Parmi ces 5 films, aucun ne rejoindra mon top 300. J'ai cependant eu quelques belles surprises cette semaine avec la découverte d'un film français culte que je n'avais encore jamais vu, et d'une actrice incroyable que je ne connaissais pas.
The Discovery (Charlie McDowell, 2017)
Ayant une fascination pour le jeu de Rooney Mara depuis A Ghost Story, et une passion pour les thématiques abordées dans ce film, je me suis lancé dans The Discovery avec beaucoup d'envie. L'idée est simple et géniale à la fois : un homme prouve, par l'intermédiaire d'expériences, qu'il y a une vie après la mort. Après cette grande découverte, les êtres humains ont une nouvelle approche de la mort et des vagues de suicides apparaissent.
Le film contient des éléments réellement fascinants, mais ce n'est malheureusement pas du tout à la hauteur de ce que j'imaginais. Je trouve dingue d'avoir un tel sujet (en or !) entre les mains, et d'en faire ça. Encore une fois, et comme très souvent, une histoire d'amour vient plomber un concept de base très intéressant. Ce besoin de vouloir à tout prix mettre les relations amoureuses au coeur de toutes les intrigues me lasse, surtout quand le film n'a au départ aucune nécessité d'en introduire une. The Discovery aurait pu être fascinant, intrigant, renversant même, s'il n'avait pas fait cette erreur. Car le sujet est magnifique et passionnant, et que Rooney Mara aurait pu, avec son jeu subtil et discret, en faire quelque chose de presque mystique. Mais non. Rooney Mara ne sert ici qu'à donner au personnage masculin (joué de manière assez fade par Jason Segel) une motivation amoureuse, et ses talents d'actrices s'en trouvent donc enfermés dans un registre qui n'était pas nécessaire. Mais pourquoi, BORDEL, alors qu'il y a des millions de choses passionnantes à imaginer avec un tel sujet de départ, se concentre-t-on sur des choses aussi insignifiantes ? Par ailleurs, on ne croit jamais à la complicité entre les deux personnages principaux. De même, Robert Redford n'est pas du tout adapté pour ce rôle et je n'ai absolument pas compris ce choix de casting. Il est rarement juste dans son personnage, parfois même complètement à côté de la plaque en terme d'interprétation. Bref, le film n'est aidé ni par son casting masculin, ni par l'évolution de son intrigue.
Il y a de belles idées, pourtant. La fin du film est plutôt réussie, avec notamment cette histoire de deuil dissimulé - c'est d'ailleurs l'une des seules séquences où le visage de Mara permet enfin de donner une profondeur magnifique à son personnage - ainsi que des images époustouflantes de beauté. J'ai également adoré (réellement adoré) toutes les séquences où l'au-delà est filmé sur un moniteur. Ces scènes sont incroyables en terme d'ambiance, parfois immersives, avec un visuel extrêmement réussi. Il y a de la nostalgie, de la tristesse, de la magie. J'ai ressenti des choses incroyables devant ces images, tantôt effrayantes, tantôt mystérieuses. J'en ai même eu quelques frissons, moi-même happé par celles-ci, comme si elles étaient réelles et que je voyais moi aussi l'au-delà pour la première fois. Pour ça, le film parvient à réaliser un petit tour de force. Quel dommage que le film n'ait pas poussé plus loin ces idées et qu'il emprunte d'autres chemins à base de boucle temporelle assez inintéressante !
Pour résumer, The Discovery a une idée de départ folle et, quand on voit ce qu'il est capable de produire par moments (les séquences de souvenirs / rêves sur le moniteur), je me dis qu'il aurait pu être un monument de tristesse, de nostalgie et de mystère. Malheureusement, le film se concentre davantage sur une histoire d'amour complètement absurde et à laquelle il est difficile de croire. Alors que les choses montrées en milieu de film devraient faire l'objet d'une affaire mondiale et universelle, le film préfère s'en servir pour traiter un cas particulier... C'est extrêmement décevant. The Discovery aurait donc pu être un grand film inoubliable, mais il fait trop de mauvais choix et n'ose pas suffisamment s'engouffrer dans son sujet passionnant.
Un éléphant, ça trompe énormément (Yves Robert, 1976)
Il m'a fallu 45 ans pour découvrir ce film dont j'entends parler depuis si longtemps, et j'en suis ressorti ravi. Cette comédie française est irrésistible, notamment grâce au talent des 4 comédiens "légendaires" qui le composent. Un éléphant, ça trompe énormément est épatant car il m'a surpris à de nombreuses reprises, moi qui m'attendais à une banale comédie sans trop de finesse. Le quatuor marche à merveille et chacun des acteurs s'en sort parfaitement à sa manière. Victor Lanoux en brute de décoffrage un peu "nounours", Guy Bedos en hypocondriaque un peu je-m'en-foutiste, Claude Brasseur en pote loyal. Et bien sûr, Jean Rochefort. L'acteur est au centre du film, notamment en tant que narrateur avec son phrasé unique. Il est délicieux d'un bout à l'autre.
Le film, s'il reste une comédie, adopte un ton particulier qui le rend différent de toute autre comédie. Avec sa légèreté, sa réalisation plutôt originale, et sans un seul gag forcé, Un éléphant ça trompe énormément est un enchaînement de scènes absurdes, drôles ou inattendues, et je me suis laissé embarqué tout en finesse sans m'ennuyer un seul instant, jusqu'à un final d'une drôlerie savoureuse. A voir au moins une fois, ne serait-ce que pour voir ces 4 acteurs mythiques se donner la réplique et former une bande de potes quarantenaires très attachants. D'autant plus touchant, maintenant que ces légendes du cinéma français ne sont plus parmi nous...
Nous irons tous au paradis (Yves Robert, 1977)
La suite d'Un éléphant, ça trompe énormément est toute aussi légère et agréable à suivre que le premier volet. Poursuivre les aventures de ces quatre amis est un vrai régal, même si le film possède à mon goût moins d'idées que son prédécesseur. Certes, regarder Nous irons tous au paradis est un délice et le temps passe vite ; l'humour est toujours au rendez-vous et les personnages sont irrésistibles. Une certaine profondeur est également amenée avec l'introduction de la mort dans la vie de l'un d'entre eux. Mais ça ne suffit pas, à mon goût, pour atteindre le niveau du premier film. Dans ce volet, on ne se concentre plus sur le personnage de Jean Rochefort, et je trouve que ça perd en saveur car, finalement, aucun des trois autres personnages n'est véritablement creusé non plus. Bref, c'est dommage, mais ça n'en fait pas une mauvaise suite.
La vie scolaire (Grand Corps Malade et Mehdi Idir, 2020)
C'est mon premier film de Grand Corps Malade, n'ayant pas encore découvert Patients dont je n'entends que du bien depuis des années. Etant enseignant, La vie scolaire m'a obligatoirement intéressé et j'en sors avec un sentiment mitigé. Commençons par le point négatif (et pas des moindres) : les personnages. L'ensemble des personnages (et même des situations présentées pendant tout le film) est une énorme caricature. C'est terriblement gênant, car chaque personnage semble être caractérisé par un seul adjectif / une seule particularité, et ils en perdent finalement en crédibilité. Bien que le film m'ait plu sous certains aspects, j'ai trouvé regrettable qu'aucun personnage ne soit réellement nuancé - à part peut-être l'élève autour duquel est centrée l'intrigue. Les professeurs sont caricaturaux (que dire du professeur de musique qui ferait presque penser au prof de maths ridiculisé dans Le péril jeune ? C'est grotesque), les assistants d'éducation (pions) sont caricaturaux et n'ont aucune autre personnalité que de faire les cons sans arrêt. Même les élèves (et c'est un comble pour ce film qui vise à livrer un message) sont peu crédibles ou dignes d'intérêt. Les relations humaines censées être au coeur de La vie scolaire sont très mal dépeintes et j'ai été vraiment déçu du manque de nuance ou de profondeur. Finalement, on retient peu de choses en sortant de La vie scolaire, à part une morale un peu con-con et recyclée d'Esprits Rebelles. On entend même la chanson "Gangsta's Paradise" à la fin, au cas où le spectateur idiot n'aurait pas compris la référence.
A part ces points négatifs, quelques points positifs sont néanmoins à souligner (et pas des moindres non plus). Premièrement, la réalisation est incroyable. Deux ou trois fois, j'ai été époustouflé par des plans-séquences d'une beauté et d'une maîtrise remarquables. Parfois, la caméra passe de personnages en personnages avec une grande fluidité, offrant une ambiance sublime qui n'aurait pas été rendue par un montage plus dynamique. La scène de l'accident, notamment, est très réussie d'un point de vue réalisation. Scénaristiquement, j'ai trouvé ça raté et très attendu, mais visuellement, la scène est incroyable. La caméra suit le personnage de Yanis, en effectuant un superbe travelling, en tournant autour, elle ne le lâche pas jusqu'à un gros plan vertigineux et la scène se conclut par un regard-caméra mémorable. On peut également citer toutes les séquences qui mettent en parallèle la vie des élèves et la vie de l'équipe éducative. Le générique d'introduction, pour commencer, utilise un split-screen particulièrement malin, montrant de manière symétrique la préparation matinale d'un élève et de la CPE. Le ton est tout de suite posé : ces personnages que tout oppose au sein de l'établissement scolaire ont pourtant les mêmes routines en-dehors de ce cadre. La séquence des "soirées" est également virtuose, les transitions sont réussies et il en ressort le même constat : montrer que la coupure sociale entre élèves et adultes au sein d'un collège est, en quelques sortes, incompréhensible.
Et puis, il y a Zita Hanrot. Et là, je dois dire que ma surprise a été immense car je ne connaissais pas cette actrice, mais qu'elle m'a bluffé du début à la fin. Eblouissante, elle illumine chaque scène ; à la fois drôle, stricte, émouvante, toujours juste. Son personnage, contrairement à tous ceux qui gravitent autour, est très bien écrit et interprété, tout en nuance et en finesse. Zita Hanrot est incroyable et son interprétation m'a laissé bouche bée. On ressent réellement l'investissement de son personnage dans cette vie scolaire et, pour le coup, elle est totalement crédible. Ses apparitions effacent celles de tous les autres comédiens, et le choix d'en faire finalement le personnage principal du film est judicieux. J'espère découvrir cette actrice ailleurs car son potentiel me parait dingue.
En conclusion, La vie scolaire est surtout porté par deux acteurs intéressants (Zita Hanrot et Liam Pierron) et quelques fulgurances de réalisation, avec une certaine maîtrise de la caméra. Malheureusement, tous les autres personnages sont éclipsés à cause de leurs traits caricaturaux et le propos du film - très niais et sans grande originalité - en font un film assez oubliable.
John Wick (David Leitch, 2014)
Immense déception. J'ai l'impression que la saga John Wick est unanimement appréciée et, pour ma part, je n'en ai pas compris les raisons. Je vais commencer par ce qui m'a plu, et ce sera rapide puisqu'il s'agit tout simplement des 10 premières minutes. J'ai adoré la façon avec laquelle l'intrigue nous est présentée. Tous les éléments sont mis en place rapidement à l'aide d'astucieux flashbacks, et je me suis mis immédiatement dans l'ambiance. Ces premières minutes sont incroyablement maîtrisées et l'émotion est même au rendez-vous alors même qu'on ne sait rien du personnage. J'ai trouvé toute cette introduction fabuleuse, et il n'y a à mon goût rien à y changer. Le retour de Keanu Reeves est jouissif, surtout pour moi qui ai toujours adoré et défendu cet acteur, bien qu'il ait été qualifié de "fade" et "inexpressif" pendant des années.
Après ces 10 minutes, le film est sans intérêt. On tombe dans le classique film d'action débile à la Jason Bourne (et j'apprécie pourtant la saga avec Matt Damon, preuve que ce genre d'intrigues peuvent parfois m'intéresser) : un mec que personne ne peut buter, qui sait tout faire et qu'il ne faut pas emmerder. Je trouve le principe tellement con que, lorsque j'ai compris où ça allait vraiment, j'ai bien failli couper. Heureusement, la qualité des scènes d'action et de combat m'a fait rester et c'est, je dois bien l'admettre, la seule qualité de ces séquences d'action : elles sont parfaitement lisibles et bien chorégraphiées. On a affaire à des séquences nettes, compréhensibles, parfois belles. Mais à part ça, John Wick n'a rien à dire et il y a peu de surprises. C'est l'histoire d'un mec qui ne faisait chier personne, mais qu'il ne fallait pas faire chier. La cerise sur le gâteau : l'ennemi du personnage principal n'est autre que la pègre russe, éternelle resucée des films des années 90. C'est extrêmement lassant. Sans compter les personnages totalement inutiles et dont on ne comprend pas les motivations (sérieusement, à quoi sert Adrianne Palicki dans ce film ?). Bref, je m'arrête là car John Wick est dénué d'intérêt et ne propose absolument rien de nouveau.
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