Alerte spoiler. Cet article va raconter l'une des scènes importantes du film et, si vous ne l'avez pas vu (déjà : pourquoi ?), je vous déconseille de lire ce qui va suivre.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé de "scènes de films" sur ce blog. C'était pourtant, à la base, le but de ce blog : parler d'émotion. La scène de la tour est l'une des plus belles scènes que j'ai vu cette année (elle sera inévitablement dans le classement des "meilleures scènes" que je ferai fin décembre), mais aussi l'une des plus réussies de l'univers Kaamelott. Rien que ça.
Alors c'est parti, je commence à spoiler et si le lecteur qui n'a pas vu le film continue sa lecture, et bah...
Kaamelott : Premier volet présente deux scènes dans cette fameuse tour. La première a plutôt une vocation humoristique et, j'en parlais dans mon article sur le film, c'est à mon goût cette scène qui marque le tournant du film vers un retour aux sources. C'est réellement à partir de ce moment que Kaamelott redevient Kaamelott : avec ses situations absurdes, ses personnages aux caractères bien définis, son humour particulier grâce notamment au phrasé d'Alexandre Astier.
Cependant, c'est bien de la deuxième scène dont je veux parler dans cet article, celle qui a remué le cerveau et les tripes de tant de spectateurs, dont moi. C'est simple, je trouve cette séquence absolument parfaite. Tout d'abord, c'est bien évidemment la musique qui titille l'émotion. Arthur à la tour est certainement la plus belle composition d'Alexandre Astier et colle à merveille aux "vraies" retrouvailles (et plus si affinités) entre Guenièvre et Arthur. Cette musique, je me la repasse régulièrement et son effet est toujours le même : l'émotion monte très fort et très vite quand je repense à tout ce que cet événement implique pour la suite de l'aventure. Vous pouvez la réécouter ci-dessous :
Mis à part cet accompagnement musical qui parvient à donner le ton de la scène, dramatique et intense, la scène de la tour est une merveille car elle m'a saisi de surprise. Je me revois encore dans la salle de cinéma, voyant Arthur escalader au ralenti au rythme de la musique, et comprendre ce qui était en train de se dérouler sous mes yeux. Je n'avais pas ressenti une telle chose depuis longtemps.
Le contexte, bien entendu, est primordial pour cette séquence, et bon sang... quelle intelligence ! Depuis 2004, on nous présente un roi Arthur détestable à l'égard de sa femme Guenièvre. Une absence d'amour, une haine même, parfois. Et face à lui, une femme parfois cruche et niaise, mais sincère, incroyablement loyale et adorable. Le spectateur, s'il rit au début du traitement infligé à Guenièvre par Arthur (parce que c'est un gimmick de la série et qu'il y reconnait parfois lui-même un schéma de couple assez récurrent), finira petit à petit par y voir une romance tragique, et c'est là tout le génie de cette relation fictive. Alexandre Astier a su aller au-delà de la relation un peu clichée des premières saisons, où elle ne servait de prétexte qu'à faire des sketches. Dès le livre V, on sent que cette relation très complexe entre Arthur et Guenièvre va prendre de l'ampleur et sombrer dans la tragédie amoureuse. Car Guenièvre, elle, est amoureuse.
On apprend à connaître Guenièvre, on partage ses angoisses, on remarque ses valeurs, et il devient finalement de plus en plus insupportable de la voir méprisée. On apprend également les raisons pour lesquelles Arthur la néglige. Tout ceci, jusqu'à la fin du livre VI, ajoute une dimension supplémentaire à ce couple qui sort de l'ordinaire. Après 10 années à voir et revoir les épisodes, on sait tout de leur relation et on n'a qu'une envie : qu'Arthur apprenne à s'aimer lui-même afin de pouvoir apprendre à aimer Guenièvre.
Cette scène n'est pas une scène d'amour banale ; elle effectue un basculement extraordinaire dans cette relation pseudo-amoureuse et, pour un adepte de l'univers Kaamelott comme moi, l'émotion est extrêmement forte face à cette démonstration d'amour d'Arthur. Cette séquence montre notre héros devenir LE héros. Arthur prend enfin la posture de "prince charmant", celui des contes pour enfants qui sauve la reine piégée en haut d'une tour. Il assume ce qu'il est, comme pour nous dire "finies les conneries !". J'étais ému aux larmes devant toute cette séquence, que ce soit via les jeux de regards comme la réalisation très soignée (l'ombre d'Arthur qui se projette sur l'autre façade lorsqu'il grimpe, les plans en plongée ou contre-plongée, la lumière absolument sublime des torches, ou encore ces prises de vue de la tour sous le ciel étoilé).
Emotion encore, lorsqu'on lit à travers les yeux de Guenièvre sa surprise, son air abasourdi, son mouvement de recul lorsqu'Arthur apparaît et, surtout, sa sensation d'être enfin considérée par celui qu'elle aime loyalement depuis toujours. Ça fait un bien fou à voir ! Guenièvre a enfin ce qu'elle mérite et je raffole de cette connexion établie entre les deux personnages. On sent qu'à partir de cet instant, les deux ne pourront plus se séparer.
Et puis, pour continuer, la posture d'Arthur lorsqu'il parvient au sommet de la tour est très importante et m'a ému de plus belle. Ce n'est pas un personnage triomphant qui se hisse au sommet. C'est un personnage encore faible, triste et redevable, qui porte le poids de ses innombrables erreurs. Arthur est fatigué, las, mais son envie de gravir la tour a été plus forte. Pour lui, c'est une épreuve à tous les niveaux : pour la première fois, il doit faire un effort afin de redevenir un homme respectable et respecté. C'est merveilleux. Vraiment, cette scène est merveilleuse. C'est à en pleurer.
La fin de la séquence, qui offre par ailleurs les plus belles notes de la musique Arthur à la tour, nous montre un Arthur qui se redresse et assume enfin pleinement ses responsabilités. Il remet son vêtement en place et s'approche de Guenièvre dans un échange de regards somptueux. Le héros est de retour, il a pris conscience de l'amour qu'il porte finalement à cette femme qu'il a toujours ignorée. Il doit la reconquérir avant de reconquérir le trône, et c'est ce qu'il fait à travers l'un des baisers les plus mythiques du cinéma de ces dernières années. On ne saura pas si le mariage sera finalement consommé à ce moment, et tant mieux. Alexandre Astier a l'intelligence et la discrétion de couper la scène à ce moment, scellant pour de bon cette nouvelle union.
Bref, rien que de repenser à cette scène, j'en ai des frissons. Il fallait vraiment que je l'évoque sur ce blog car elle m'a transmis un nombre incalculable d'émotions et d'ondes positives. J'aime Kaamelott et le chemin qu'emprunte cette épopée. Vivement la suite...
Vous pouvez revoir la scène dans la vidéo ci-dessous.
Vous pouvez également lire l'article complet sur le film Kaamelott : Premier Volet en cliquant par ici.