Films en vrac #5 - Quelques déceptions

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

      Parmi les films que j'ai découverts récemment, voici cinq déceptions amères ; des films qui ne sont pas à la hauteur de leur idée de départ pourtant géniale. Je vous présente : une pâle copie de Terrence Malick, un thème passionnant dans un film qui ne l'est pas, un échec digne de The Box, une inception littéraire, et une science-fiction qu'il s'oublie plus vite qu'elle ne se voit.

 

     Sous l'aile des anges   (A.J. Edwards, 2014) 

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

      Des films présentés dans cet article, c'est celui que j'affectionne le plus, car il est clairement loin d'être raté. Si vous êtes en manque de Terrence Malick et notamment de films comme The Tree of Life, alors The Better Angels vous plaira forcément. Il aurait dû me plaire, il aurait même dû me combler ! Mais, même s'il est visuellement magnifique, il m'est impossible de ne pas être déçu. En effet, Sous l'aile des anges a tout pour être une merveille : le casting féminin est somptueux (Diane Kruger, Brit Marling) et les images sont dingues. C'est bien simple : on a l'impression d'être devant un Terrence Malick, et pour cause : le réalisateur de ce film n'est autre que A.J. Edwards, le chef monteur ayant travaillé avec Malick sur The Tree of Life et A la merveille. Deux films qui resteront à jamais gravés sur ma rétine et dans mon coeur. Il n'y a rien à dire sur les images, ce sont probablement les plus beaux plans que j'ai vus cette année, et le choix du noir et blanc est excellent. Le ton de ce film est une pure réussite, avec un grain tout particulier qui donne au film un côté unique, ou presque. Presque, car à part ce choix du noir et blanc, Sous l'aile des anges ne semble être qu'une resucée de tous les plans chers à Terrence Malick, et c'est là que le bât blesse. Tout y passe : les contre-plongées sur les arbres, la lumière dans les feuilles, le bruit de la rivière qui coule, les personnages (notamment féminins) qui dansent dans la forêt, les chuchotements, les voix-off qui semblent s'adresser à l'au-delà, la figure paternelle trop sévère. Tout le film est une parfaite copie des précédents travaux de Terrence Malick, et A.J. Edwards ne parvient jamais à s'en démarquer. Cette sensation de plagiat est si forte, si présente, que c'en est gênant, au bout d'un moment.

 

       J'ai donc un avis très mitigé sur Sous l'aile des anges, car si le générique avait annoncé Terrence Malick au lieu de A.J. Edwards comme réalisateur, ce film aurait sûrement été l'une de mes plus belles découvertes de l'année. L'émotion des personnages est palpable, le visuel est époustouflant, le casting est hors concours. Mais tout ceci n'est pas honnête. C'est comme une reproduction de tableau. Même si on vous montre une copie à l'identique de La Joconde, si parfaite qu'il est impossible de la distinguer de l'original, vous préférerez toujours la version qui porte la signature de Leonard de Vinci. Peut-être mon avis est-il sévère, mais c'est comme ça que je l'ai ressenti, et j'en suis triste. Qui plus est, je ne sais pas si c'est parce que j'ai loupé quelque chose, mais si je n'avais pas regardé la fiche du film après l'avoir vu, je n'aurais jamais su qu'il traitait de l'enfance d'Abraham Lincoln. Bref, j'en sors déçu, malgré la beauté indéniable de l'objet cinématographique.

 

     Experimenter   (Michael Almereyda, 2015) 

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

       On entame à présent mes réelles déceptions, avec Experimenter. Voilà un sujet passionnant, et il est clair que j'ai eu envie de voir le film dès que j'ai posé mes yeux sur le synopsis, puisqu'il traite des expériences de Stanley Milgram. Ayant découvert ces expériences - qui tentent d'observer le comportement de l'être humain face à l'autorité - il y a une dizaine d'années avec le film Compliance, je suis passionné par Milgram depuis longtemps. Compliance est une pépite quasiment inconnue qui m'avait laissé à terre. Un petit choc inoubliable que je ne cesse de recommander à tous les cinéphiles (j'en avais fait un article par ici).

 

      Experimenter, par contre, est complètement raté. Au lieu de se servir des expériences de Milgram comme ressort scénaristique de son film comme l'avait fait Craig Zobel, Michael Almereyda fait la grave erreur de réaliser ce que j'appellerais un film-Wikipédia. Experimenter n'est qu'une succession d'informations balancées au spectateur via le personnage principal - Stanley Milgram lui-même - et le cinéaste oublie totalement qu'on attend autre chose d'un tel film. C'est chiant, vraiment très chiant, et la façon avec laquelle nous sont présentées toutes les expériences a fini par m'ennuyer profondément. Le film est très, très bavard, et consiste essentiellement à faire parler le personnage principal face caméra, s'adressant au spectateur pour lui expliquer tout le travail réalisé par Milgram dans les années 60. Pour quiconque n'ayant jamais entendu parler des expériences de Milgram, il y aura forcément une sorte de fascination pour ces éléments explicatifs. Mais pour les autres, le film ne sera rien d'autre qu'un étalage barbant d'informations qu'on peut se procurer sur Wikipédia. C'est dommage, réellement, notamment parce que Wynona Ryder illumine le film de sa présence. Chacune de ses interventions est excellente et je trouve malheureux qu'une telle actrice, avec tant de talent, soit reléguée à des films comme ceux-ci. Bref, une grosse déception.

 

     The Room   (Christian Volckman, 2019) 

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

       Une fois de plus, on a affaire à une idée brillante, qui donne vraiment envie. Un couple s'installe dans une vieille maison et découvre une pièce qui leur permet de réaliser tous leurs désirs : il leur suffit de demander un objet pour qu'il y apparaisse par magie. Que vont-ils faire de ce pouvoir ?

 

      Malheureusement, et même si la première demi-heure intrigue, c'est sans surprise que The Room ne parvient pas à traiter correctement son sujet sur la longueur, devenant un grand n'importe quoi qui tourne même au ridicule sur la fin. J'ai arrêté de compter le nombre hallucinant d'incohérences que comporte The Room, film complètement raté et jamais logique dans sa logique. Il n'est par exemple pas normal que le personnage masculin sorte de la maison, qu'on lui fasse remarquer qu'il porte des vêtements hors de prix (gagnés dans La Chambre), puis qu'on apprenne plus tard qu'en fait, les objets s'évaporent s'ils sortent de la maison. La fin du film, je n'en parle même pas. The Room se transforme en "chasse à l'homme" complètement stupide au sein de la chambre, où les personnages oublient subitement qu'ils peuvent y faire absolument tout ce qu'ils veulent. C'est d'un con, je vous jure ! En fait, il est facile de faire le parallèle entre The Room et The Box, sorti 10 ans plus tôt. Ces films sont identiques : ils ont exactement la même idée de départ (un truc qui - on ne sait pas pourquoi ! - permet à un couple de réaliser tous leurs voeux), et ne parviennent pas à exploiter efficacement cette idée. On peut même pousser l'analogie jusqu'aux actrices principales de ces deux films (respectivement Olga Kurylenko et Cameron Diaz), qui sont terriblement fades et absolument pas impliquées dans leurs rôles. Je ne parle même pas de Kevin Janssens qui est extrêmement mauvais du début à la fin. Bref, passez votre chemin : The Room est sans intérêt.

 

     The Words   (Brian Klugman et Lee Sternthal, 2012) 

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

        Ma critique sera très rapide. Elle sera un vestige de ce que j'ai pensé du film, quelques jours avant que je l'aie totalement oublié. The Words part également d'une idée intéressante : un écrivain sans succès trouve par hasard un vieux récit autobiographique dans une sacoche ancienne. Sans scrupule, il le recopie mot pour mot et fait croire qu'il l'a écrit. Le roman devient alors un gigantesque succès.

 

      The Words n'est pas raté tant que ça, car son scénario reste quand même intéressant du début à la fin. La conclusion du film, relativement inattendue, nous offre un scénario à la Christopher Nolan plutôt bien géré. Malheureusement, le film ne sait pas toujours quoi raconter, et c'est bien triste, car on finit par s'emmerder royalement. Certes, le casting est plutôt cool ; Bradley Cooper s'en sort à merveille, ça fait également plaisir de voir Jeremy Irons, Olivia Wilde et J.K. Simmons même si aucun d'entre eux n'est utilisé à sa juste valeur. Parmi les points positifs, je citerai également la relation entre les deux personnages principaux (Rory et Dora) qui ne tombe pas dans le cliché qu'on aurait pu craindre.

 

     Mais à part ça, le film s'engouffre dans des monologues / voix-off inutiles et rébarbatives, et il n'atteint jamais l'émotion qu'il souhaiterait communiquer. Toute l'histoire à Paris est fade et chiante au possible, on ne saisit jamais pourquoi ce fichu livre a pu être un tel succès avec une histoire aussi insipide. Je pense que le film fait une énorme erreur en voulant nous la raconter, car elle ne présente strictement aucun intérêt. Bref, encore un film qui manque d'originalité, de créativité, et qui, finalement, ne raconte pas grand-chose.

 

     Renaissances   (Tarsem Singh, 2015) 

Films en vrac #5 - Quelques déceptions

          Et on continue avec les films "à pitch" : ces films qui possèdent une idée de départ géniale mais dont les scénaristes et réalisateurs ne savent pas quoi foutre. Ne voyez pas Renaissances car il n'a, à mon goût, aucun intérêt. Le postulat de base est assez ludique : on propose à un homme sur le point de mourir une technique révolutionnaire lui permettant de réinjecter son âme dans un nouveau corps. Malheureusement, à part cette simple idée, le film tombe dans tous les travers possibles et imaginables. Pas aidé par son casting (le fade Ryan Reynolds peine à convaincre), Renaissances ne présente rien de nouveau. On suit l'histoire sans être jamais surpris, et tous les éléments mis en place au début du film se recollent exactement comme on le pensait, sans jamais parvenir à nous tenir en haleine.

 

       45 minutes avant la fin du film, j'avais déjà deviné avec une certaine précision comment chaque arc narratif allait se conclure. Bref, un film mou, attendu, oubliable. Zappez.

 

 

 

 

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