J'ai fini de regarder cette série absolument géniale hier. Oui je sais, j'ai regardé les 15 derniers épisodes en 4 jours, mais j'étais
tellement happé par cet univers, par cette ambiance, que je ne pouvais plus m'en sortir ! On me l'avait vendu comme étant un précurseur de Lost et j'admets qu'il y a de ça, surtout au niveau du mystère entourant les séries, ce monde bien particulier qui s'égare de temps à autres dans la
science-fiction. On pourrait dire que la ville de Twin Peaks correspond un peu à l'île de Lost, avec ses personnages délurés, les bizzareries qui planent. Bref, en ce moment Twin Peaks passe sur
Arte, si vous avez vu le premier épisode mardi dernier je vous conseille de ne pas lâcher, ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout, rien que pour l'agent Dale
Cooper et les 25 dernières minutes de la série complètement barrées.
Twin Peaks c'est avant tout des personnages. Dès le pilote, on nous présente une multitude de
personnages, une vingtaine voire plus. Laura Palmer, tout d'abord, qui fait l'objet de toute l'intrigue de la série (ou presque). Une jeune femme retrouvée morte, emballée dans une bâche en
plastique. Pour résoudre cette enquête, l'agent Dale Cooper du FBI est envoyé sur place pour épauler la police locale menée par le shérif Harry S. Truman. Et ce personnage est tout simplement
génial, charismatique, extrêmement drôle. Fan de café bien noir ("
That's a damn fine coffee !", aime-t-il dire avec son grand sourire), de donuts et
de tartes en tous genres, il a des habitudes assez étranges, des mimiques amusantes qui font qu'on s'attache immédiatement à lui, bien plus que tous les autres. Pour ceci,
Kyle Maclachan est l'élément fort du casting, l'un des seuls à ne pas surjouer et à nous faire marrer constamment. Qui plus est, ce personnage et son
passé nous intriguent, d'autant que ses techniques d'enquête sont assez spéciales : il se base sur ses rêves et sur la méditation tibétaine, ce qui fait qu'il a toujours des révélations un peu
bizarres au cours de la série. Les personnages féminins sont vraiment réussis, des plus attachantes comme Donna, Shelly et Norma comme des plus insupportables (Catherine est irritante au
possible).
Twin Peaks est caractérisée par un humour qui fait mouche, l'humour Lynchien que je ne
pourrais pas vraiment définir, un comique de situation qui s'approche parfois de l'absurde. C'est juste savoureux et je ne sais pas combien de fois je me suis esclaffé en entendant les répliques
de Cooper, Andy ou Lucy. La relation que Cooper entretient avec Annie en fin de série est tout simplement une merveille d'humour et de sensibilité. Le personnage joué par
David Lynch (Gordon Cole) est hilarant, en malentendant qui passe son temps à gueuler. De même, l'apparition de
David Duchovny dans le rôle de Denise est juste ultra-comique et bienvenue. Même quelques objets font rire, comme cette porte battante qui ne s'arrête
jamais lors d'un épisode. Tous les personnages de cette série ont leur importance, un grand rôle à jouer. Leo Johnson est assez central et on le haïra avant d'avoir pitié pour lui (il finira
littéralement traité comme un vulgaire animal et je ne pensais pas que je plaindrais ce personnage un jour). Je ne vais pas citer tous les personnages mais j'ai également adoré le personnage de
Bobby Briggs et notamment la relation qu'il entretient avec son père, le major Briggs. Il y a une scène que j'affectionne tout particulièrement, quand le père raconte une de ses visions à son
fils et que l'émotion est au rendez-vous.
Twin Peaks c'est aussi une putain d'ambiance et une BO à frissons. Le style années 70/80 propre au cinéaste, avec les coiffures et les
vêtements démodés, est ici dément. Le surjeu des acteurs m'avait déstabilisé au début (c'est d'ailleurs pour ça que j'avais abandonné une première fois), mais finalement on s'y fait très bien.
L'ambiance de la série est au rouge, presque tout le temps. Les grands rideaux rouges ont une place importance dans la série, puisqu'on les retrouve très souvent, symbolisant le secret qui se
cache.
David Lynch nous plonge dans un univers décalé, très émouvant, prenant, intriguant. L'intrigue prend son temps, le cinéaste accordant
judicieusement plusieurs moments de grand calme à ses personnages. La musique, mon dieu, est du pur génie aussi.
Angelo Badalamenti a fait un
travail de dingue. Plusieurs d'entre elles passent pendant toute la série, parfois à des moments où on ne s'y attend pas. Le thème "
Audrey's Prayer"
(qu'on entend lorsque les Briggs père/fils discutent au Double R) est d'une somptuosité impressionnante et débarque toujours sans prévenir, ce qui m'a plongé à chaque fois dans une atmosphère
d'émotion assez intense. C'est un procédé très intelligent, de mettre une musique sans raison particulière, et je trouve que beaucoup de réalisateurs l'oublient. Egalement, on a droit à la fin de
l'épisode 2x07 à des chansons de
Julee Cruise qui nous font vibrer, car la puissance de la scène est magnifique. J'ai déjà écrit
un article sur cette fin d'épisode qui m'a
marqué.
La suite de l'article rélève (un petit peu) la fin de la série.
Le scénario en lui-même est plutôt réussi, même si certaines intrigues sont un peu chiantes, comme l'histoire de la scierie ou du projet
Ghostwood. Cependant, tout le reste est captivant, que ce soient les histoires d'amour comme l'intrigue policière. Les fins d'épisodes nous laissent souvent sur des cliffhangers assez bien pensés
et qui donnent envie de voir la suite, ce qui fut par la suite la marque de fabrique de
Lost. Même si les intrigues "banales" sont
sympathiques à regarder, j'ai de loin préféré tout ce qui tourne autour de Bob et du supernaturel, bien sûr. Ces histoires de Loges Blanche et Noire, la chambre rouge avec le nain, le géant, je
suis littéralement dingue de tout ça. Il est d'ailleurs dommage que
David Lynch ait été limité en nombre d'épisodes car une troisième saison
aurait été géniale. D'ailleurs, il a certainement laissé volontairement la série sans fin réelle, peut-être en guise de "
je vous emmerde" aux personnes qui ont décidé d'arrêter sa série
à l'écran. Vraiment dommage.
Le début de la saison 2, lorsque Dale Cooper est blessé au sol et reste allongé ici un bon moment, est un pur délire d'absurdité et de révélations avec ce
géant, j'adore. Toutes les scènes dans la Chambre Rouge sont impressionnantes, avec ce nain qui danse et fout les boules. Ces scènes ont été tournées à l'envers, les acteurs ayant appris à parler
à l'envers. C'est pour ça que leurs mouvements paraissent si étranges, ainsi que leurs voix. Je trouve que le procédé relève du génie. C'est vraiment une idée de dingue qui donne un gros bonus à
la série, c'est très dérangeant. Les 25 dernières minutes au coeur de la Black Lodge (ou quoi que ce soit) sont prenantes, complètement folles, terrifiantes et j'adore ce genre de trucs qui
dépassent totalement la réalité en nous procurant des sentiments très bizarres. Et puis il est toujours aussi bon de répéter que
Kyle
MacLachan est un acteur vraiment dingue. J'ai hâte de voir les autres films de cet acteur qui me fascine et m'impressionne, et je commencerai d'ailleurs par
Twin Peaks (le film) qui parait-il éclaircit certains passages de la série.
Bref, j'ai dit tout ce que je voulais dire, je suis absolument fan de cette série et un peu déçu qu'elle ne contienne qu"un trentaine d'épisodes.
On s'attache rapidement aux personnages mais on les quitte malheureusement trop vite.