais la force des choses a voulu que j'attende si longtemps avoir de découvrir cette merveille qui a dépassé
toutes mes espérances de façon violente. J'ai rarement vu un truc aussi beau et je mesure mes propos ! J'ai l'habitude de montrer un léger enthousiasme dans mes articles mais là, je suis vraiment
bouche bée, totalement conquis. Tout dans ce film est parfait, j'ai ressenti tellement de frissons que j'ai hâte de le revoir.
Aurait-on ici un clin d'oeil à l'Oeil de Sauron ?
Suite à l'
après-mort selon Clint Eastwood à laquelle j'avais accroché sans plus,
et l'
après-mort selon Gaspar
Noé qui m'avait fait l'effet d'une bombe atomique, voici donc l'après-mort selon
Peter Jackson et autant dire que c'est
impressionnant. Si
Enter the Void a été pour moi une véritable claque visuelle, ce
Lovely
Bones n'a pas à rougir. C'est filmé avec tant de beauté, de grâce, d'intensité... Je vais même vous dire un truc : parfois j'essaie d'imaginer à quoi pourrait ressembler mon idéal
de film émotionnel (j'en fais même des rêves qui me bouleversent, si si) et
Lovely Bones s'en approche dangereusement. La qualité de l'image,
des décors, des plans, des couleurs, tout ça est tellement magique et parfait que j'avais presque du mal à en croire mes yeux : j'avais face à moi un OVNI cinématographique que j'attendais depuis
longtemps. Rares sont les scènes de films qui provoquent cette euphorie chez moi, la dernière en date était peut-être la sublime scène en extrême ralenti du parcours de
Charlotte Gainsbourg vers l'
Eden dans
Antichrist, sauf que dans
Lovely Bones ce n'est pas une scène mais pratiquement la moitié du film. Brrr, je peine à expliquer ce que je ressens, certains me prendront pour un fou,
mais qu'importe. Je ne parviens pas à comprendre comment on ne peut pas sentir l'intensité de ce film. Il faut au moins reconnaître l'extraordinaire photographie et je me demande par quel miracle
le film n'a remporté aucun prix. Il m'inciterait presque à tester du Bluray.
Le scénario est également exemplaire,
Peter Jackson nous conte l'histoire
tragique d'une fille de 14 ans agressée et tuée par son voisin dans un champ de maïs. En plus de nous faire parcourir son somptueux "entre deux mondes", le cinéaste adapte ici un roman
d'
Alice Sebold qui s'avère être riche en rebondissements et en idées, le tout avec puissance. Il avait déjà réussi l'exploit d'adapter
Le Seigneur des Anneaux en 11 heures de perfection incroyables (d'ailleurs on a un clin d'oeil à la trilogie littéraire de
J.R.R. Tolkien à un moment, cf
cette capture). Là, je n'ai pas lu le livre d'origine mais ça donne envie. Tout d'abord, on nous plonge dans une expérience visuelle et émotionnelle de dingue à travers les
yeux de la jeune
Susie, qui observe sa famille sur Terre depuis une sorte de Paradis. Toutes ces scènes sont bluffantes, où
Susie entre plus ou moins en contact avec sa famille (disons qu'ils ressentent sa présence) mais également avec
Ruth avec qui elle
semble avoir une connexion particulière. Ca donnera lieu à la fin du film à une scène des plus intenses, lorsque
Ruth voit le reflet de
Susie s'approcher d'elle à travers la fenêtre, sur fond de musique exceptionnel : j'ai nommé
Brian Eno. Je
connaissais déjà cet artiste et tout particulièrement cette composition,
Big Ship. Cette musique me foutait déjà des frissons
partout avant même de mettre des images dessus, mais là avec ce film elle atteint un niveau assez dément (
à écouter ici). Je consacrerai certainement un article à la BO de ce film, car elle est tout simplement géniale. Elle donne un aspect mystique voire céleste aux images,
comme si
Susie se trouvait au coeur du cosmos, c'est magnifique.
Brian Eno n'est pas le seul à remercier
pour cette atmosphère, on peut également citer une musique de
This Mortal Coil,
Song to the
Siren, vibrante et mélancolique :
Bref, cette BO accompagne des scènes qui me resteront longtemps en mémoire et que je ne suis pas prêt d'oublier. Quant aux acteurs, je n'en
parle même pas. Allez, si, j'en touche un mot car le casting est d'exception.
Mark Wahlberg m'a totalement impressionné, je l'avais adoré
dans
Phénomènes mais je trouvais qu'il lui manquait un truc pour être totalement poignant. Je ne sais pas quel était ce truc manquant, mais
dans
Lovely Bones il est très émouvant, cool, génial.
Rachel Weisz est elle aussi
parfaite, même si on ne la voit pas énormément. Quant à
Saoirse Ronan, wouaw. C'est ma révélation du moment. Je l'ai découverte il n'y a pas
très longtemps dans
Atonement et je l'avais trouvée excellente. Mais là, c'est carrément autre chose ! Un grand talent prometteur que j'ai hâte de voir se peaufiner avec le prochain film
de
Joe Wright,
Hanna, qui m'a l'air, à vue d'oeil, de s'annoncer génial (
jugez vous-mêmes).
Mais en dehors de ce monde imaginaire et de ces images qui calment, on a également un thriller angoissant avec cet homme
pédophile qui se terre dans l'ombre, ce tueur horrible et glauque qu'on suit pendant tout le film :
George Harvey. J'ai eu beaucoup de mal à reconnaître
Stanley Tucci et cet acteur est absolument incroyable de bout en bout. Il est terrifiant, il fout clairement les jetons. Avec son regard de
pervers et sa discrétion, sa dégaine, ses apparitions sont effrayantes. Le personnage donne lieu à énormément de scènes de tension de dingue, ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi
stressé devant un film. D'un côté, le film apaise et fait frissonner avec ces belles images, mais de l'autre il nous fout les boules. Y'a tout d'abord la scène d'avant meurtre, où
Harvey invite la gamine à visiter son "coin pour enfants". C'est tendu parce qu'on sait à l'avance ce qui va se passer dans cette horrible cave, cette cabane construite
par le tueur dans le seul but de violer et de tuer la pauvre enfant. Le viol et le meurtre ne sont que suggérés et ce n'est pas plus mal. Et puis, bien sûr, il y a la scène pendant laquelle
Lindsey, la soeur de
Susie, s'introduit chez le criminel pour trouver des preuves. Bon dieu de bon dieu, cette scène est
culte et a tout pour rester culte, ça se voit immédiatemment. Le moment où
Lindsey effleure les pages du cahier du meurtrier, puis qu'elle tente de remettre
la latte du plancher en place sans faire de bruit est mythique, et toute la tension qui s'ensuit est horrible. C'est tourné de façon à nous faire stresser (on voit
Stanley Tucci qui court très vite avec un visage de monstre) et ça relève du génie. C'est très balaise.
Bref, je ne sais pas si vous l'avez vu, mais si ce n'est pas le cas j'espère que je vous en ai donné suffisamment l'envie. Je parlais d'un coup de coeur
cet après-midi avec
In the Air, mais là ça dépasse le statut de coup de coeur. Merci à
Peter
Jackson d'avoir créé ce truc puissant. On en ressort bouleversés avec un arrière-goût de déprime pour la scène du coffre-fort.
Note : ce film m'a poussé à mettre à jour mon top des
meilleurs films de 2000 à 2010.
Voir aussi : Le Seigneur des Anneaux.