Naked - de Mike Leigh (2) - Critique

Naked - de Mike Leigh (2) - Critique

      Voici une participation très audacieuse de Sami pour le jeu "Gagne un DVD", puisque ce film de Mike Leigh est un drame extrêmement noir et, il faut bien le dire, peu agréable à visionner. Naked ne fait pas partie du genre de cinéma que j'ai l'habitude de découvrir et, sans ce concours, il est probable que je ne m'y serais jamais intéressé. Cependant, même si le film ne sera pas pour moi un gros coup de coeur, je l'ai trouvé fascinant sous bien des aspects, voire entêtant. Merci donc, Sami, pour cette découverte qui m'a sorti de mes sentiers battus.

Tags Critique analyse explication du film

Naked - de Mike Leigh (2) - Critique

      Naked a surtout été pour moi le plaisir de découvrir David Thewlis dans un autre rôle que celui de Remus Lupin et il faut dire que l'acteur est ici époustouflant. Son personnage, à mi-chemin entre un paumé violent et un penseur excentrique, est unique en son genre et le comédien lui donne une aura phénoménale. Avec ses mimiques, sa manière de parler, Thewlis donne une incroyable personnalité à Johnny, ce qui m'a globalement empêché de m'ennuyer devant ce film à mon avis bien trop long (plus de deux heures).

Naked - de Mike Leigh (2) - Critique

      J'ai particulièrement apprécié l'atmosphère de Naked, qui côtoie le sombre et le glauque tout en s'octroyant des scènes de discussion parfois très intéressantes ou amusantes. Sami m'avait décrit le film comme une sorte de mélange Requiem for a dream / My dinner with André et je trouve que c'est un parfait résumé de ce à quoi j'ai assisté (même si je n'ai jamais vu le deuxième, j'en visualise très bien l'ambiance et l'idée). Tout dans Naked semble insupportable à regarder et à suivre ; les personnages sont sales et sans avenir, les cadres sont froids, les situations sont déprimantes ou dégueulasses. Tout ceci donne un sacré caractère au film, les personnages évoluant généralement dans des décors désagréables comme les bas-fonds de Londres ou des appartements délabrés. Les personnages eux-mêmes semblent vivre minute après minute dans l'inconfort le plus total, inconfort qui est transmis au spectateur.

Naked - de Mike Leigh (2) - Critique
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       Je salue donc l'atmosphère du film, et j'y ajoute même la musique qui est clairement obsédante. Cette succession de notes, qui traverse le film et revient régulièrement nous hanter, a un côté sacrément entêtant, et j'ai trouvé cette ambiance sonore très percutante. Le retour de cette musique sur le plan final donne un plan de conclusion assez mémorable et j'ai fortement apprécié le côté déprimant et fataliste de ce dénouement.

 

      Cependant, et c'est là que vient à mon goût le gros point noir de Naked, je n'ai pas apprécié les thèmes abordés par le film. Soit parce que je n'y suis pas sensible, soit parce que je n'y adhère pas. Naked a eu à peu près le même effet sur moi qu'un Mean Streets que j'avais détesté à l'époque : lorsque je hais tous les personnages, j'ai beaucoup de mal à tirer un quelconque plaisir de mon visionnage. Même si j'ai apprécié certaines caractéristiques, notamment l'ambiance un peu "irish" grâce à l'accent très prononcé (et génial) de tous les protagonistes, j'ai trouvé que Naked allait trop loin dans la misère et la violence.

 

       Par exemple, mettre ainsi constamment en scène la violence contre les femmes me dérange lorsque celle-ci n'est pas contrebalancée derrière par autre chose. J'ai le sentiment que Mike Leigh nous montre de la violence pour nous montrer de la violence, sans spécialement donner de point de vue sur le sujet. Le personnage joué par Greg Cruttwell, absolument odieux, n'a pour moi aucun intérêt dans ce film. Il n'apporte rien d'autre qu'une violence gratuite à laquelle je ne suis pas sensible, d'autant qu'elle n'a aucune finalité ici.

Naked - de Mike Leigh (2) - Critique

       Pour conclure, j'ai été marqué assez fortement par l'atmosphère sombre du film, notamment par la musique et les décors poisseux. Par contre, je n'ai jamais eu d'empathie pour les personnages que j'ai tous trouvés pitoyables ou détestables et c'est malheureusement un point capital pour me faire apprécier un film pleinement. Je sais que parfois, cet aspect est une démarche volontaire de cinéaste, et je ne doute pas que ce soit le cas pour Naked. Je n'y suis juste pas très sensible. Merci à Sami pour cette découverte, en tout cas, car ça fait du bien parfois de s'écarter complètement de nos habitudes.

 

 

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S
Merci à toi d'avoir prit le temps de découvrir ce film. C'était une proposition qui je savais ne serait pas forcément celle qui ferrait l'hunamité mais je tenais à te faire découvrir ce film qui à été pour moi un véritable choc. Les dialogues incessant, l'ambiance poisseuse, les performances des acteurs. Cela m'a complètement retourner et questionner. En remettant le film dans son contexte de l'avant année 2000, on peux se rendre compte qu'il fait appel à la peur et au cynisme de l'époque qui nous attend, d'une génération désespéré qui n'y croit plus et qui se contente de survivre. Il fait également allusion, à travers le très drôle personnage interprété par Ewen Bremmer , le gouvernement de Margaret Thatcher. Ce film est pour moi un véritable appel à l'aide d'une génération qui ne sait plus ce qui l'attend et dont on lui à mentit à répétition. Ils ne leur restent plus que le cynisme pour affronter le monde. <br /> <br /> Je comprends d'ailleurs ton point de vue, surtout sur le ton froid du film et parfois presque trop misérable jusqu'a l'excès mais je l'interprète comme une représentation d'un état d'esprit plus qu'une véritable représentation de l'Angleterre ( Manchester). Je comprends également que l'on n'arrive pas à s'attacher au personnage principal qui est odieux, agressif, détestable sur de nombreux points. Je pense que j'arrive à non pas à le comprendre mais à avoir de l'empathie pour ce personnage dont la seule arme de défense est le cynisme et le nihilisme. <br /> <br /> Pour le personnage interprété par Greg Cruttwell, je comprends à nouveau ton point de vue et j'aurais du mal à le "contrecarré" car il est indéfendable. Je ne l'ai pas revu dernièrement et je ne saurais expliquer le pourquoi d'un tel personnage qui n'apporte finalement pas grand chose comme tu le soulignes. <br /> <br /> C'est pour moi un film qui à reçu rentrer dans mon top 10 qui n'avait plus bougé depuis des années. Je pense que ce sont surtout les principaux arguments que je t'ai partagé ( qui reste des interprétations personnelles) qui l'ont hissé un peu plus et confirmé sa place comme l'un de mes coups de coeurs. Merci à nouveau pour ton retour et ton analyse et il me tarde de lire les articles que tu écriras sur les autres films de la sélections.
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S
Merci encore pour la découverte car j'ai quand même globalement apprécié ce visionnage et je comprends tout à fait les qualités que tu défends. D'ailleurs entre hier et aujourd'hui certaines séquences me sont revenues en tête. Je crois donc que le film m'a marqué de manière assez durable même si je déplore toujours certains choix de Mike Leigh. <br /> <br /> David Thewlis est tout de même incroyable du début à la fin.